Diesel: le déclin ?

Après une poussée inexorable dans la décennie précédente, les ventes de diesel sur le marché suisse sont en net déclin depuis leur pic de 2007-2008.

Un déclin qui s’est amorcé avec la chute des prix du carburant résultant de la crise économique, mais qui semble se poursuivre alors que le carburant est reparti à la hausse. D’un pic de 32.5% en 2007, les ventes de voitures particulières diesel ont chuté à 29.4% en 2009 et s’établissaient à 27.0% pour le mois d’Avril 2010.

Un désamour très helvète pour un pays resté en net retrait par rapport à ses voisins ?

Dopées par une fiscalité avantageuse, les ventes de diesel en Europe occupent une part nettement plus importante de certains marchés avec, en fer de lance, la Belgique et ses 79% en 2008. Quatre voitures sur cinq. A l’autre extrême, les grecs et un misérable (ou louable selon les points de vue) 3.6%. Cependant, dans quinze pays d’Europe occidentale sur dix-huit, elles régressent en 2009. Les explications sont à chercher dans trois directions : des changements structurels de re-fiscalisation du diesel, et des variations conjoncturelles telles que les primes à la casse instaurées par certain pays pendant la crise des sub-primes.

Les ventes de diesel sont en forte chute sur le continent (*2009: chiffres de Janvier à Octobre)

C’est en Autriche que le changement structurel fut le plus prononcé : de 71.5% en 2003 à 44.5% en 2009, une chute vertigineuse de 27%. Même phénomène en Allemagne qui, de 47.8% en 2007 est retombée à un 29.8% très helvétique. Le résultat probable d’une conjonction des deux facteurs cités plus haut. Le carburant d’abord. En Allemagne en 2000, le litre de benzine était 23.5% plus cher que le diesel. En 2008, la différence avait fondu à 4.6%, diminuant radicalement l’avantage économique du diesel.

Les stimuli économiques, les bonus/malus CO2 et le déploiement de technologies améliorant le rendement ont également eu pour effet de doper les ventes de voitures de faible cylindrée. En moyenne annuelle, la cylindrée des nouvelles voitures allemandes a chuté de 1832 à 1655 cm3 (-9.7%), même tendance en Autriche (-5.1%), en France (-3.7% à 1552 cm3). Le marché français voit lui aussi ses ventes de diesel chuter de 6.4% de son pic (77.3% en 2008). La part du diesel dans les petites cylindrées est moindre, avant tout pour une question de surcoût à l’achat dans un segment où les prix sont serrés. Citroën Suisse, par exemple, vend moins de 1% de ses C1 dans cette configuration ; la version 1.4HDi 54ch est facturée 14% plus cher que le 1.0 essense 68ch.

La cylindrée des véhicules vendus est en baisse.

Les ventes de diesel baissent, la cylindrée moyenne diminue, mais la puissance spécifique est en constante augmentation. Depuis 2005, les suisses achètent les véhicules les plus performants d’Europe, tant en puissance absolue (144ch en 2009) qu’en puissance par litre de cylindrée (un remarquable 77.5 ch/L). A l’autre bout de l’échelle, le marché français avec une puissance moyenne qui passe sous la basse des 100 ch (99.2) et surtout la plus faible puissance spécifique d’Europe occidentale (63.9 ch/L). Le diesel est moins attractif économiquement, la demande évolue vers des plus petites cylindrées. Le downsizing est une tendance confirmée.

Les progrès techniques font croître la puissance spécifique des nouveaux véhicules.

Qu’en disent les constructeurs ? Chez AMAG-VW, la tendance est interprétée comme une progression des moteurs à essence TSI plutôt qu’un déclin du diesel. Chez Audi, la part du diesel a augmenté de 1.9% pour s’établir à 38%. Chez Citroën Suisse, le diesel représente 36% des ventes suisses, atteignant 85% sur les C5 et même 96% sur le C-Crosser.

Quelques cas singuliers dans ces statistiques, notamment celui de la Norvège qui a vu ses ventes de diesel passer de 9.0% en 2000 à 74.4% en 2007. Troisième exportateur de pétrole au monde, le pays tire 20% de son PNB de cette resource mais poursuit en parallèle une politique agressive d’incitation environnementale. Elle se traduit par une taxation très lourde et les prix du carburant les plus élevés d’Europe. A plus de 2.20 CHF, le diesel demeure attractif. Les poêles à mazout n’ont pas dit leur dernier mot !

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Sources:

Essai VW Golf VI TDI Audi A5 3.0 TDI BMW X1 xDrive 23d

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