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Essai McLaren MP4-12C: agent orange

Quelques longues semaines plus tard, nous sommes de retour au même endroit, mais par une température nettement plus clémente, et en très bonne compagnie. Notre MP4-12C a troqué son orange détonnant pour un noir saphir aux accents bleutés, et une Ferrari 458 Italia est venue jouer le rôle d’arbitre, et le verdict tombe rapidement. Dans ces conditions routières, la McLaren déclasse complètement la 458 en termes de performance, le couple massif amenant à la fois l’agrément de reprises impériales, pour autant qu’on veille à maintenir le petit (par sa cylindrée) 3.8L biturbo en charge. Elle déclasse en fait tout ce que nous avons essayé jusqu’ici. Même la Ferrari F12 n’est pas aussi physiquement impressionnante. Tout comme la 458, elle se rattrape en termes de sonorité et de raffinement, mais en termes de performances, la MP4-12C creuse un écart considérable. Un couple conséquent sur une large plage de régimes, une puissance élevée et un poids plume, la recette est limpide, le résultat est sans appel.

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Notre 458 n’est pas au mieux de sa forme, affligée d’un léger défaut de géométrie qui affecte radicalement son comportement. Nous laisserons donc ce point de côté pour nous concentrer sur le reste de l’expérience. L’ambiance à bord de la McLaren est plus immersive grâce un cockpit qui donne vraiment au pilote la sensation d’être intégré au sein de la voiture plutôt que d’être juché dessus dans la Ferrari, tout comme les sièges d’ailleurs.

La MP4-12C noire n’est pas équipée de l’échappement sport et je la préfère ainsi, il me parait vain de chercher à pallier par la quantité ce qui lui manque en qualité. La 458 Italia demeure supérieure sur ce point, malgré le côté abrupt de la commutation de ses valves d’échappement. La complémentarité entre admission et échappement est plus travaillée, le ronronnement rauque et métallique résonnant dans les villages traversés à faible allure. La boîte procure également des sensations plus organiques, faisant du passage de chaque rapport un événement plutôt qu’une formalité.

Au sommet d’un col, des adolescents entourent rapidement les deux voitures, mais étonnamment, la McLaren a – de loin – plus la cote. « C’est ma préférée sur Need for Speed en Playstation 3 ! ». Une balade en passager dans les deux autos ne fera que confirmer ce verdict éclairé et sans appel. Contre toute attente, la McLaren noire est plus cool que la Ferrari rouge.

Aussi impressionnante qu’elle l’est, la McLaren n’est pas exempte de défauts, certains subjectifs, d’autres objectifs. Le plus irritant se situe dans les bugs. Divers médias s’en sont déjà fait l’écho, et force est de constater que la centrale électronique est capricieuse et/ou remarquablement peu intuitive dans ses protocoles de fonctionnement. Refus de démarrage, refus d’ouverture des portes, refus de débranchement de contact lorsqu’on quitte l’auto. S’il y a une logique à ces comportements erratiques, elle est tout simplement trop complexe. Sur les 5 exemplaires de MP4-12C que nous avons eu l’opportunité de conduire, aucun ne se comportait entièrement normalement. Ce sont des détails, mais des détails qui comptent, surtout dans ce segment. Il n’est pas normal de se retrouver à deux reprises enfermé hors de l’auto et de devoir se contorsionner pour rentrer par une porte passager rendue quasi inaccessible par un mur. Ni de devoir recommencer la procédure de démarrage à zéro car la voiture refuse de s’exécuter.

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McLaren n’a pas non plus les économies d’échelle de Ferrari sur les accessoires, cela se voit et se ressent au toucher si on y prête attention. Commodos, commutateurs de console, le plastique domine et si il a la vertu d’être plus léger, le rendu au toucher n’est malgré tout pas comparable. Les  ouïes d’aération en plastique contrastent avec les magnifiques pièces d’alliage coulé utilisées par Ferrari. Certes, la finition carbone rehausse un peu le ton (pour un surcoût conséquent), mais la qualité d’interface d’ensemble n’est pas du niveau des meilleurs, des commutateurs aux palettes. Les mouvements de l’aiguille du compte-tours le symbolise, avec des sauts hésitants sous forte accélération là où on voudrait retrouver la précision délibérée et nette associée à la haute horlogerie.

Autre aspect irritant, le fait de devoir claquer les portes brutalement pour qu’elles se ferment complètement. La rigidité structurelle n’est pas à mettre en cause – elle est au-dessus de tout soupçon, mais qu’elle qu’en soit la cause, McLaren n’a pas voulu ou pu corriger le défaut. Le système multimedia est également notoire pour ses sautes d’humeur, mais je n’ai pas passé suffisamment de temps à l’utiliser pour avoir un avis indépendant sur la question.

Malgré toutes les qualités de l’auto, le sérieux de l’approche de McLaren, en particulier son engagement à une expérience client irréprochable, il est difficile de ne pas trouver les volumes de ventes pâles. En Suisse, marché friand de voitures de luxe, les ventes n’atteignent pas le quart de celles de la Ferrari 458. La couverture géographique du réseau n’est certes pas encore comparable, mais on pouvait s’attendre à mieux du lancement de la MP4-12C. Une phrase qui résume bien l’impression générale que procure cette voiture. Une auto qui impressionne à certains égards, notamment les  performances et le châssis, mais qui n’atteint pas encore le niveau d’excellence que la marque McLaren véhicule. La MP4-12C aurait pu être une démonstration éblouissante du savoir-faire de McLaren Automotive. Elle se révèle être une alternative intéressante et bienvenue, avec de remarquables qualités, mais également des défauts.

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