Essai Porsche Boxster S
2ème jour : Je décide de troquer notre cabriolet contre un autre, plus spacieux. Après avoir fait un tour discret, j’ai avisé et réservé la seule 911 décapotable en boîte manuelle ; premier contact avec cette boîte 7 rapports, je salive ! Le GPS peine à nous mener à destination – un module similaire dans toutes les gammes de véhicules présents, en option contre la modique somme de 4’380 CHF: déplacements sur la carte catastrophiques, commandes de zoom contre-intuitives, des routes qui n’existent pas et le guidage par plus d’une fois facétieux. Laissé en rade au milieu d’une montagne qui n’a jamais dû voir l’ombre d’une Porsche, je prends mes repères et tente d’avancer à l’orientation sur de chaotiques chemins de terre et cailloux qui ne nous laissent aucune chance face à une éventuelle rencontre en sens adverse. Si les suspensions s’affranchiront parfaitement de l’épreuve, avec une garde au sol un poil plus basse, nous aurions pu avoir de sérieux ennuis. Parvenus sur des routes plus civilisées, nous atteindrons finalement sans égratignures, certes avec un peu de retard, le point de ralliement du repas de midi : le restaurant Zigante Tartufi à Livade, étape incontournable si vous venez à vous balader dans la région ! C’est ici qu’a été découverte la plus grosse truffe au monde, homologuée dans le Guinness : 1,3kg ! Inutile de vous préciser que tout le repas tournait autour de ce produit ; mes papilles s’en souviennent encore !
Même si je ne suis toujours pas fan du look batracien, rapidement un sourire idiot se fige sur mon visage : non, ce n’est pas la faute du vin que je n’ai pas bu, c’est juste que je suis dans la vraie, l’originale, big daddy ou plutôt big froggy ! Fini la chansonnette du Boxster et ses remous d’air, il se dégage tout de suite quelque chose de sérieux de cette 991 ! D’ailleurs, la sonorité plus grave incite immédiatement plus au respect. A ce sujet, voici une source intarissable d’amusement que seule la boîte manuelle vous permettra de mettre en pratique au fil de petits villages traversés : roulez presque en sous-régime, typiquement vers 1’700 tours en 4ème ou en 5ème, mettez le pied au plancher jusqu’à environ 2’100 tours, et recommencez ! Les borborygmes provoqués ne tarderont pas à se révéler addictifs ! Parvenu dans la campagne déserte, je profite des 350 chevaux qui théoriquement ne devraient pas engendrer une grande différence par rapport au Boxster S, 35 cv et 30 Nm supplémentaires équilibrant l’équation face à 130 kg de surcharge. Reste que la 911 a quelque chose de plus ferme, plus plantée dans le sol, plus unie même en l’absence de toit rigide, la direction m’inspire nettement plus confiance tout comme le châssis. Peut-être est-ce gommé plus savamment par l’électronique, mais on a l’impression qu’il y a moins de corrections qui s’effectuent lors des prises et changements d’appui.
Tous ces constats prendront plus tard une saveur particulière lorsque je comprendrai l’ampleur de l’incidence d’un bouton que j’avais enclenché : Sport Plus… Cependant je ne retrouve pas les sensations de la 996, cette communicativité dans la répartition des masses a disparu. Je ne saurais pas que le moteur est placé en sac à dos, j’aurais peu de moyens de m’en rendre compte. A ce que j’ai pu lire, mon avis rejoint celui de nombreuses autres personnes, à savoir le fait que la signature comportementale de la 911 a été transfigurée avec cette 991 de sorte que l’on pourrait croire qu’on est en train de conduire n’importe quelle sportive à propulsion. Cela ne m’empêche pas pour autant de prendre beaucoup de plaisir ! Surtout que je peux faire joujou avec le levier de vitesses ! Sa prise en main est bonne, son débattement aussi, mais, ni trop mou ni trop dur, le feeling du mécanisme n’est pourtant pas spécialement gratifiant. Plus objectivement, une ombre vient ternir le tableau : le point de friction de l’embrayage est définitivement trop haut, cela rend les changements de rapport difficiles à réaliser sans à-coup. Ce qui engendrera une certaine paresse de ma part dans les portions sinueuses, mais le couple aidant, je m’apercevrai que tout peut se franchir très sportivement en 3ème, surtout sachant que son fond est à 190 kmh ! Encore plus long que le Boxster S, décidément …
En fin d’après-midi, j’aurai l’occasion de tester très brièvement un coupé Carrera 4 équipé d’une boîte manuelle avec un principe similaire au synchro-rev-match de Nissan, système égalisant automatiquement les tours/minute au passage d’un rapport inférieur. Fonctionnant à la perfection, mais seulement en mode Sport Plus (nécessité d’avoir opté pour le package), il n’y aura plus besoin de vous soucier des histoires de talon-pointe ou de double-débrayage, et plus aucune raison non plus d’être jaloux des jappements de la PDK ! La fin de cette seconde journée nous a conduits à l’hôtel Amabilis, flambant neuf puisqu’il a ouvert l’année dernière, situé à Selce, au début de la longue côte qui mène jusqu’en Dalmatie. Au large, se profile l’île qui héberge Krk, une ville méritant le détour à ce qu’on m’a dit, mais que je n’aurai pas le loisir de visiter. Mes impressions recoupent sur toute la ligne notre article sur la 991 S cabriolet, la différence ne résidant que dans quelques chevaux supplémentaires (et dans la possibilité d’opter pour le PDCC), dont on peut se passer sans aucun problème si l’on reste sur des routes publiques, les 350 de base étant déjà plus que suffisants pour pouvoir bien s’amuser ! La 911, même dans sa version la plus simple, reste définitivement une référence en matière de conduite dans le segment des sportives de luxe.