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Essai Seat Leon ST FR

Seat Leon ST FR TDI Phares à LED Seat Leon ST FR TDI

Comme la Golf VII, la Leon ST dispose de 4 modes de conduite agissant sur de nombreux paramètres de l’auto. Le mode Normal est polyvalent et assez bien jugé, et comme de coûtume, le mode Sport aberrant, maintenant des régimes désagréablement élevés. Le mode Eco se distingue par le passage en roue libre dès la levée des gaz, supprimant ainsi tout frein moteur jusqu’à ce qu’on actionne la pédale de freins. Une bonne idée en théorie, mais qui pousse l’éco-drive jusqu’à des extrêmes que je trouve accidentogènes: la roue libre incite à entamer les distances de sécurité avec le véhicule précédant pour éviter d’avoir à actionner la pédale de frein et ré-enclencher le frein moteur. Ce mode donne toutefois la pleine mesure de la faible résistance de roulement et des distances considérables qui peuvent être parcourues sur la lancée de l’auto dès la moindre déclivité.

Essai Seat Leon ST FR TDI 184

Le mode Eco pousse toutefois l’utilisation de bas régimes jusqu’à l’absurde, flirtant avec l’étouffement du 4 cylindres sur des pentes plus prononcées. A l’autre extrême de la plage de régimes, la graduation du compte-tours jusqu’à 5000 t/min laisse espérer une allonge appréciable, mais en pratique c’est un leurre. Ce TDI 184 est certes capable de prendre 5000 t/min, mais l’exercice n’a aucun intérêt. Ni en termes de performances, par exemple en dépassement, où la rapidité de la boîte à double embrayage permet de passer le rapport supérieur sans interruption de couple, ni en termes de plaisir de conduite. Passé 4000 t/min, le couple retombe brutalement, la sonorité devient plus aigüe, presque étranglée.

Seat Leon ST FR TDI 184

Alors quid de ce TDI 184 ? Objectivement, c’est un choix parfaitement défendable du point de vue de l’agrément de conduite. Avec de tels progrès dans le rendement et la plage de régime utilisable, rouler en turbodiesel n’est plus la punition d’antan, le sacrifice de tout plaisir au volant sur l’autel d’une mobilité frugale. Même la sonorité est parfois plaisante, plus rauque et résonnante qu’à l’acoutumée sur de tels propulseurs. L’EA288 est le premier 4 cylindres diesel qu’il m’est donné de conduire où il y a plus à attendre que des râclements rappelant les quintes de toux matinales d’un fumeur de Boyards. Les traits caractéristiques sont certes présents, mais on décèle aussi des harmoniques un peu plus flatteuse, un timbre qui émerge parfois et surprend.

Essai Seat Leon ST FR TDI 184 Essai Seat Leon ST FR TDI 184

La consommation remplit également le cahier des charges, avec une moyenne mesurée à 5.88 L/100km sur les 1000km de cet essai. La valeur est certes bien éloignée de la schizophrénie du cycle mixte NEDC (4.7 L/100km), mais impressionne favoralement eu égard aux conditions de l’essai, y compris 500km d’autoroute à des vitesses de croisières amendables. La consommation aurait d’ailleurs été plus faible si le groupe VW se décidait enfin à lancer une boîte DSG transversale à 7 rapports capable d’encaisser les couples maxi de ses modèles MQB les plus musclés, une carrence qui déssert non seulement cette Leon ST TDI 184, mais également, pour n’en citer que quelques unes, les VW Golf GTI et Golf R ou l’Audi S3. Le sixième rapport tire 2500 t/min à 150 km/h affichés, une septième un peu plus longue aurait contributé à abaisser la consommation réelle des gros rouleurs.

L’équation économique est, elle, plus difficile à résoudre. Nous allons y revenir dans deux paragraphes, après une courte excursion dans les méandres du catalogue Seat.

Essai Seat Leon ST FR TDI 184

La finition FR est le troisième échelon de finition chez Seat après les exécutions Entry et Reference, quasiment sur pied d’égalité avec la version Style. Le 2.0L TDI 184 chevaux n’est disponible qu’en finition FR. Pour une transmission intégrale, il faut se rabattre sur les 1.6L TDI 105 ou 2.0L TDI 150, et ces versions 4×4 ne sont livrables qu’avec la boîte manuelle à 6 rapports. Il faut passer chez Audi pour trouver ce TDI 184 en transmission Quattro avec boîte de vitesses à double embrayage, mais avec le format nettement plus exigü de l’A3 et un tarif substantiellement plus élevé (Audi A3 Sportback Attraction 2.0 TDI 184ch S-tronic Quattro: 45050 CHF). La version essence comparable au TDI 184 est le TSI 180, disponible en boîte manuelle (33’250 CHF/27’10€) ou DSG7 (35’250 CHF/29’310€). La version diesel est donc 3500 CHF (2405 € au catalogue français) plus chère à finition égale, soit 10%. Une différence considérable qu’il faudra retrouver sur la consommation moindre, 4.7 L/100km contre 5.8 L/100km selon le résolument optimiste cycle NEDC.

Sur un plan financier, il s’agit donc d’amortir les 3500 CHF de surcoût du TDI 184 sur sa plus faible consommation. Posons ainsi deux hypothèses:
1) le prix du diesel est égal à celui du sans plomb 95, ce qui en Suisse est extrêmement optimiste, nous le plaçons à 1.80 CHF/litre (1.48€/L),
2) la différence de consommation entre TDI 184 et TSI 180 est de 1.7 L/100km, ce qui placerait le TSI 180 à 7.6L/100km, une valeur plus défavorable que les 19% de différence sur la consommation normalisée.

Le point de rentabilité  pour récupérer le surcoût du diesel est donc: Distance = 3500 CHF/(1.7 L/100km * 1.80 CHF/L) * 100 = 114’300 km. D’autres facteurs tels que la valeur de revente ou la fiscalité d’immatriculation peuvent également jouer un rôle, mais le point est établi: réaliser une économie réelle avec le choix du diesel n’est, dans le cas de cette Leon TDI 184, pas une évidence.

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