Ventes stables en surface, mais des changements sous-jacents importants.
Les immatriculations d’automobiles neuves sur le marché suisse ont diminué de 0.6% au premier semestre 2018 à 157’910 exemplaires, se maintenant toutefois à un niveau historiquement élevé. Sur les douze derniers mois, 313’020 voitures ont été mises en circulation, en ligne avec des volumes annuels qui ont dépassé les 300’000 unités depuis 2011. La part des transmissions intégrales était de 48.4% au premier semestre (contre 46.3% à la même période en 2017, alors que les ventes de diesel se sont résorbées à 30.5% (37.5% l’an dernier).
Les immatriculations de voitures à propulsion dite alternative (hybrides, électriques, gaz naturel, hydrogène) ont atteint une part de 6.3% contre 4.9% au premier semestre 2017. Les hybrides représentent plus des deux tiers de cette catégorie, les électriques seulement un quart. Rapportées à l’ensemble du marché, la part des électriques sur le marché suisse est passée de 1.3 à 1.6% en un an. Le taux de croissance relatif est important (près de 20% par an), mais sur une base qui reste minuscule.
Marques: le retour des généralistes ?
Est-ce que le T-Roc permettra à Volkswagen de mettre un terme à l’érosion de ses parts de marché ? La marque reste solidement installée comme numéro 1 du marché suisse, mais elle a souffert du virage crossover. Le nouveau venu dans la gamme VW est la plus forte progression en volume du semestre.
Mercedes et BMW restent au coude à coude, mais les années de forte acquisition de parts de marché semblent derrière les grands constructeurs allemands, après huit années de vache grasses où leurs volumes cumulés ont augmenté de 67%.
Les constructeurs généralistes ont énormément souffert alors que les marques premium se développaient. Le premier semestre 2018 donne toutefois un indice d’inversion de tendance avec les performances de Ford et Renault.
Ford se distingue avec un premier semestre explosif à +14.3%, +7.0% si l’on prend les douze derniers mois comme base de calcul. Le trio Fiesta-Ka-Ecosport est responsable de cette percée. Renault se distingue également avec une croissance de 8.8%, 4.4% sur 12 mois. Les crossovers Koleos et Captur en sont la raison principale. Dacia réalise également un joli +9.0% grâce au nouveau Duster.
Au-delà du top 15, on remarque la performance de Jaguar (+39% au premier semestre) dont 78% des immatriculations proviennent des crossovers, F-Pace et E-Pace. Alfa Romeo surfe sur les livraisons de Stelvio: les ventes du crossover sont plus de deux fois supérieures à celles de la berline Giulia. A l’autre extrême mais toujours dans le groupe Fiat Chrysler, les ventes de Maserati dévissent de 37.6%, principalement du fait de la baisse d’intérêt pour le Levante.
Cette année 2018 marque l’introduction du cycle WLTP et des tests RDE (Real Driving Emissions) pour tous les types homologués, ce qui semble poser des problèmes à de nombreux constructeurs: introduction de filtres à particules sur les modèles essence, retards dans les procédures de vérification et d’homologation, voire même suppression pure et simple de certains modèles. Cette dynamique ne devrait pas avoir eu d’incidence sur les livraisons au premier semestre mais pourrait significativement impacter la deuxième moitié de 2018.
Modèles: la nouvelle reine Octavia
Depuis début 2017, la Skoda Octavia est devenue le premier modèle de Suisse, détrônant la VW Golf.
Si seulement 6 des 15 modèles les plus vendus sont des crossovers, leur part du marché suisse atteint désormais 39.7% selon notre segmentation, avec une offre redoutablement fragmentée.
Luxe ? Pas mal, merci !
Lamborghini et Ferrari ont eu un début d’année florissant, Lamborghini égalant presque en 6 mois la totalité des livraisons de Huracan réalisée en 2017.
Chez Ferrari, les chiffres paraissent élogieux, mais ils sont en baisse par rapport à la même période en 2016 et 2017. Peut-être que la montée en volume de la Portofino permettra d’inverser la tendance ces prochains mois.
Les livraisons de McLaren 720S décollent enfin: 44 voitures sont venues s’ajouter aux 23 immatriculées en 2017, contre seulement 18 570S & GT et 4 540C.
Alpine a livré 70 A110 Première Edition sur les six premiers mois sur la centaine commandée en Suisse. Le réel potentiel commercial de la berlinette sur le marché helvétique deviendra plus clair en 2019 lorsque les commandes régulières prendront le relais. Les références sont naturellement les 210 Alfa Romeo 4C livrées en 2014, ainsi que les volumes de Porsche Cayman.
Chez Porsche justement, on négocie adroitement l’érosion naturelle des ventes de Macan dont le facelift devrait apparaître au salon de Paris en Septembre.
La Suisse est un des pays à la plus forte concentration d’hypercars: 85 Ferrari LaFerrari, 53 Bugatti Veyron, 43 Porsche 918 Spyder, des chiffres impressionnants eu égard à la rareté de ces automobiles. Ce semestre a vu le contingent de Bugatti Chiron porté à 7 exemplaires.
Crossovers: compacts de préférence
La migration de la clientèle des berlines aux crossovers continue sans relâche, alimentée par le souhait de consommateurs de changer d’expérience de conduite, et une offre produit qui s’élargit constamment. La conséquence logique est une baisse des ventes de berlines dans les segments correspondants.
En projection linéaire sur le reste de l’année, segment par segment, il semble flagrant que les crossover vont afficher une solide croissance alors que les volumes de berlines correspondantes vont se contracter. Dans le segment C Premium, il se vend maintenant deux crossover pour une berline. Dans le segment D, les volumes étaient encore équivalents en 2017, mais les chiffres 2018 indiquent une orientation claire des choix des consommateurs.
Une taille au-dessus, le point de croisement a déjà été atteint en 2015.
Electriques: la BMW i3 devant
Impossible d’aborder les ventes de voitures électriques sans parler de Tesla. La saga de la mise en production du Model 3 (dont 1 exemplaire a été immatriculé en Suisse au mois de Mai) pourrait expliquer la baisse des livraisons de Model S & Model X, au prix d’une rallonge des délais de livraison. L’alternative est une érosion naturelle de la demande, plus compréhensible pour un Model S qui est dans sa cinquième année de production, moins pour le Model X qui a à peine deux ans.
La vedette des ventes de voitures électriques en Suisse est cependant la BMW i3, dont 607 exemplaires ont été mis sur les routes sur la période.
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