Essai Mercedes ML 350 BlueTEC 4Matic

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Au moment de la prise en main, l’ergonomie déroute un peu. Aucun levier de vitesse sur le tunnel central mais une commande placée à la droite de la colonne de direction là où habituellement crèchent les commandes d’essuie-glaces. Celles-ci se retrouvent sur la gauche et, même si les balais s’activent seuls dès l’apparition de gouttes, on est un peu perdu dès lors qu’il s’agit d’actionner le balai arrière. Le système multimédia COMAND n’est pas sans reproches non plus avec sa complexité et son interface d’un autre temps. On comprend difficilement pourquoi devoir manipuler un joystick à l’heure des écrans tactiles. Heureusement l’acoustique Harman Kardon, encore une option, de très bonne qualité fera vite oublier les moments de casse-tête. Pour en finir avec l’ergonomie perfectible, j’aurais préféré que compte-tour et  compteur de vitesse soient inversés. En conduisant le regard tombe naturellement sur le régime moteur, pas forcément indispensable au volant d’un 4X4 diesel. Il faut faire un effort pour aller chercher l’indication de vitesse et encore, entre 0 et 60 km/h, celle-ci est cachée par la jante du volant. La solution est alors d’activer l’affichage digital de la vitesse qui toutefois disparaîtra à la première alerte de l’un ou l’autre des systèmes de sécurité du ML. Pas vraiment pratique.

Avec l’option correspondante, la mise en route du 4X4 Mercedes se fait sans clé… même s’il faut encore et toujours en garder une dans sa poche. A y réfléchir, ces systèmes keyless approchent l’absurde puisque la clé reste indispensable. A quand une app pour smartphone ou une puce RFID implantée dans le corps ? Ou, pour ceux que l’idée d’une chirurgie rebute, une montre à transpondeur comme celle proposée par Aston-Martin et Jaeger-LeCoultre ? Pour passer du mode parking au mode drive et donc commencer à rouler, une action franche du levier de commande s’impose. Sinon vous allez faire comme moi en restant désespérément, et surtout ridiculement, planté sur P avant d’enfin comprendre. Ce n’est pas aussi intuitif que Mercedes le vante dans sa documentation.

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Tout devient plus simple dès lors que le ML avance. Ou presque. Car au premier signe d’un danger, l’une des innombrables alarmes qui équipent cet exemplaire s’active. Et à Mercedes de nous servir un nouvel inventaire à la Prévert: système de détection de somnolence du conducteur et qui réveille les attentifs qui auraient un peu dévié de leur trajectoire d’un mauvais coup de volant, système de détection de franchissement de ligne blanche qui envoie une série de vibration dans le volant, système de prévention de collisions qui mesure en permanence la distance avec le véhicule qui précède et qui déclenche des signaux lumineux et sonores dès que l’on s’approche d’un peu trop près. Ou encore système de reconnaissance des panneaux de limitation de vitesse qui, à l’expérience, se fait facilement tromper : sur nos trajets autoroutiers, la voiture à plusieurs fois affiché 40 km/m alors que la limitation affichée était de 80 km/h, et en ville de Genève il était affiché 80 km/h là où la limitation était de 30 km/h. De quoi profiter d’un passage à la case prison et d’un retrait de permis de longue durée dès que les dispositions Via Sicura entreront en vigueur. Plus sérieusement et au-delà des quelques défauts de fonctionnement constatés, on peut véritablement s’interroger sur la pertinence de ces systèmes dont les alarmes multiples finissent par distraire le conducteur. Le seul mécanisme véritablement utile à mon sens est l’avertisseur d’angle mort et son signal lumineux dans les rétroviseurs. Le reste ne sert vraiment au mieux qu’à alléger son porte-monnaie, au pire qu’à déresponsabiliser le conducteur ou lui donner l’assurance d’une sécurité qui, finalement, ne relève que de son niveau d’attention au volant.

Cela étant et pour passer aux aspects positifs, la conduite de ce ML 350 s’avère extrêmement confortable. Aucune crainte des longs trajets que son autonomie lui permet. Les passagers profiteront de l’excellente insonorisation, du confort des fauteuils et de l’espace intérieur généreux, sans compter la vue dominante sur le reste du trafic, si rassurante. Et en ville malgré son imposant gabarit, le ML reste étonnamment maniable. Au pire peut-on reprocher un système start-and-stop un peu trop sensible.

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A cela s’ajoute la très bonne volonté du 6 cylindres diesel turbocompressé. Difficile de croire, surtout en connaissant la masse pachydermique du ML, qu’il n’y a que 258 chevaux sous le capot. Ce moteur se comporte comme une mécanique beaucoup plus noble et le couple qu’il forme avec la boîte 7G-TRONIC est une véritable réussite. L’ensemble répond au moindre effleurement de la pédale de droite et délivre sans broncher, via les quatre roues, pas moins de 620 Nm de couple disponible dès 1’600 tr/min et capable de propulser le ML de 0 à 100km/h en 7,4 secondes. On peut ne pas aimer le diesel mais il sera extrêmement difficile de critiquer objectivement le choix d’une telle motorisation pour un 4X4. Ce bon bilan mécanique est toutefois légèrement péjoré par une direction un peu floue et du roulis dans les enchaînements de virages malgré un amortissement plutôt ferme. Le choix de l’option Active Curve System destinée à stabiliser le roulis mais dont notre ML n’était pas équipé devrait s’imposer.

Côté consommation, nous avons mesuré une moyenne de 11,25 l/100km sur l’ensemble de notre essai en parcours mixte, ce qui permet d’envisager une autonomie de plus de 800 kilomètres avec un plein lorsque l’on dispose de l’option réservoir de grande capacité. A noter la présence d’un second réservoir contenant un mélange d’eau et d’urée, un dispositif (BlueTEC) permettant de réduire les émissions d’oxyde d’azote en les transformant en azote et en vapeur d’eau. Ainsi équipé, le ML répond déjà aux exigences des normes antipollution Euro 6 qui entreront en vigueur en septembre 2015.

Au final avec ce ML de troisième de génération, Mercedes se rapproche encore de ses deux concurrents principaux en haut de gamme que sont Porsche et Audi. Si du point de vue de la mécanique et des performances sa proposition tient toutes ses promesses, la présentation et l’ambiance n’atteignent pas encore le niveau des Cayenne et Q5. Et le style à la fois imposant et agressif pourrait détourner ceux qui redoutent le regard parfois malveillant que portent les anti-4X4.

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