Essai Nissan Leaf 2: le sacerdoce
Le dilemme est donc de choisir entre passer beaucoup de temps à faire une charge complète lorsqu’on en a l’opportunité, ou s’arrêter fréquemment (tous les 70 km) pour refaire une petite charge de 30% en 15 minutes, mais impose de rouler constamment avec un état de charge faible et donc sans filet de sécurité en cas d’imprévu.
Rouler en Nissan Leaf, et par extension en voiture électrique, revient à adopter un nouvel écosystème qui est encore en friche et impose des contraintes incomparablement plus astreignantes que l’essence ou le diesel. Nissan ne simplifie en rien l’accès à cet écosystème. Il n’y a pas de programme d’interopérabilité équivalent à ceux qu’Audi ou Porsche mettent en place avec des cartes uniques donnant – encore théoriquement – accès à des dizaines de milliers de bornes sur le continent.
Les charges opportunistes sur les prises AC de type 2 disponibles dans les supermarchés sont une entreprise dérisoire. Le facteur limitant devient alors le chargeur embarqué. Celui de 6.6 kW qu’intègre la Leaf n’ingère que l’équivalent d’une trentaine de kilomètres par heure de charge. Hors station de charge rapide, il est impératif de pouvoir laisser le véhicule en charge de nombreuses heures, soit la journée au travail, soit la nuit à domicile.
Dans des conditions pendulaires entre l’est et l’ouest lausannois, j’ai relevé une autonomie maximale de 190 à 284 km selon la proportion de déplacements parcourus en localité, à faible vitesse et surtout à plat.
L’ordinateur de bord de la Leaf inclut une fonction de recherche de bornes, mais l’annuaire est lacunaire et n’inclut même pas systématiquement les bornes qui se situent … dans les concessions Nissan ! La projection de l’autonomie est systématiquement optimiste, et même en programmant une destination dans le système de navigation, estime très mal une consommation réaliste. On observe donc avec inquiétude ou fatalisme la différence entre distance à parcourir et autonomie s’amenuiser, jusqu’à devenir inconfortablement serrée et forcer une halte imprévue. Dernière doléance dans ce registre, le support d’Android Auto, bien qu’annoncé et disponible dans les options de l’interface multimédia, n’a jamais fonctionné.