Essai BMW M135i xDrive: ///Monopole
La BMW M135i xDrive jouit d’un monopole temporaire sur le segment des compactes intégrales sportives.
La BMW Série 1 était la seule compacte de son segment à avoir l’avantage – et le défaut dans des conditions hivernales sévères – d’être une propulsion. Le 13 Mai 2012, deux bonnes nouvelles tombent : une M135i est en préparation, et elle sera disponible en version xDrive ! Sept mois plus tard, nous en faisons l’essai.
La M135i est le deuxième modèle après la M550xD à porter le préfixe jusqu’ici exclusivement réservé aux modèles estampillés Motorsport. Un compromis indigne ou un juste milieu selon le point de vue, mais que BMW semble vouloir cultiver avec subtilité. Ainsi, M135i et M550xD appartiennent à leurs gammes respectives et ne sont pas éligibles pour les modèles ///M AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), soit M3, M5, M6, flanqués des deux SUVs X5M et X6M.
Les nuances se retrouvent dans le style. Le bouclier avant provient de la ligne M Performance mais les ailes ne sont pas anabolisées, et la face arrière conserve deux sages sorties d’échappement en lieu et place des quatre tubulures dardant d’un bouclier savamment sculpté. Cette hybridation – édulcoration diraient certains – semble répondre à un trou de segmentation face à la concurrence, avec Audi en tête et sa gamme S, tout en conservant intacte la différentiation des modèles M.
Notre M135i xDrive ressemble ainsi à une série 1 équipée du kit M, mais conserve par ailleurs les traits du modèle. Il n’y a guère que le badge de poupe pour trahir les aspirations polissonnes de l’auto. On aime ou pas, le dessin est sans nul doute polarisant, partageant les observateurs entre les fans de l’ancienne série 1 E80 et les adeptes de la nouvelle F20. Je fais partie de ces derniers, trouvant à la nouvelle l’élégance qui manquait à l’ancienne. A l’intérieur, l’habillage de tissus Hexagon/Alcantara anthracite est aussi agréable à l’œil qu’au toucher, sans doute le choix à faire pour s’économiser les 2380 CHF de l’infâme cuir Dakota. Je porte un jugement tout aussi sévère sur certains détails de finition secondaire, comme le choix des plastiques d’habillage des sièges et des parties inférieures de la planche de bord, ainsi que leurs ajustements. Des griefs qu’on peut malheureusement porter à l’ensemble de la gamme. Complaisance ou réduction des coûts, impossible à dire, mais l’écart avec la concurrence est manifeste. On se console avec un volant au cuir fin et à la jante caractéristiquement épaisse, et des interfaces agréables, des commandes iDrive aux divers contacteurs et commodos, francs et précis.
Petit bréviaire de la M135i. Primo, la version 5 portes coûte 1000 CHF de plus que le coupé 3 portes. Deuxio, la boîte manuelle à 6 rapports n’est disponible que sur la version propulsion, la transmission intégrale xDrive imposant derechef la boîte Steptronic. Tertio, la différence de prix entre propulsion et xDrive est de 5000 CHF, qui se partagent à raison de 3240 CHF pour la boîte et 1760 CHF pour la répartition du couple sur les roues avant. Conclusion : si on souhaite une transmission automatique, choisir la version xDrive est une évidence, du moins sous nos latitudes.
Si le traitement esthétique ne se démarque guère du reste de la gamme, il en va tout autrement dans le registre acoustique. Dès le démarrage, la note pleine et ronde du six cylindres emplit l’habitacle. C’est LA signature sensorielle de cette M135i, un son riche et chaud, présent du ralenti à la zone rouge, modulé dans un crescendo parfait au gré des harmoniques naturelles du trois litres turbocompressé. Charmant à faible régime, enthousiasmant à l’attaque, c’est sans nul doute un des aspects attachants du modèle. Il ravira les amateurs, avec un côté naturel et organique qui fait défaut aux systèmes ayant recours à la commutation de valves dans les marmites d’échappement. Le glorieux chant du six en ligne, version Bifidus actif, qui fait du bien tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ni agression ni effet de manche, juste une très belle sonorité, tout simplement.