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Essai Ferrari F12 Berlinetta – la beauté a deux visages

Ferrari F12 Berlinetta

Dans ce décor alpin, la F12 est d’une remarquable beauté visuelle, chaque angle révélant la maturité des designers de Pininfarina et l’indubitable maîtrise technologique de Ferrari pour intégrer à une robe si pure les exigences techniques tributaires d’une telle enveloppe de performances. La filiation avec une 275 GTB ou une 365 GTB/4 n’est pas conjuguée scolairement, elle est intrinsèque, génétique, mêlée d’accents innovateurs uniques. La 599 avait ses ailettes de pavillon, la F12 ce sillon qui creuse son méandre du nez vers les flancs pour aller mourir sur les ailes arrière. Le parallèle avec les torrents alpins qui se sont frayé un chemin dans la roche et les glaciers qui ont poli la pierre fournit la plus providentielle des métaphores. La nature inspire l’homme par sa force inlassable. Dans ce théâtre alpin, la F12 va en faire de même.

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Le versant sud du col du Gotthard semble être idéalement taillé pour une automobile de cette trempe. Délaissant le folklore pavé (et encore partiellement enneigé) de la Tremola, nous nous dirigeons vers un tronçon propice aux travaux de la matinée. Une accélération prononcée depuis le premier rapport, quelques courbes, une épingle serrée, une galerie couverte, des possibilités de faire demi-tour en toute sécurité. Dans ce temple à ciel ouvert, je suis entré en communion.

Cravachée, la F12 se montre sous un tout autre visage. En tirant le premier, deuxième puis troisième rapport jusqu’à plus de 8000 t/min, les accélérations deviennent radicales, impressionnantes. La voiture ne donne pas autant l’impression de se cabrer que ne le faisait une 599 Fiorano, mais j’ai toutefois la sensation distincte qu’elle se pose très vite sur le train arrière, suscitant une attention aigue pour l’adhérence des roues postérieures. Avec le manettino en position Race et cette déferlante de couple, mon instinct me dicte d’adoucir mes actions sur le volant pour éviter toute surprise. Freinage en changement d’appui, rétrogradage en deuxième, épingle serrée négociée avec prudence et réaccélération à fond dans la galerie. Le V12 prend des tours dans une déferlante sonore insensée, les cinq LEDs du volant m’apportant un concours précieux pour exécuter les passages de rapport sans laisser une miette de ce festin. Plus que l’amplitude sonore, c’est sa richesse et sa complexité qui procurent des sensations inouïes. La beauté est ici sauvage, celle qu’on associe aux grands prédateurs ou aux événements naturels.

La Ferrari 458 avait posé – imposé ! – de nouveaux jalons, repoussant les limites en termes de montée en régime et de sensations mécaniques. La F12 la déclasse complètement, ajoutant à la férocité des accélérations et au bombardement sensoriel une nouvelle dimension, celle qui nous transpose dans un contexte à la fois familier et totalement inaccessible. L’association entre voitures de tourisme et Formule 1 oscille souvent entre le cliché et la régurgitation de platitudes.  Avec la F12, elle est pleinement méritée. Je n’avais jamais entendu une voiture reproduire avec une telle fidélité la signature acoustique d’une F1 à pleine charge. Le cycle d’allumage du V12 à 65 degrés donne une texture riche et complexe, doublées quelques octaves plus haut d’un déchirement aigu. Le travail des acousticiens de Ferrari relève du chef d’oeuvre, avec une attention particulière portée à l’équilibre entre l’échappement et l’admission. Deux conduits acoustiques relient d’ailleurs les poumons du V12 – les énormes boîtes à air sous le capot – avec l’habitacle, selon le même principe adopté par Porsche sur la 991.

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