Le plan pour dominer dans les années 2020.
Le groupe VW a présenté le 2 décembre à ses actionnaires et analystes financiers sa stratégie pour augmenter la valeur de la société. Le premier groupe automobile mondial en volume (10.8 millions de véhicules par an, 44’000 par jour) a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 235.8 milliards d’euros et un profit opérationnel de 17.1 milliards, soit 7.3%. Malgré ces performances, le groupe se considère sous-évalué.
Sans même aborder les unicornes tels que Tesla, Waymo, Didi (l’Uber chinois) ou Uber, la différence avec Toyota, un concurrent permanent pour la place de numéro 1, est flagrante. La dynamique est également positive puisque le groupe a gagné 0.56% en parts de marché et accru sa rentabilité à 7.9% en 2019.
Herbert Diess, président du groupe, confronte le scepticisme des marchés financiers et la crainte que l’électrification et la conduite autonome mettent sous pression le groupe alors qu’il vient à peine de digérer les sanctions résultant du dieselgate.
Le groupe VW se lance résolument dans l’électrification. Et les raisons sont assez évidentes. En Europe, ne pas respecter les 95g/km en 2020, 81g/km en 2025 et 59g/km en 2030 sera financièrement prohibitif. La technologie qui a le rapport le plus favorable entre réduction d’émissions de CO2 et coût est la voiture électrique à batterie.
Ce tableau illustre deux aspects importants de la vision de Volkswagen. Le premier est que les voitures électriques sont le moyen le plus économe de réduire les émissions de CO2. Pour les moteurs à combustion, les technologies mild hybrid (tel qu’introduit dans la Golf VIII) et hybride rechargeable plug-in sont les plus intéressantes, mais les électriques à batterie sont imbattables.
Le second est l’apparition de la plateforme MEB de deuxième génération dans les plans du groupe VW. Jusqu’ici, le plan produit et tous les concepts présentés se répartissaient entre quatre plateformes:
– J1: Porsche Taycan et Audi e-tron GT
– MLB Evo: Audi e-tron et e-tron Sportback
– PPE: Premium Platform Electric, débutant avec le Porsche Macan mk2
– MEB: VW ID.3, ID.4, ID. 5, Seat el-Born, Audi Q4 e-tron, Skoda Vision iV (etc …)
Il est désormais question d’une MEB de deuxième génération qui sera moins chère que la MEB de première génération. VW appuie d’ailleurs le fait que le développement de la MEB Gen 1 a débuté en 2015.
Avec la plateforme MEB et l’ID.3 dès 30’000€, VW revendique la parité avec une Golf 7 diesel sur base du coût total d’exploitation, avec un coup de pouce des primes gouvernementales là où elles existent. Avec la deuxième vague de MEB, VW annonce la parité sur le prix d’achat sans aide d’état, soit grosso modo une ID.3 à moins de 25’000€ (le prix d’achat d’une Golf 7 1.6 TDI).
Les prévisions de croissance en volume amènent le groupe VW à 3 millions de voitures électriques à batterie, portées avant tout par la Chine (qui cible désormais un quota de 25% de voitures électrifiées en 2025), et l’Europe avec sa feuille de route CO2.
En Europe, le groupe VW prévoit de satisfaire aux cibles applicables à son mix d’automobiles en atteignant une part de 6% de voitures électriques en 2020 et de 26% en 2025:
Le scénario projette une disparition progressive du diesel, et une minorité d’hybrides plug-in. La conclusion de cet exposé de VW est que le plan produit du groupe va lui permettre de tenir les cibles fixées en négociant le virage électrique de manière rentable.
D’autres mesures de réduction des coûts incluent l’adoption de la budgétisation interne sur base zéro (pas de reconduction automatique des budgets de l’année précédente) dès 2020, le regroupement de véhicules en familles qui transcendent les marques et partagent une quantité accrue de composants tout en préservant une différentiation par le design.
La modularité, déjà forte dans le groupe VW, va être encore accrue avec une standardisation délibérée. Par exemple, toutes les marques et toutes les plateformes se standardiseront autour de deux types d’attaches de sièves avant: une pour les SUVs (position haute), une pour les berlines (position basse).
Le nombre de variantes moteur-transmission va également baisser. Au sein de la plateforme MQB (moteur à combustion transversal), le nombre de variantes va passer de 100 en 2019 à 60 en 2024. Sur la VW Golf 8, la baisse est déjà de 36% par rapport à la Golf 7.
L’automobile logicielle
A côté de l’électrification, la digitalisation de l’automobile est perçue comme une menace sur les perspectives de compétitivité des manufacturiers existants. Le groupe VW adresse ce point avec le constat suivant: la quantité de lignes de code logiciel embarqué est déjà considérable et va se multiplier dans les années 2020. Les fonctions de conduite autonome pourraient demander 1 milliard de lignes de code, 10 fois plus qu’un véhicule actuel.
VW confronte ce point en annonçant un plan d’investissement de 7 milliards d’euros dès 2020:
Avec cette présentation, le groupe VW veut démontrer à une audience d’investisseurs et analystes que la stratégie déployée leur permettra de continuer à dominer malgré les bouleversements à venir dans le secteur, et que le scepticisme sur la valeur de l’entreprise face à de nouveaux arrivants n’est pas justifié.
Plus que les arguments et projections présentées, ce sont bien les résultats effectifs des nouveaux produits électriques des différentes marques qui devront convaincre dès 2020.
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