Contact: Chrysler 300C Touring
La version break de la Chrysler 300C à l’examen.
Une voiture de gangsters, voilà à quoi fait penser la Chrysler 300C. La calandre massive peut sans doute servir à renverser les gars du gang d’en face, et cette ligne de caisse étrangement haute permet de minimiser les surfaces vitrées, histoire d’échapper aux balles de Thompson. C’est une américaine, ce qui devrait me dissuader de la considérer comme un véhicule potentiel… mais après avoir récemment essayé la Corvette C6, je ne m’autorise plus de jugement hâtif sur les voitures d’outre-Atlantique.
C’est en tant que client potentiel, et non en tant qu’essayeur Asphalte, que j’ai pris rendez-vous avec la bête. 340 cv, un bon gros V8 de 5,7, de la place en abondance, comme le cahier des charges familial l’exige, placent en effet la Chrysler sur la liste des prétendantes pour mon propre usage. Je commence par une bourde, en demandant à essayer la version touring, qui pour une raison obscure me semble être la version limousine. C’est un break grondant, d’une longueur approximative de vingt-neuf mètres, subjectivement, qui apparaît au bout de quelques minutes, superbe dans sa livrée.. noire.
Notre monture d’essai est donc un break, version 5,5l de 340 cv, quatre roues motrices ; mais d’autres versions sont disponibles, principalement avec un V6 de moins-de-chevaux (249), deux roues motrices ou Sedan (ce qui en langage ricain signifie sans doute limousine). La bête est impressionnante, et possède ce côté sexy des brutes aux aracades sourcilières proéminentes et rasage approximatif qui font craquer les femmes bien qu’elles s’en défendent. Même si le chrome remplace le poil, ma digne épouse se révèle effectivement séduite par le charisme brutal de l’engin.
A l’intérieur, c’est une autre tonalité. Cuir clair, noyer par ci par la et surtout sur le volant (pas forcément à mon goût), un tableau de bord qui s’étend à l’infini pour rencontrer le pare-brise. Pas de suréquipement en gadgets, ceci dit. Le porte gobelets de rigueur est au rendez-vous, bien sûr. Le moteur est feutré mais bien présent, depuis le démarrage jusqu’aux premières montées dans les tours.
Je n’ai pas besoin de lire sur le visage de Madame, qui essaye la voiture en premier, pour savoir que l’amortissement est resté de l’autre côté de l’océan. La position haut perché accentue encore la sensation de flottement : l’auto est certainement beaucoup trop amortie pour pouvoir attaquer un virage. En ligne droite, la puissance et le couple du moteur font illusion, mais pas question de prendre trop d’assurance dans les courbes…
A mon tour de conduire, et l’impression du passager se confirme immédiatement. C’est un peu comme si les presque deux tonnes du véhicule avaient été montées sur un matelas à eau… Mieux vaut se relaxer et doubler en ligne droite, pas question de lancer la voiture à vive allure dans une enfilade de virages. Peut être un conducteur plus habile s’amuserait-il à balancer la voiture de travers en travers. En tout cas, sur un rond-point, même en déconnectant ce qui est déconnectable, on sous-vire, au pire. Sécurisant, mais pas joueur.
La boîte de vitesse est assez lente, on a du mal à prédire si finalement cette troisième va venir avant le virage ou pas – c’est un jeu de hasard, qui une fois de plus incite à rouler zen plutôt qu’attaquer. Le système Autostick® est assez rigolo bien que déconcertant initialement : pousser le levier de vitesse à gauche ou à droite pour rétrograder ou passer la vitesse supérieure est peu intuitif. Le test du tunnel est assez moyennement réussi. Comme sur la plupart des moteurs US (bien que celui-ci soit a priori le fruit de la coopération avec Daimler-Benz ?), le régime maximal assez bas ne laisse pas le loisir d’apprécier très longtemps la basse du V8.
Vu le tarif, la Chrysler représente sans doute une excellente alternative à la sempiternelle Audi pour les familles qui veulent un véhicule hors norme, mais il ne peut rivaliser avec ces voitures lorsqu’il s’agit d’initier les passagers aux joies du coca renversé sur les genoux, pour cause de virages abordés avec enthousiasme. Une voiture de gangsters, certes, mais pas de quoi échapper aux Subarus de la gendarmerie française.
Caractéristiques
Moteur : V8 de 5654 cm3
Puissance : 340 cv à 5000 t/min
Couple: 525 Nm à 4000 tr/min
Transmission: Propulsion ou 4 roues motries (All Wheel Drive)
Boîte automatique 5 rapports avec Autostick
Vitesse max: 250 km / h
0-100 km/h: 6,4 sec
Poids à vide: 1824 kg
Prix : 75 500 CHF (touring / AWD / 5,7) ou 69 500 CHF (Sedan / Propulsion / 5,7).