Essai Bentley Bentayga: l’évidence
Les palaces rénovés de Gstaad font écho à merveille à l’essence du Bentayga. Une marque bientôt centenaire (le 18 Janvier 2019) qui réussit le grand écart entre un héritage classique et des technologies modernes. Des technologies qui permettent au W12 d’avoir un appétit modéré pour le Super 98: nous avons relevé 15.7 L/100km au rythme soutenu de cet essai. En regard des performances, du poids et de la nature du parcours, c’est remarquable.
Depuis Chateau d’Oex, les gorges du Pissot nous ramènent sur l’Etivaz puis le col des Mosses. Un parcours sinueux, rythmé, épousant les contours de la roche. J’adopte un rythme élevé, et le Bentayga encaisse sans broncher, enquillant ces enfilades incessantes à des vitesses nettement supérieures à ce que la physique devrait permettre à un SUV de ce gabarit. Ni roulis, ni plongée lors de freinage puissants, ni cabrage lorsque les 900 Nm catapultent l’équipage vers le prochain virage. L’expérience est un peu détachée, aseptisée par la hauteur et le filtrage de la direction, mais intéressante. Plus les impulsions d’accélération, freinage et direction sont précises et mesurées, plus la formidable enveloppe de performance peut-être exploitée. La démonstration impose plus que le respect, elle euphorise. Une capacité de voyage hors du commun et sans beaucoup de concurrence, mais aussi la capacité de divertir en conduite sportive et, s’il le fallait, de donner du fil à retordre à plus d’une GT sur route ouverte.
Construire le Bentayga était une évidence pour Bentley, qui se retrouve quasiment seul sur ce segment de marché, en attendant le SUV Lamborghini et l’arrivée future de Rolls Royce sur le segment. En comparaison directe, un Porsche Cayenne Turbo S semble pouvoir rivaliser sur le papier en termes de performances, mais ni sa mécanique ni son intérieur n’arrivent à la cheville du Bentayga en termes de raffinement. Le désormais produit vedette de Bentley va sans doute faire beaucoup d’ombre à la Flying Spur. Plus cool, plus pratique, plus pragmatique, il est difficile de trouver à la limousine une raison d’être autre que statutaire. L’autre évidence qui s’est imposée au fil de cet essais est que le Bentayga est non seulement le SUV le plus puissant et le plus rapide sur le marché, mais probablement le meilleur et sans doute le plus désirable. La clientèle a d’ailleurs voté avec son portefeuille: la première année de production était déjà vendue en Septembre 2015 alors que les premières livraisons aux clients n’ont débuté qu’en mars 2016. Le volume de production pour cette première année de commercialisation a d’ailleurs été majoré de 40% à 5000 unités. A parution, il faut compter avec douze à quatorze mois de délais pour une nouvelle commande.