Essai Tesla Model S 90D
Le lendemain matin, cap sur le col de la Bernina. L’absence de neige force les stations à tracer des pistes de ski nordique au canon à neige sur des pâturages jaunâtres. La route est parfaitement sèche, permettant d’explorer le comportement du Model S sur des courbes plus rapides que les lacets de la Maloja. Le grip du train avant est moins handicapant dans ces conditions, permettant de tenir un rythme très respectable pour une berline. Le train arrière est même légèrement mobile au lever de pied. L’ESC n’est pas déconnectable. Il y a par contre possibilité d’activer la fonction “slip start” qui autorise un patinage des roues, mais elle se déconnecte automatiquement à 80 km/h et n’est réenclenchable qu’à l’arrêt.
Le dispositif d’assistance à la conduite Autopilot a beaucoup fait parler de lui, pour de bonnes et mauvaises raisons. A l’usage sur autoroute, il est selon mon expérience sans égal dans sa capacité à exécuter des tâches de conduite autonome. Les réactions de guidage sont progressives et précises, incomparablement mieux jugée que tous les systèmes d’évitement de dépassement de ligne que j’ai essayé jusqu’ici. Le système est facile à enclencher, et est même capable de gérer des changements de ligne ou des zones de travaux. Les rappels demandant de garder les mains sur le volant interviennent toutes les 2 à 3 minutes. La réalisation technique pose indéniablement de nouveaux jalons.
Le système n’est toutefois pas la panacée. La régulation de vitesse accélère par exemple trop agressivement lorsqu’on entreprend le dépassement d’un véhicule plus lent que la consigne. Il n’est pas non plus assisté du GPS, ce qui rend son utilisation périlleuse hors autoroute. Les limites sont faciles à trouver lorsqu’on l’emploie dans des configurations plus ambigües, ce pour quoi il n’est pas conçu, mais qu’il permet malgré tout, sans doute à tort. Au-delà de la découverte du gadget, il est sans doute appréciable pour rendre de longs trajets autoroutiers plus reposants dans des conditions de faible trafic.
L’interface proposée par le gigantesque écran de 17 pouces est visuellement très plaisante, mais l’absence de commutateurs pour des fonctions aussi essentielles que l’enclenchement des phares anti-brouillards ne devrait pas nécessiter de fourrager dans les menus de l’écran tactile. D’autres équipements brillent par leur absence. Malgré la profusion de capteurs, il n’y paradoxalement pas de caméra périphérique pour manoeuvrer dans les espaces réduits. Heureusement, les capteurs de proximités sont précis. Autre carence, Tesla ne propose pas d’affichage tête-haute. Côté équipements, le système audio ultra high fidelity est d’excellente qualité.
Le Model S est suspendu pneumatiquement, avec en option un réglage de la hauteur de caisse à mémoire appelé Smart Air. Le système n’est toutefois pas adaptatif, en ce sens que les constantes élastiques et d’amortissement sont fixes. Le résultat est donc un compromis, pas particulièrement souple, voire carrément sec dans certaines conditions. Une monte à taille basse sur les jolies roues de 21” n’arrangera rien à l’affaire. La caisse elle-même est louablement rigide, et les assemblages intérieurs de qualité, je n’ai noté qu’un craquement occasionnel dans le ciel de toit.