Essai Cadillac CTS-V: la surprise
Mes premières tentatives de relances plus musclées procurent une sensation étonnante. Bien qu’en mode manuel et donc en prise, chaque pression sur la pédale de gaz s’accompagne d’une mise en régime du compresseur volumétrique qui donne la fausse impression que le convertisseur de couple de la boîte hydramatic patine en permanence, impression encore renforcée si l’on a configuré l’affichage pour montrer le manomètre de pression. Le compresseur est entraîné par le vilebrequin et donc tourne en permanence en proportion avec le régime moteur, mais la sonorité caractéristique varie fortement en fonction de l’ouverture des gaz.
Un compresseur volumétrique a l’avantage de ses inconvénients. La pression de suralimentation augmente avec le régime moteur, résultant dans un régime de couple maxi relativement élevé (3500 t/min) en comparaison avec les turbocompresseurs modernes, amenant une belle progression organique de la poussée, mais qui dilue l’arrivée du couple. La réponse moteur se rapproche donc plus d’un moteur atmo que d’un moteur turbo.
Les chiffres impressionnants annoncés présagent d’une brute sur-motorisée, mais les sensations lors des premières accélérations restent très civilisées, un caractère qui s’explique autant par la réponse moteur que par sa sonorité. Cadillac a voulu préserver une certaine discrétion, et même en bloquant l’échappement en mode Track, la bande son reste très discrète, probablement trop discrète. La dominante est le bruit d’aspirateur du compresseur, pas le grondement sourd et le staccato typique qu’on attend d’un V8 de 6.2 litres.
Mes premières opportunités de vraiment augmenter le rythme me sont offertes dans la jolie descente du Brünig vers Meiringen, et se traduisent par quelques surprises. Au premier freinage appuyé en approche d’épingle, panique à bord: le mordant des gros disques de 390 mm pincés par des étriers à six pistons est très convaincant, trop pour le détecteur d’obstacle qui sonne l’alarme et fait vibrer le placet du siège, et le prétensionneur de ceinture se déclenche et m’étrangle la taille et le thorax. Le passage en mode Piste permet d’éliminer le second dispositif, mais pas le premier, qui ne peut pas être complètement désactivé et reste chatouilleux.