Essai Porsche Boxster S
3ème jour : Durant le repas de la soirée précédente, mes acolytes tellement enjoués par le Boxster affichent une certaine perplexité face à mon manque d’enthousiasme à son sujet. Lors d’une dernière balade nocturne sur le parking en bord de mer, un des journalistes me fait alors remarquer un détail crucial : “Regarde, ton Boxster du premier jour, il n’a pas la touche PSE ni la touche Sport Plus” – “Moui… et ?” – “Eh bien, tu vas voir, c’est pas pareil !” Voilà comment en cette radieuse matinée, alors que j’avais prévu d’essayer un Cayman, je me retrouve à bord d’un autre Boxster S couleur “guards red”. Serait-il temps de refaire les présentations ? Deux simples boutons, et pourtant. Il est de ces rares instants dans nos vies où tous les éléments se coordonnent pour momentanément toucher à la perfection, cette matinée fut l’un d’eux. 9h, une fois passé les dernières bourgades et travaux, trafic quasi inexistant, la bonne voiture, un revêtement neuf, température clémente, des paysages à couper le souffle, pas un nuage à l’horizon, capote baissée, cheveux au vent, j’appuie sur la touche PSE, pleins gaz, enter video game mode !
Le PSE (Porsche Sport Exhaust) transfigure le caractère du Boxster ! Beaucoup plus présent bas dans les tours, le son du moteur envahit mes oreilles de nouvelles harmoniques graves et l’œuvre des ingénieurs-programmeurs distille moult “pops & bangs” à chaque lâcher de gaz, donnant ainsi l’impression que les carrières, que j’enfile à une allure plus que soutenue, jouent une partie de ping-pong avec des grenades. A ce stade, je tiens à préciser qu’il me paraît in-com-pré-hen-sible qu’une scène de James Bond n’ait pas encore été tournée en ces lieux : la route qui serpente au pied des montagnes en longeant l’Adriatique de Povile à Karlobag est épique, martienne, divine ! Et ce, avant même de bifurquer vers l’intérieur des terres pour attaquer le col, cerise sur le gâteau, en direction de Gospic. Ayant déjà saisi ce Boxster par le collet lors de la phase côtière, mis en confiance par le “Sport Plus” qui rigidifie significativement l’ensemble et donne enfin l’impression d’avoir une sportive entre les mains, je me sens déterminé à en extraire le meilleur dans la limite de mes capacités. La configuration du terrain m’offrant momentanément une vue impeccable sur toute la surface du très long droit à 180° qui s’annonce libre, je prends l’extérieur et double le dernier membre de notre convoi qui m’empêche de pleinement profiter de cette montée de col. Les PZero 20 pouces accrochent sévèrement l’asphalte à l’entrée et sans avoir besoin d’effectuer trop de corrections pour stabiliser l’appui, le PASM (Porsche Active Suspension Management) faisant merveille, je maintiens l’allure puis m’envole vers le septième ciel qui restera dégagé jusqu’au sommet.
Virage après virage, je pousse de plus en plus pour tenter de prendre le Boxster en défaut et la PDK aidant, je ne fais plus que me concentrer sur mes lignes de passage. Au milieu de la montée, je décide même de repasser en mode automatique, histoire de, et la gestion se montrera tellement exemplaire que j’en serai presque écœuré. Moi, me faire dire qu’une boîte manuelle est peut-être inférieure ? Argh, et bien voilà, c’est fait. Je continuerai néanmoins, cela purement pour un facteur plaisir, à n’acheter que des boîtes manuelles et j’espère qu’il y aura de nombreux autres incorruptibles comme moi, sinon, d’ici 10 ans, il est certain qu’elles auront disparu, tellement le niveau de perfectionnement des boîtes à double-embrayage est avancé. La seule chose qui pourrait freiner cette évolution serait un vieillissement désastreux avec, à la clé, des frais de réparation pharamineux, comme l’illustrent notamment certains exemplaires de la GT-R.