Essai Porsche Cayman S
A l’instar de la 997, l’option boîte courte est disponible, mais la commande de boîte d’origine est excellente. Difficile d’en dire autant de la course de la pédale de frein, un peu spongieuse. La force de freinage dépend plus du déplacement que de la pression, un peu le même travers dans lequel Audi tombe trop souvent. Surprenant venant de la part de Porsche, ceci ne remet cependant pas en cause l’efficacité du système.
Personnalité, performances, tenue de route, plaisir de conduite, qualité de réalisation, une silhouette qui plaît, Porsche signe un produit très réussi. Le rapport prix prestations est parfaitement justifié, surtout si on tient compte de l’image flatteuse et de la définition qui en fait plus une mini-GT qu’un jouet pour les beaux jours. On trouve dans la production japonaise de très bon coupés sportifs pour nettement moins cher (Nissan 350Z par exemple), mais la qualité de réalisation est incomparable, et les prestations clairement en retrait. Chez les allemands, une M3 E46 en fin de vie reste une alternative tentante, plus pratique mais aussi plus conventionnelle, moins exclusive, moins attachante aussi.
Difficile d’éluder la concurrence fratricide avec la 997 Carrera « de base » dont le tarif semble presque disproportionné en comparaison. Sous cet angle, la Cayman S est une véritable affaire, avec à la clé une économie de 25 à 30’000 francs … et la possibilité de les placer sous des cieux cléments.
Deuxième opinion – Pierre Moret
Ce matin, surprise! Un copain me proposait de l’accompagner pour un petit test du Cayman S. Comme il ne connaît pas trop la région de ZH, je ne pouvais vraiment pas le laisser rouler tout seul. Me suis donc sacrifié pour l’accompagner et lire la carte. A la prise de contact, rien de bien neuf. Le Cayman est maintenant connu, donc pas de surprise de le voir à nouveau en vrai. Petit tour extérieur d’abord pour la forme. Marrant, le hayon arrière s’ouvre ‘achement haut si on le veut. Pour les nains, s’agit pas de l’ouvrir trop fort sans le retenir, sinon faudra une échelle pour le refermer ! Bref, entrons.
Mon pote prend la place du roi et moi celle du mort (de trouille). La première constatation est du style: “ben ils se sont pas fait péter le budget sur les options!”… Notre crocodile est un ascète: pas de PASM, pas de Sport Chrono, pas de… pas de rien du tout. Rien qui ressemble de près ou de loin à une option, mais comme on est chez Porsche, il devait quand même y en avoir pour qques milliers de francs. Non, sérieusement, je n’ai pas vérifié la liste des options, mais notre véhicule de presse était vraiment peu doté. Du coup, on se retrouve à pomper comme des Shadoks pour régler la hauteur des sièges. Tiens, au fait, les sièges m’ont fait bonne impression. Le dossier est assez haut pour que même un zigoto de 1.89m dans mon genre ait l’appuie-tête à la bonne hauteur. Bien bien. Le maintien latéral est pas mal du tout pour un siège ‘normal’. Quant au reste de l’intérieur, rien de spécial à signaler: Boxster-like. Bon. Assez de blabla. Passons au vroum-vroum.
Mon collègue (également 911 turboïste) lance donc la bête sur la route. La bande sonore est sympa. Discret au besoin, hurleur sur commande du pied droit. Vu du siège passager, la chose a l’air d’accélérer pas mal, même si je me demande parfois s’il a vraiment le pied au plancher. Sur ma demande, l’intéressé me fait signe que oui. Ah. Bon. C’est là qu’on se dit que notre couple de tapettes risque de regretter celui de nos turbos habituels… On sort de Zürich pour tomber sur une petite route de campagne qui gravit et redescend une colline avec des lignes droites et des virages tout plein. Nickel. Après qques montées-descentes-montées-descentes, je trouve un bon plan pour prendre l’air sans avouer que je suis en train de devenir vert (notez la rime): je propose de rester au bord de la route pour prendre quelques photos au passage. aaah… du coup, ça va mieux. Et c’est là que je me rends compte que cet alligator-là, il a un joli brin de voix quand il veut! Gaz ouverts, il hurle sa rage de ses petits poumons bien nerveux. Vraiment sympa. Bon. A moi de jouer. Je m’installe aux commandes et commence par virer le tapis en caoutchouc qui risque de se prendre les pieds dans les miens. Moi qui ai toujours de la peine à me sentir bien dans une voiture inconnue, je suis rassuré: c’est bien une Porsche. Position de conduite digne d’Adèle, c’est-à-dire nickel. Je décide d’ignorer les 36’000 boutons de la radio et autres gadgets de la console centrale. Le bouton “PSM off” (ESP off) me fait de l’oeil, mais je décide sagement de l’ignorer aussi. La mission consiste également à ramener le croco vivant et pas sous forme de valise …
C’est donc au tour de mon pote de se les geler (malheureusement pour lui pas au feu, le pote) pendant que je joue à monter-descendre-monter-descendre la colline. Bon, comme c’est “sa” voiture, je me limite à 2 passages (greffier, notez: je suis bien brave). AHA!… Sympa, ce petit moteur atmo. Ca réagit au quart d’orteil. Euh… mais c’est tout ?… ah ouais: c’est pas la Turbo. Ok, donc peu de couple, mais on peut monter dans les tours. En fait, on doit monter si on veut s’amuser. Montons donc. Simpatico. Les vitesses passent bien, même si le débattement du levier pourrait être plus court (en option je crois). Premier freinage léger: hmmm ? Un peu mou: freins normaux, pas de PCCB, évidemment. Je re-pousse donc “un peu”, et j’écrase la pédale du milieu: mouais. D’accord, on est en pneus d’hiver (Continental), mais le freinage me semble malgré tout en peu mou. Sur un gros freinage, il me manque cette impression que la voiture se scotche à la route et que les yeux sortent des orbites. Encore une fois, c’est probablement la mauvaise influence des freins de la Turbo, mais je trouve ceux du croco un peu mollasson. Par contre, pas de fading à l’horizon (même s’il faudrait pousser plus pour tester vraiment). Oh, et le feeling de la pédale de freins est bien loin de ce que j’ai ressenti il y a quelque temps sur une Golf: bien dosable et sans cet effet de on-off que j’abhorre. Merci maman Porsche.