Marché automobile suisse 2016: tendance SUV

Nous analysons les tendances et développements du marché automobile suisse en 2016. 

Le marché automobile suisse s’est inscrit en léger retrait en 2016, avec une contraction de 2.0% à 317’318 voitures particulières immatriculées à neuf. Cette performance reste enviable et confirme la bonne santé de l’économie suisse. L’abandon du taux plancher entre l’euro et le franc suisse en Janvier 2015 a dopé le pouvoir d’achat des ménages suisses pour les biens d’importation comme les automobiles, et cette situation s’est maintenue en 2016.

Les ventes de voiture à transmission intégrales poursuivent leur inlassable progression, en croissance de 7.4% et atteignant 44.2% des automobiles livrées. La part du diesel est quasiment stable à 39.2%. Les ventes de voitures à propulsion dite alternative (hybrides, électriques, gaz naturel) ont progressé de 11.5% mais demeurent confidentielles avec 4.7% du marché. Elles se décomposent comme suit:

Marques: un marché toujours plus premium

Derrière l’intouchable Volkswagen dont les ventes sont restées stables, BMW et Mercedes réalisent une performance remarquable, augmentant chacun leurs parts de marché de 0.4%, largement aux dépens d’Audi dont la part décline de 0.7%.

Le graphique des ventes des cinq marques “viennent ensuite” derrière le titan de Wolfsburg illustre la progression sans relâche de BMW et Mercedes qui ont sû (ou voulu) bénéficier de l’abandon du taux plancher entre le franc suisse et l’euro en 2011 alors que Audi semble avoir choisi de poursuivre une stratégie orientée vers la profitabilité plutôt que les volumes. Renault, deuxième marque de Suisse en 2010 a complètement perdu pied dans un marché friand de voitures à transmission intégrale, puissantes et luxueuses.

Parmi les marques aux volumes plus modestes, Jaguar a vu ses ventes progresser de 82.8%. La différence provient des 791 F-Pace livrés en 2016, le crossover a un succès retentissant pour la marque. Honda regagne le terrain perdu après une année 2015 piteuse, avec un HR-V et une Jazz qui performent. Alfa Romeo entame une longue remontée avec 21% de croissance grâce aux 475 Giulia livrées en 2016. Parmi les fortes contre performances, Nissan recule de 24.2%, Citroën de 21.2%, Smart de 18.7% et Peugeot de 17.5%.

Modèles: Golf en péril

La VW Golf règne en maître sur le marché suisse depuis des lustres, mais cette domination s’est considérablement érodée en 2016. Les volumes ont chuté de 3300 unités, avec un facelift qui a certainement joué un rôle, mais n’explique pas à lui seul l’ampleur de la contre-performance. Est-ce le reflet d’une migration de la clientèle vers les crossovers ? Si c’est le cas, les deux compléments compacts au Tiguan annoncés au salon de Genève 2016 se font attendre. Un Tiguan qui par ailleurs semble plaire: le modèle ne s’est jamais aussi bien vendu en Suisse et est un des instruments qui permettent à Volkswagen de se maintenir solidement en tête du marché.

La Mercedes Classe C est la berline/break du segment D préférée des helvètes, loin devant une Audi A4 B9 dont le succès reste une inconnue. Les ventes du nouveau BMW X1 dépassent le succès déjà retentissant de la première version qui avaient atteint 3486 unités en 2010. Le VW Multivan T6 fait une apparition remarquée dans le top 15, confirmant l’attrait pour un transporteur de personnes aux prestations routières rigoureuses.

En prenant une vue plus large, les automobilistes suisses ont acheté plus de SUVs et crossovers que l’an dernier. Ceux-ci atteignent 32% de parts de marché contre 28.5% en 2015, et moins de 20% en 2011.

Luxe et exception

Les ventes de Ferrari en Suisse ont progressé, atteignant un pic historique. Le passage à la suralimentation n’a pas rebuté les 162 acquéreurs de 488 GTB et 488 Spider, les livraisons de F12 sont robustes, sans doute grâce la F12 tdf. L’immatriculation à neuf de 15 LaFerrari supplémentaires (pour un total de 61 exemplaires !) est une surprise.

Même son de cloche chez Lamborghini, avec 60 Huracan et 37 Aventador.

McLaren a écoulé 85 voitures, dont 36 675 LT et 30 Sports Series (540C et 570) contre seulement 32 en 2015 et 49 en 2014. L’élargissement de portefeuille réussit à la marque. L’année 2016 a vu l’immatriculation de 22 hypercars supplémentaires, portant les totaux à 61 LaFerrari, 43 Porsche 918 et 19 McLaren P1. La Suisse concentre plus de 120 hypercars hybrides.

Le segment des GTs de plus de 300’000 CHF affiche une santé robuste avec presque 200 automobiles livrées. Le millésime 2016 fut favorable à Rolls Royce avec 46 voitures, dont 19 cabriolet Dawn. Aston Martin a écoulé 127 voitures en 2016, contre 125 en 2015 et 153 en 2014. Le remplacement de la gamme devient une réalité en concession avec les premières livraisons de DB11.

  

Chez Bentley, les volumes ont atteint un niveau record avec une solide performance de la Continental GT, et la commercialisation du sublime Bentayga, avec sans doute une longue liste d’attente.

  

Dans le segment des berlinettes de Grand Tourisme à plus de 200’000 CHF, Ferrari et sa lignée 340-458-488 continue à régner en maître, assurant un plus grand volume que la somme de toutes les concurrentes.

  

La Corvette C7 connaît un succès moindre en comparaison avec sa devancière, la C6, ce qui représente une surprise. Avec un peu plus de recul, la BMW i8 semble être en avance sur son époque, sa diffusion reste assez confidentielle malgré les qualités du produit. Les automobilistes suisses semblent être attachés aux valeurs sûres, Porsche 911 et Ferrari. La 911 a même dépassé son pic symbolique de 2007, avant la crise des subprimes.

  

SUVs et Crossover

Si la Porsche 911 a connu un succès historique en 2016 en Suisse, la marque est devenu avant tout un constructeur de crossover sportifs. Depuis le lancement du Macan, près de 4900 exemplaires ont été écoulés, le propulsant immédiatement en best-seller de la gamme, loin devant la 911 et le Cayenne. Et la demande ne semble pas fléchir.

Le positionnement du Macan ne lui permet pas de régatter avec les “généralistes premium” que sont le Mercedes GLC, le BMW X3 ou l’Audi Q5, mais le succès est indéniable. Il est utile de relever que les volumes combinés du X3 et du X4 placent en fait BMW en tête du segment, devant Mercedes. Les volumes ont crû de près de 20% en un an, et doublé depuis 2010.

  

Une taille au-dessous, on constate la même croissance explosive, +27% en un an, +135% en 5 ans. Le Tiguan y fait un carton, historique pour le modèle qui domine la catégorie depuis son lancement, laissant le BMW X1 à presque 3000 examplaires de différence.

  

A l’autre extrême (en dimensions), le BMW X5 conserve son leadership, mais les Mercedes GLE, Volvo XC90 et Audi Q7 affichent également une belle santé. Avec +13.5% sur 2015 et +73% depuis 2011, la demande demeure soutenue et l’offre continue à s’étoffer avec de nouveaux arrivants comme Maserati.

  

En descendant en gamme et en taille, on plonge dans le gros du marché des crossovers, avec une fragmentation redoutable. Un volume de plus de 50’000 exemplaires, regroupant plus de 40 modèles, avec en trio de tête le Hyundai Tucson (3168), l’Opel Mokka (3023) et le Ford Kuga (2886), qui a principalement fait de l’ombre aux compactes des segments B & C.

Berlines et compactes premium

Cette frénésie d’acquisitions de SUVs et crossovers devrait s’opérer aux dépens des berlines et breaks classiques. Parmi les limousines de plus de 5 mètres, les cycles de renouvellement de modèles restent le facteur dominant. La nouvelle Classe S W222 a fait décoller les ventes de en 2014, et en 2016, ce fut le tour de la sixième génération de BMW série 7.

Le segment E montre une nette érosion de 20%, mais celle-ci coïncide avec des transitions majeures chez les trois leaders: BMW vient d’introduire la nouvelle série 5 G30, Mercedes en a fait de même au printemps avec la Classe E W213, et l’Audi A6 C7 arrive au terme de son cycle. Cannibalisation par les SUVs Full Size ou effet d’une convergence de renouvellement de modèles phares ? Difficile à dire.

  

L’érosion est plus contenue dans le segment D avec moins de 5% de réduction par rapport à 2015.

     

Dans les compactes premium du segment C, l’Audi A3 règne en maître si l’on fait abstraction des volumes combinés de Mercedes classe A et CLA. La chute des volumes atteint cependant 17% en un an. Les coupés BMW série 2 sont malheureusement impossibles à distinguer des monospaces Active Tourer et Gran Tourer dans les données d’Auto-Suisse.

  

Coupés & Muscle Cars

Le marché suisse demeure peu friand de coupés et roadsters, et le renouvellement de modèles clefs n’a pas amené de changement structurel.

La croquignolette Mazda MX-5 retrouve les volumes de 2006, sans toutefois les dépasser, et sa cousine 124 Spider fait nettement moins bien. La nouvelle Audi TT est restée bien loin des pics du modèle précédent et la deuxième année de commercialisation a été tiède.

     

La commercialisation de la Ford Mustang est presque l’exception qui confirme la règle. Pas moins de 625 suisses ont conclu que Ford offre une auto au rapport prix/look/performances extrêmement attractif.

2016 fut une bonne année en Suisse pour Lotus, mais pas pour les raisons attendues. La nouvelle Evora 400 ne semble pas atteindre sa cible, alors que l’Exige s’est bien vendue.

Hybrides et électriques

Nous l’écrivons en début d’article, les voitures particulières à propulsion alternative – une définition large qui regroupe différents types d’hybrides, électriques et moteurs au gaz naturel – progressent, mais restent confidentielles avec moins de 5% de parts de marché. En comparaison, la Norvège et ses mesures incitatives radicales a atteint 24.5% d’immatriculations à neuf en hybrides (dont plus de la moitié sont rechargeables), et 15.7% d’électriques (contre 17.1% en 2015).

Première constatation, les modèles non-dédiés, dérivés de plateformes à large diffusion, représentent presque 75% des ventes. Deuxième constatation, Tesla a largement contribué à la croissance de la catégorie en 2015 (+213%), mais cette croissance s’est considérablement ralentie en 2016 (9.3% si l’on cumule Model S et Model X).

Il est plausible que Tesla ne pourra plus croître sans l’élargissement de sa gamme vers le bas avec le Model 3. Dans l’intervale, il sera intéressant de suivre le succès de nouveaux produits tels que l’Opel Ampera-e et si le rapport prix/autonomie fait croître la demande pour les voitures électriques.

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