Essai Kia Sportage
J’ai relevé une consommation de 8.24 L/100km (7.8L/100km à 71 km/h de moyenne selon l’ordinateur de bord) qui illustre les effets combinés du maître-couple et du poids, une valeur à mettre en perspective avec les 6.04 L/100km mesurés récemment sur le Suzuki SX4 S-Cross, certes plus compact (4.30m contre 4.44m), mais aussi plus aérodynamique et surtout radicalement plus léger (400kg de moins sur nos balances). Au passage, le 2.0L CRDi n’est pas pourvu d’un système Stop-Start.
Sur autoroute, le Sportage offre un confort raisonnable, mais pas exempt de défauts. Le premier est la présence de bruits d’airs assez important en provenance du pare-brise et du toit panoramique vitré. Pourtant amateur de ces ouvertures sur l’azur, je me suis surpris à rabattre le volet de protection pour diminuer le bruit dans l’habitacle sur longs trajets. Ensuite, l’amortissement secondaire est très sec, rendant le Sportage sautillant et trépidant sur des revêtements qui ne mettent pas à mal d’autres véhicules. J’ai ainsi découvert des inégalités insoupçonnées sur des tronçons que je connais pourtant bien. Le moteur se fait oublier, tournant à des régimes paisibles (2000 t/min à 120 km/h) et supportant sans le moindre effort de croiser à 150 km/h par monts et par vaux. L’espace réservé aux passagers arrière est adéquat, la garde au toit étant juste suffisante pour accueillir un adulte. Le coffre de 564 litres est par contre spacieux, avec un plancher de chargement haut mais sans entrave.
Kia équipe la version Style d’une direction Flex Steer à assistance réglable, avec trois modes qu’on peut sélectionner sur le volant. Je n’ai pas été capable de déceler de différence significative entre ceux-ci. L’absence de maintien latéral des sièges est par contre flagrante dès qu’on hausse le rythme sur parcours sinueux ou attaque des giratoires avec tonus. L’équilibre en appui est prédictible pour le segment, privilégiant un sous-virage conséquent. La position haut perchée renforce l’impression de roulis et n’incite de toute manière guère à la conduite sportive.
Elle peut par contre inciter à l’aventure, en l’occurrence une route d’alpage escarpée. Je paie ici tribut aux crossovers, CUV et SUVs. Jamais je n’aurais osé entreprendre tel parcours avec une berline, alors qu’ici, avec un système 4×4 efficace, une garde au sol appréciable et des bas de caisse peu vulnérables, je n’ai pas hésité une seconde, et les premières ornières de neige et de terre n’ont guère tempéré mes ardeurs. J’ai finalement dû rebrousser chemin alors que les congères atteignaient 40cm de profondeur, mais là encore, faire demi-tour dans un mouchoir de poche entre pente escarpée et précipice fut un jeu d’enfant. On ne parle naturellement pas de franchissement ou d’off-road hardcore, mais les compromis consentis en termes de comportement routier sont partiellement compensés par des aptitudes au tout-chemin tout simplement hors de portée d’une berline routière. Encore faut-il en avoir l’utilité.
Au bilan, le Kia Sportage a la tâche difficile d’offrir une alternative haut de gamme au Hyundai ix35 dans un marché extrêmement concurrentiel avec un tarif qui le mettrait presque en concurrence avec les SUVs allemands, à commencer par le VW Tiguan. Aucun des bémols relevés dans cet essai n’est isolément rédhibitoire, mais leur somme pourrait susciter réflexion et pondération.