Nouvelle péripétie dans l’incroyable saga de la Nürburgring Gmbh : la directrice bulgare de l’UNESCO, Irina Bokova, a annoncé Vendredi son intention de porter la Nordschleife au patrimoine mondial de l’humanité. 

Si la démarche est ratifiée par le Conseil Exécutif lors de sa prochaine assemblée, les 21km de la Boucle du Nord deviendraient le 38ème bien allemand classé au patrimoine de l’humanité, une liste qui comprend 962 monuments dans le monde. Selon Gustavo Araoz, Président du Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS), la classification mixte comme Bien Culturel et Bien Naturel a été retenue : « La Nordschleife est à la fois un monument historique et un site naturel de grande valeur ! L’ensemble est indissociable et doit être protégé ».

Des sources anonymes ont indiqué que Michael Schumacher, lui-même ambassadeur bénévole de l’UNESCO pour le sport, serait intervenu auprès des instances dirigeantes de l’organisation pour appuyer la demande du comité « Die Nordschleife beschützen » dans une démarche destinée à empêcher la vente de la piste au plus offrant. Natif de la région de Cologne, le champion de Formule 1 est très attaché au circuit et à son histoire.

La nouvelle aurait dû être accueillie favorablement par les autochtones, mais des réactions alarmées n’ont pas tardé à se faire entendre. « C’est une catastrophe » s’exclame Franz Hügenbroich, présidents de la Gemeinschaft der Nürburgring Geschäfte (GNG), l’association des petits commerçants de la région. La mise en vente du complexe pour 150 millions d’euros mettait en péril l’avenir du Nürburgring et des emplois locaux qu’il génère, mais le classement du site comme monument rendra l’utilisation de la piste impossible. « Un monument historique est soumis à des conditions de préservation extrêmement strictes. Un entretien du revêtement ou le remplacement des glissières de sécurité seront proscrits». Même son de cloche auprès des petits industriels basés aux environs du circuit. Si le devenir de la piste de Formule 1 demeure incertain, l’arrêt des activités de loisir et de compétition sur la Boucle du Nord parait inéluctable.

« Encore un coup des Grünen ! » tonne Uwe Zornigen, team manager de l’écurie Makrele Racing Team engagée dans le championnat VLN. « Ils cherchent à interdire l’utilisation Ring depuis 20 ans, ils y sont maintenant parvenus en formant ce comité “Die Nordschleife beschützen”  bidon ! ». Pour beaucoup de PME, la fermeture de la piste est synonyme de cessation d’activités, avec des conséquences adverses critiques pour l’économie régionale.

Du côté de l’UNESCO, le ton se veut conciliant. « Les admirateurs du Nürburgring pourront continuer à venir du monde entier pour visiter le site, comme tout autre monument historique. Ils ne pourront toutefois le faire qu’à bord d’autocar électriques ultralégers pourvus de pneumatiques extralarges, afin de ne pas dégrader le revêtement aux origines bientôt centenaires » ajoute Gustavo Araoz. Les entreprises Mann et Fulda auraient déjà démarré l’étude de ces bus électrique spéciaux.

La Nordschleife a été construite en 2 ans de 1925 à 1927 par l’architecte de Ravensburg Gustav Eichler pour permettre aux constructeurs automobiles allemands de rivaliser avec leurs concurrents italiens. La piste fut utilisée pour les Grands Prix de Formule 1 des années 50 à 1983, les courses se déroulant sur un circuit attenant depuis 1984. Suite à un surinvestissement dans des infrastructures de divertissement et d’accueil, la société propriétaire du circuit a souffert de problèmes financiers jusqu’au dépôt de bilan, le 18 Juillet 2012. Le consortium est sous administration judiciaire depuis lors et a été publiquement offert à la vente. La procédure de classement par l’UNESCO suspend définitivement la possibilité de vente à un tiers, le Land de Rhénanie Palatinat étant contraint d’en conserver la propriété.

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