Essai Fiat Bravo 1.4 T-Jet: lauriers ou tomates ?
En mode manuel, l’absence de palettes au volant de série (et facturées CHF 200.-) est à déplorer, obligeant dès lors à passer les rapports au moyen du levier au plancher. En l’espèce, je ne vois pas vraiment l’intérêt de proposer une boîte séquentielle s’il n’y a pas la possibilité de changer les rapports sans lâcher le volant. Le temps de réaction et la gestion du changement de vitesses ont également été améliorés de manière très significative depuis la 156 Selespeed. Il ne faudra pas non plus trop lui en demander, comme des rétrogradages à la volée façon Felipe Massa avant l’entrée dans une épingle. Mais le compromis trouvé correspond bien, encore une fois, à une conduite de sénateur.
Vous l’aurez compris, la Bravo n’accepte pas volontiers d’être menée aussi énergiquement que le permettrait son moteur fougueux. Et cela se ressent dans son comportement, notamment avec la perte de motricité au démarrage, où il n’est par rare de faire cirer les pneus au passage d’un feu au vert. Et l’antipatinage semble très vite dépassé par les chevaux déboulant sur le train avant. Ensuite, la direction à assistance électrique, reprise de la Stilo, s’avère fort peu communicative et floue sur revêtement abîmé. A son avantage, en mode « City », la démultiplication est telle qu’il est possible de manœuvrer l’auto avec un seul doigt. Attention particulièrement appréciée de la gente féminine urbaine. Ce système se désactive automatiquement au-delà de 70 km/h. Les freins quant à eux sont endurants, efficaces, mais à l’attaque très brutale. La pédale est « morte » sur quelques millimètres et mord d’un seul coup les disques. Question d’habitude.
Bien qu’issu de la Stilo, l’amortissement a été profondément remanié et est maintenant digne d’être monté sur un châssis. La filtration des aspérités de la route est excellente et la prise de roulis en appui, bien que conséquente, ne péjore en rien la tenue de route. Sur l’asphalte dégradé, quelques vibrations se font cependant ressentir, mais rien de bien méchant. Le châssis s’avère particulièrement prévenant, les trajectoires et la tenue de cap sont saines.
C’est sur la consommation que j’attendais la Bravo au tournant… et avec raison. Annoncées par Turin à 8.7 L/100km en ville, 5.6 L sur autoroute et 6.7 L en mixte, les mesures de consommation me parurent plus qu’optimistes, surtout avec un turbo. Durant les quelques jours qu’a duré notre essai, j’ai mesuré une moyenne minimum à 6.4 L/100 km sur des trajets à 80% autoroutiers, et le maximum à 14.5 L en conduite soutenue, notamment dans nos cols alpins. La moyenne générale de l’essai se monte à 9.7 L/100km. A noter que l’ordinateur de bord est relativement bien calibré, présentant un écart moyen de 0.2 L/100km avec la mesure à la pompe. Ceci dit, le downsizing de Fiat ne rempli que partiellement ses objectifs de consommation, car au final celle-ci est sensiblement la même qu’un moteur d’une cylindrée de 2 litres, par exemple. Peut-être aurait-il fallu y adjoindre une injection directe, comme sur la VW Golf 1.4 TSI 122.
Au final, Fiat nous délivre une compacte polyvalente à l’esthétique réussie, au caractère et agrément moteur bien italiens, ainsi que des qualités dynamiques conformes aux attentes. L’intérieur est en net progrès avec un choix des matériaux original et une finition plus soignée que dans les modèles précédents, sans toutefois mettre en péril l’hégémonie allemande en la matière. L’aspect pratique n’a pas non plus été écarté en offrant une bonne habitabilité, un coffre au volume conséquent et un équipement riche.
Seuls la consommation, décevante en regard des attentes et le manque de visibilité périphérique sont pour moi les deux points noirs de cette Bravo. Bien que n’étant pas partis d’une page blanche, les ingénieurs transalpins ont su corriger les erreurs commises avec la Stilo. A mon sens la Bravo constitue plus une alternative aux Golf qu’une réelle concurrente, notamment grâce à son style, ses moteurs et surtout son rapport prix/équipement.
Alors, lauriers ou tomates ? La Bravo n’entrera certainement pas au Panthéon des compactes mais ne mérite pas non plus d’être jetée en pâture aux lions. Dans la bataille sanguinaire que se livrent les constructeurs dans le segment des compactes, Fiat s’en sort indéniablement avec les honneurs !
Fiat Bravo 1.4 T-Jet 120 MTA Emotion | VW Golf 1.4 TSI 122 Highline DSG | Toyota Auris 1.6 VVT-I Linea Sol Multimode | Peugeot 308 1.6 VTI 120 | |
Moteur | 4 cyl., 1368 cm3, Turbo | 4 cyl, 1390 cm3, Turbo | 4 cyl, 1598 cm3 | 4 cyl, 1598 cm3 |
Transmission | Traction | Traction | Traction | Traction |
Boite de vitesse | 6, automatisée | 7, automatisée (double embrayage) | 5, automatisée | 4, automatique |
RPP (kg/ch) | 11.13 | 10.17 | 11.22 | 11.56 |
Poids à vide (constr.) | 1378 (1335 kg) | (1241 kg) | (1380 kg) | (1387 kg) |
Puissance (ch/régime) | 120 / 5000 | 122 / 5000 | 123 / 6000 | 120 / 6000 |
Couple (Nm/régime) | 206 / 1750 | 200 / 1500 | 157 / 5200 | 160 / 4250 |
0-100 km/h | 9.6 sec | 9.5 sec | 10.4 sec | 13 sec |
Vitesse max. | 197 km/h | 200 km/h | 190 km/h | 188 km/h |
Conso. mixte (constr.) | 9.7 (6.5) | (6.0) | (7.1) | (7.3) |
Pneumatique | 205/55 R16 | 205/55 R16 | 205/55 R16 | 195/65 R 15 |
Prix de base (CHF) | 31’150.- | 35’470.- | 32’940.- | 29’600.- |
Prix de base (EUR) | 18’550.- | 25’150.- | 21’300.- | 21’900.- |
Nos chaleureux remerciements à Fiat Group Automobiles Switzerland S.A.
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