Essai Porsche 997 Turbo
Selon certains journalistes, le mode sport du PASM rend la suspension trop dure pour des routes normales. Ah bon? Mes références sont un peu biaisées, mais je suis loin de trouver cela trop dur au point de vue du confort. En poussant un peu la voiture sur ces petites routes au revêtement pas toujours parfait, la voiture bouge un peu trop sur ses suspensions et secoue passablement. Avec le PASM en mode sport, les secousses apparaissent plus tard, mais elles restent bien présentes et ne donnent pas vraiment un sentiment de stabilité. Assez étrange lors de courbes bien appuyées sur route bosselée. Mais malgré cela, les roues suivent leur trajectoire sans broncher. Etonnant. Ceci aurait-il été voulu pour éviter aux conducteurs trop pressés de dépasser les limites de la physique en leur faisant un peu peur avant ?
En découvrant cela, je me livre à un petit test: à basse vitesse (env. 60km/h), je balance la voiture de gauche à droite plusieurs fois en braquant le volant d’à peine 90° à chaque fois. Résultat, le PSM (Porsche Stability Management, l’ESP de Porsche) ne tarde pas à intervenir sur les roues avant ! Ensuite, la voiture bouge encore un peu même une fois le volant stabilisé. Et ceci tant en mode normal qu’en mode sport. Décidément, ce PASM ne me convainc pas.
En parlant de la direction, je la trouve un peu trop légère à mon goût, mais là encore l’habitude se charge probablement d’effacer se sentiment rapidement.
La première impression au sujet du talon-pointe se confirme: les pédales des gaz et des freins sont juste un peu trop éloignées pour ce genre d’exercice. Cela me gênera tout au long de l’essai, dommage. Normalement, ce détail devrait cependant pouvoir être réglé sans trop de difficulté, soit en chaussant du 47 bien large, soit en faisant ajuster les pédales.
Et les accélérations, me direz-vous ? Ahaaaa ! Sujet intéressant ! Rien à dire, la comparaison avec une 996 Turbo standard (420 ch, 560 Nm) est sans équivoque: la nouvelle 997 Turbo pousse fort, très fort. Mais il faut relever que ma voiture d’essai bénéficie de l’overboost du pack Chrono Sport et de ses 60 Nm additionnels. La différence serait probablement moins flagrante avec une 996 Turbo S (ou X50, 450 ch, 620 Nm) telle que Porsche la vendait ces dernières années. Quoi qu’il en soit, les reprises à bas régime bénéficient grandement de la technologie des turbos à géométrie variable: le couple est présent déjà très tôt. Un petit test d’accélération en sixième de 80 km/h à … plus vite le montre bien:
A propos de ce test, une chose étonnante apparaît encore. Porsche dit que l’overboost ne fonctionne que pendant 10 secondes de suite au maximum. Dans ce cas, pourquoi l’indicateur d’overboost (petite flèche verticale sur le tableau de bord) reste-t-il allumé bien plus que ces 10 secondes ? Erreur d’indication ou l’overboost est-il présent plus longtemps ? Mystère. A l’utilisation, la présence de l’overboost ne se fait pas non plus sentir. Pas de choc d’accélération à attendre.
Après quelques heures en compagnie de la nouvelle diva, il est temps de la ramener. En résumé, je n’ai pas aimé:
– la suspension PASM: trop sauteuse en conditions poussées
– la direction: un peu trop légère
– le son: terrible …
Et mon coup de gueule: sur une voiture à plus de CHF 200’000.- une fois quelques options choisies, et qui plus est sur la légendaire 911 Turbo, je trouve absolument ridicule que Porsche fasse payer 2415 CHF à ses clients pour cette fonction d’overboost ! Un tel gadget à peut-être sa place dans les catalogues de tuning bon marché pour GTi en tout genre, mais certainement pas dans la liste d’options de la 911 Turbo ! Ouf, ça va mieux. Fallait que ça sorte.
Mais bien sûr, j’ai aimé:
– l’accélération (peu spectaculaire car linéaire, mais très efficace)
– les freins (feeling très ferme et précis)
– l’homogénéité globale
Cette nouvelle Turbo est donc redoutable d’efficacité dans son rôle de GT sportive. Parfaitement roulable au quotidien, elle avale les kilomètres sans broncher et avec des performances proches de celles d’une supercar (0-200 en moins de 12.5sec), facilité d’utilisation en prime. Le package complet est donc certainement une réussite, même si les conducteurs plutôt ‘sportifs’ dans l’âme trouveront l’écrin probablement trop douillet et auront tendance à loucher du coté d’une certaine GT3. Mais ceci est une autre histoire …
Caractéristiques techniques:
Moteur: boxer 6, 3600cm3, biturbo à géométrie variable
Puissance: 480ch à 6000 t/min
Couple: 620 Nm (680 Nm en overboost*) de 1950 à 5000 t/min
Accélérations: 0-100 km/h en 3.9s
Vitesse de pointe: 310 km/h
Pneus: 235/35/19 AV, 305/30/19 AR
Poids: 1585 kg à vide, 1660 kg selon CE
Prix de base: 198’900 CHF (*+2415 CHF)
Un grand merci à Gianni Falconi et Paolo Carro d’Amag Lausanne pour le prêt de la voiture.
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