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Hypercars hybrides et hypercommunication

Des hypercars et une communication aléatoire sur le graal des RP: les temps au Ring.

2013 restera dans les annales comme une année faste pour l’automobile d’exception. Un millésime où trois des plus grands ou prestigieux constructeurs annoncent ou lancent sur le marché en même temps des hypercars. Elles sont toutes trois hybrides, époustouflantes à leur manière, et évidemment très chères (plus d’un million de CHF).

La Porsche 918 Spyder a déjà été présentée sous forme de concept en 2010, et atteint sa définition finale et la commercialisation. La McLaren P1 a été dévoilée au salon de Paris 2012, l’automne 2013 la voit également passer le stade de la commercialisation et des premières livraisons aux clients. Ferrari a présenté au salon de Genève 2013 la LaFerrari, la finalisation de son développement est en cours. L’entreprise d’un tel projet par un constructeur de pointe est à célébrer, mais lorsque les astres s’alignent pour faire converger trois projets de cet acabit dans la même fenêtre temporelle, la compétition s’aiguise.

mclaren-p1-02 Ferrari LaFerrari Prototyp 918 Spyder

Une compétition féroce pour une clientèle finie, au pouvoir d’achat discrétionaire très élevé. Une clientèle en quête d’excellence et de rareté, un attribut en contradiction directe avec les volumes nécessaires à l’ammortissement de coûts de développement faramineux. Ferrari annonce d’emblée en mars 2013 que les 499 exemplaires de LaFerrari seraient vendus. McLaren finit par signer 375 clients pour la P1 en Novembre. Quant à Porsche, plus de la moitié des 918 918 Spyder auraient trouvé preneur. Il faut vendre. Il faut également exploiter toutes les retombées possibles de ces formidables locomotives sur la marque. Un des outils à disposition est la publication de temps au tour sur la boucle nord du Nürburgring, la très (trop pour certains) fameuse Nordschleife, utilisée sans vergogne par la quasi totalité des grands constructeurs pour la promotion de leurs modèles sportifs. Avec des nuances de taille et quelques libertés qui oscillent entre l’imprécision et la manipulation d’opinion.

Porsche avait annoncé un temps de moins de 7’30” pour la 918 Spyder lors de la présentation du concept en 2010. En mai 2013, la présentation du modèle définitif s’accompagne d’une révision de ce temps à 7’14”. Le 11 Septembre 2013, Porsche publie un communiqué de presse annonçant que la 918 Spyder a battu son propre record en couvrant les 20.6 km de la Norschleife en 6’57”. Le communiqué est factuel, accompagné d’une vidéo de Marc Lieb, le pilote, accomplissant son tour. Le texte présente également la 918 comme le “premier véhicule globalement homologué”, une allusion presque maladroite à la concurrence directe avec Ferrari et McLaren.

A première vue, la communication de Porsche semble claire et sans détours. Un temps, une vidéo. Un examen un peu plus minitieux soulève toutefois quelques questions. La vidéo est vierge de toute incrustation de temps chronométré, de vitesse ou autres informations, alors que ces dispositifs sont disponibles à tout amateur. Porsche communique un temps sur 20.6 km alors qu’un tours complet de la Nordschleife mesure 20.83 km. Une explication est à chercher dans le fait que Porsche fait partie du groupe d’industriels qui loue en communauté la Nordschleife à l’année pour y faire ses essais. Les règles de l’industry pool imposent une vitesse réduite autour des anciens stands (la tribune 13), et racourcissent le tour à 20.6km. Pourtant, la vidéo de Marc Lieb a bien été enregistrée sur un tour lancé complet, avec une entrée sur la Nordschleife par l’accès dit des Touristenfahrten. Un visionnement au chronomètre est sans appel, Marc Lieb a bouclé le tour complet en 7’02”, et Porsche a choisi de communiquer un temps sur la distance réduite de 20.6km, résultant en un temps avantageux sous la barre symbolique des 7 minutes.

McLaren pour sa part semble avoir investi des moyens significatifs dans l’entreprise d’atteindre son objectif, réitéré par Ron Dennis au salon de Genève 2013, de moins de 7 minutes sur un tour de la Nordschleife. La presse spécialisée anglaise est conviée mais tout début novembre, patatras, Nick Trott, le rédacteur en chef d’Evo, divulgue le fait que McLaren refuse de communiquer le temps atteint par la P1 sur la Nordschleife. La nouvelle se répend sur la toile plus vite que la McLaren P1 n’accélère de 0 à 300 km/h, alimentant pléthore de théories sur les motivations de McLaren. Silence radio du côté de Woking.

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