Essai Jaguar XF
En voiture Camilla !
Ce qui frappe d’emblée au volant de la XF est le silence de fonctionnement. La cabine est parfaitement insonorisée et il faut tendre l’oreille pour distinguer les ronronnements du V8 4.2. L’ambiance à bord relève bien plus de St-James que des faubourgs de Delhi. Ainsi suffira-t-il de se servir un verre du meilleur whisky et de glisser quelques morceaux de jazz dans la chaîne Bowers et Wilkins pour se sentir aussi à l’aise que dans un gentlemen’s club londonien. L’honneur est sauf !
Autre constat, les 298 chevaux du V8 4.2 sont en forme et réussissent à mouvoir sans difficulté la XF malgré une masse à vide de plus de 1,8 tonnes. Un simple effleurement de l’accélérateur libère la cavalerie et si l’on ajoute à cela le silence évoqué plus haut et le fait que, de jour, il est impossible de lire la vitesse affichée sur le tableau de bord, on se retrouve avec un engin capable de réduire sérieusement l’espérance de vie de son permis de conduire si l’on n’est pas assez attentif.
C’est particulièrement le cas sur autoroute où la XF avale les kilomètres dans un confort et un silence, encore une fois, absolus. Rien ne perturbe l’engin et si d’aventure un obstacle vient à encombrer la voie de gauche, la Jaguar sait très bien ralentir avant de reprendre son rythme de croisière dans un flegme tout britannique.
Le tableau s’assombrit lorsque l’on quitte l’autoroute, terrain de jeu finalement sans grandes difficultés, pour les petites routes qui jalonnent les coteaux du Jura Vaudois. Si là aussi la Jaguar sait se déplacer très rapidement d’un virage à l’autre, l’amortissement pas assez ferme et la direction trop assistée tempèrent les ardeurs lorsqu’il s’agit d’attaquer et d’enchaîner les courbes. Sur le sec seulement, où la tenue de route reste excellente. Car sur les revêtements gras ou mouillés, elle devient bien moins sécurisante et impose la prudence si l’on veut exploiter la puissance du V8.
Ainsi, la vocation de la Jaguar XF 4.2 est celle d’une berline sportive et non d’une sportive spacieuse. Nuance. Peut-être un amortissement piloté pourvu d’un mode sport changerait-il la donne ? Parlant de mode sport, si la boîte automatique en est pourvue, on peut s’interroger de son utilité compte tenu du style de conduite qu’impose XF 4.2. Le passage des vitesses ne semble pas plus rapide ce qui amène à renoncer aux palettes pour laisser faire l’électronique.
De retour en ville, le confort exceptionnel de la Jaguar nous fait soudain nous réjouir des bouchons pour profiter de ce salon roulant. Aussi longtemps que possible d’ailleurs car dès qu’il s’agit de manœuvrer dans le trafic et passer d’un parking souterrain à un autre, les dimensions imposantes de la voiture et la mauvaise visibilité à l’arrière, malgré la caméra, nous fait comprendre que de s’évertuer à se déplacer en ville au moyen de la XF ne relève pas du bon sens. Ou alors faut-il apprécier l’éducation anglaise.
Malgré ses quelques défauts, la Jaguar XF est une voiture particulièrement attachante. Véritable dévoreuse de kilomètres, elle fera la joie de ceux qui ont à se déplacer sur de longues distances et qui souhaitent le faire dans un confort de première classe. Quant à moi, je reste rassuré d’avoir conservé l’intérêt, malgré la quarantaine passée, pour les châssis rigides, les directions plus dures et les boîtes manuelles. Mais rien ne dit que dans dix ou vingt ans, dans la mesure où les voitures resteront notre principal moyen de locomotion, je ne craque pas pour une… indienne !