Essai Dodge Challenger RT: l’autre muscle car
Dodge équipe la Challenger RT d’un différentiel à glissement limité qu’en conjonction avec la boîte manuelle à 6 rapports, mais il n’est guère difficile, une fois le contrôle de stabilité déconnecté, de faire décrocher les deux roues arrière en démarrant pied dedans. L’honneur est sauf, la Challenger RT est capable de laisser un peu de gomme au sol si on a le pied lourd au démarrage, mais l’exercice n’est guère exaltant, tout comme la pénibilité affichée par le 5.7 lorsqu’on l’emmène jusqu’à son régime de puissance maxi. Le contraste avec le caractère bonhomme du HEMI 6.4L équipant les modèles SRT8 – dont la Jeep Cherokee – est radical, bien plus que la différence de cylindrée ne le laisserait supposer.
Sur longue distance, la Challenger RT est raisonnablement agréable et sobre (11.4 L/100km sur les 3600 km de cet essai). Je n’ai pas constaté de qualité particulière, ni remarqué de défaut rédhibitoire. La finition de l’intérieur est correcte pour la catégorie, subjectivement meilleure que sur une Mustang, mais l’habillage des sièges – très probablement en skai, Dodge n’utilise le terme « cuir » que pour le volant et le levier de vitesse – ne parait pas particulièrement résistant à l’usure.
Dernière étape de ce périple, Mullholland drive, au sommet de la longue colline séparant Los Angeles de la vallée de San Fernando. Le revêtement de la célèbre petite route est dans un état déplorable, soulignant l’amortissement ferme. L’intégrité structurelle est bonne, tout comme l’assemblage de l’intérieur qui ne couine pas. La Challenger y démontre une supériorité indéniable par rapport à la Mustang mkV, son essieu rigide et ses redoutables déhanchements au passage d’inégalités.
Alors Challenger ou Mustang ? La Dodge Challenger n’est pas importée officiellement dans la vieille Europe, le modèle ne cadrant pas du tout avec la stratégie de badge engineering qui sous-tend les noces entre les marques des groupes Fiat et Chrysler, avec pour fruit des produits tels que les Lancia Thema ou Flavia. C’est un désavantage de taille face à la Chevrolet Camaro et à la toute nouvelle Ford Mustang mkVI, toutes deux importées officiellement en Suisse. L’importation directe reste possible, mais est devenue nettement moins intéressante économiquement pour les voitures neuves depuis que le couperet de la taxe CO2 est tombé le 1er juillet en 2012. Même auparavant, les immatriculations à neuf de Challenger en Suisse étaient en net retrait par rapport aux deux autres muscle cars. Hormis sa ligne séduisante, il est bien difficile de trouver des qualités marquantes à cette Dodge Challenger RT qui rentre dans sa sixième année de production et parait plus que mûre pour un remplacement.