Home / Maserati  / 

Essai Maserati GranTurismo: la diva de l’asphalte

En utilisation civilisée, cette « Dueporte » interprète de manière magistrale sa symphonie, faisant preuve d’une excellente homogénéité tant en confort, tenue de route, qu’en performances et agrément. Bien que la carrosserie de la GranTurismo soit en aluminium, notre Montserrat Caballé accuse malgré tout un poids conséquent de 1’965 kg sur la balance. Un travail important a été réalisé sur le châssis afin de minimiser l’impact de l’embonpoint… mais pas suffisamment à mon goût, surtout en conduite plus sportive. Ainsi, la direction à assistance variable permet d’alléger considérablement l’auto dans les manœuvres. Très bien. En revanche, à haute vitesse, le point milieu paraît flou et l’assistance s’avère encore beaucoup trop présente, notamment sur route déformée ou lors des corrections de trajectoire afin de contrer le vent latéral. La tenue de cap en devient dès lors imprécise.

Depuis peu, les cousins de Maranello offrent le freinage carbone-céramique de série… Il aurait également été le bienvenu sur la Maserati ! Bien que nous soyons en présence de quatre disques de 330 mm pincés à l’avant par des étriers 6 pistons et 4 à l’arrière, une utilisation normale de l’engin ne mettra pas à mal cet arsenal. Par contre, sur route sinueuse, l’endurance fait cruellement défaut. Autant la course de la pédale des freins que la distance effective de freinage s’allongent de manière préoccupante.

Le mot « sportivité » a également été banni du cahier des charges des ingénieurs en charge de l’amortissement. Notre belle cache sous sa robe un amortissement piloté Skyhook, qui par son tarage variable automatique lui permet d’affronter avec sérénité toutes les imperfections de la route. Le confort pour les passagers est impérial, même avec une monte pneumatique 20 pouces à profil bas. Cependant la prise de roulis en appui est importante, déstabilisant l’équilibre général de l’auto. Même le mode « sport », sensé élever le tarage, est totalement dépassé par les mouvements de caisse, tant celle-ci est lourde. Il est ainsi difficile de pleinement profiter de l’équilibre des masses quasi parfait de 49% à l’avant et 51% à l’arrière. Je vous déconseille fortement d’emmener votre GranTurismo sur circuit, à moins que vous ne vouliez lui faire chanter le Va Pensiero du Nabucco de Verdi, tant le supplice serait terrible pour elle.

Il est bien clair que côté consommation, votre carte de crédit aura vite fait de jouer son requiem. La moyenne durant notre essai se monte à 17,7 l/100 km ce qui reste somme toute « raisonnable » en regard des performances, de la transmission automatique et de l’itinéraire emprunté. Lors d’un trajet autoroutier pur, la consommation a même atteint un « petit » 12 litres aux 100 km. Comme quoi, toute diva qu’elle est, notre Castafiore sait aussi rester raisonnable !

Au final, en troquant le suffixe « -sport » pour « -turismo » dans la dénomination de son grand coupé, Maserati traduit sa nouvelle orientation. Laissons le sport aux virtuoses de Maranello et redonnons au Grand Tourisme ses lettres d’or. Et bien leur en a pris ! Héritant d’une plateforme éprouvée, habillée par le maestro Pininfarina d’une robe haute-soudure et dotée d’une mécanique enthousiasmante, la dernière-née de la firme au Trident fait clairement preuve des qualités qui la mèneront, elle aussi, sur les voies du succès.

Malgré un caractère sportif mis en sourdine, les performances de la Belle de Modène sont au rendez-vous, tout en conservant une polyvalence exemplaire. Enfin, et comme « de coutume » chez les italiens, le caractère attachant de l’auto et de sa mécanique ont vite fait de pardonner certains caprices au niveau de la finition et une facture un peu plus salée que chez ses concurrentes. Une vraie diva, quoi.

Abonnez-vous !

Les derniers articles dans votre boîte email 1 à 2x par mois.