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Essai Alfa Romeo 4C: Cuore Esotico ?

Essai Alfa Romeo 4C

La 4C demande un temps d’adaptation. Le couple moteur omniprésent avec tous les bruits de plomberie de la suralimentation, des interfaces physiques et une ergonomie perfectible n’en font pas le genre d’auto qui met immédiatement à l’aise. Laissant le Grimsel à une pluie désormais insistante, nous redescendons sur Innetkirchen pour piquer vers l’est et les splendeurs du Susten. De camionesque à l’arrêt (le diamètre de braquage est d’ailleurs aussi conséquent que la visibilité arrière réellement problématique en manoeuvres, même dans le contexte d’une berlinette transalpine), la direction non assistée s’allège en roulant à rythme mesuré mais redevient physique dès que le rythme et les appuis augmentent. L’effet est magnifié par le manque de maintien des sièges: les rembourrages latéraux et le retour sur les épaules sont insuffisant pour maintenir le tronc. Fort heureusement, l’absence de pédale d’embrayage permet d’établir un point d’appui avec le pied gauche, fermement ancré contre le passage de roue, mais c’est plus un pis-aller qu’une solution.

Essai Alfa Romeo 4C Essai Alfa Romeo 4C

Chaque rectiligne est l’occasion d’exploiter la santé surprenante du 1.75L, presque explosive sur les 2 et 3ème rapports, une sensation renforcée par la faible hauteur d’assise et le niveau sonore. Le couple est omniprésent et se joue facilement des 1022 kg de l’auto. En plus du tramlining insistant, la direction a également tendance à se figer en appui, et le train avant supporte mal les inégalités, même si elles sont ténues, s’écartant de sa ligne en sautillant. Il faut réellement se battre pour tenir une ligne propre, et trop souvent, il faut concéder défaite. Le gabarit de la 4C devrait faire merveille sur ce tracé exigeant et étroit – un des plus beaux des Alpes, mais ce châssis caractériel me force à rester constamment sur mes gardes. Les ripages du train avant en manoeuvres trahissent une géométrie agressive, probablement destinée à atténuer le sous-virage.

Essai Alfa Romeo 4C

La 4C bénéficie naturellement de l’agilité que lui confèrent son architecture et son poids. Centre de gravité bas, empattement court (2380 mm), porte-à-faux minimes et faible moment d’inertie rendent les prises et changements d’appuis agressifs, mais exploiter ce potentiel sur route ouverte est rendu délicat par l’imprévisibilité des réactions du châssis. L’absence d’assistance sur le circuit de freinage le rend difficile à doser, les blocages sont fréquents, même sur le sec, et l’ABS plutôt lent dans ses réactions. Dans ce contexte, la boîte robotisée fournit une prestation honorable. Elle est raisonnablement rapide, prédictible, et si il est possible de la prendre en défaut sur des rétrogradages de troisième en deuxième, elle n’est – de loin – pas au sommet de ma liste de doléances.

La 4C ne fournit pas l’expérience pure et analogique d’une auto vierge de toute assistance. Les interfaces sont brutes et peinent à mettre en confiance pour puiser dans les réserves de grip, et une fois le voile de l’acclimatation dissipé, on découvre un châssis pour le moins imparfait. Il en va de même avec la réponse de la pédale de gaz et la désagréable sensation d’over-run lorsqu’on lève le pied brusquement pour sauter sur des freins délicats à doser. Sur le papier, la définition parait alléchante, mais le rendu est décevant. Je ne parviens pas à surmonter la phase d’acclimatation pour trouver mes marques. Le déclic qui survient lorsqu’on monte dans une Lotus ou une Caterham est ici quête vaine, faute d’un développement inachevé. Il en ressort paradoxalement la sensation d’une auto sur-motorisée et manquant singulièrement de mise-au-point. Une idée ambitieuse, mais un produit inachevé, confondant rugosité et rigueur.

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Une averse de pluie nous oblige à écourter notre séance photo et nous nous retrouvons au restaurant pour partager nos avis sur cette Alfa Romeo. Nous débattons de la pertinence d’une 4C par rapport à une Porsche Cayman, d’un prix similaire. En conclusion, il paraît clair que cette Alfa Romeo ne va pas convenir aux amateurs de GT, la prise en main en conduite rapide est ingrate et le résultat mitigé. Les performances sont au rendez-vous, les sensations aussi. Le design est très réussi: la voiture est racée, elle attire les regards et la sympathie des passants, pour preuve le nombre de personnes nous ayant abordé pour la voir de plus près. Mais cette Alfa Romeo reste un produit avec un domaine d’utilisation réduit qui en fait une voiture pour une catégorie d’acheteur bien définie. Elle aura bien du mal à convaincre au-delà de cette niche d’inconditionnels de la marque ou du look ravageur de la 4C. Exotique ? Résolument.

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