Essai VW Golf VII R

A l’essai la Golf R, sommet de la gamme de la voiture la plus vendue en Suisse.

La VW Golf domine outrageusement le marché suisse depuis des lustres, elle semble taillée pour notre pays. Nous avons aujourd’hui le privilège de conduire la version R coiffant une gamme très complète comprenant une dizaine de motorisations différentes, et de nombreuses versions d’équipements. VW a depuis le début de la Golf proposé une version musclée, la première GTI a assuré ce rôle ensuite nous avons eu les versions G60 puis VR6, pour arriver à une dénomination proche de l’actuelle avec la R32 sortie en 2002 sur la quatrième génération de Golf.

Si les premières Golf R32 étaient propulsées par des moteurs atmosphériques V6 de 3.2 l, le modèle passa à la sixième génération au moteur turbo 2 litres 4 cylindres de la banque d’organes du groupe VW. L’évocation de la cylindrée dans le nom de la version disparut dans la foulée, la Golf R32 devint Golf R.  Ce moteur 2 litres turbo à injection directe d’essence développe 300ch de 5500 tr/ min à 6200 tr/min. et un couple de 380 Nm de 1800 tr/min à 5500 tr/min. Ces chiffres correspondent exactement à ceux de l’Audi S3 testée il y a quelques temps. Ces deux modèles partagent la même plateforme MQB inaugurée par l’actuelle Audi A3. Les performances sont les suivantes : accélération 0-100 km/h en 5.1s et vitesse maximale limitée à 250 km/h.

La transmission aux quatre roues est aussi une des caractéristiques de ce modèle et, probablement, un des éléments clés dans son succès commercial en Suisse. Equipée d’un coupleur Haldex de cinquième génération, elle permet de gérer la quantité de couple envoyée au train arrière en fonction des conditions d’adhérence. Notre voiture de test est équipée d’une boite manuelle à six vitesses. En option, il est possible d’obtenir une boite double-embrayage à commande séquentielle, également à 6 rapports.

Le caractère sportif de la voiture est souligné par des prises d’air généreuses à l’avant, quatre sorties d’échappement et des décorations en noir brillant. L’intérieur reprend cette teinte avec une partie du tableau de bord recouvert de piano black brillant dont la caractéristique principale est de bien mettre en évidence la poussière ! Les sièges baquets s’avèrent parfaitement dimensionnés pour assurer un maintien en toutes circonstances et un confort acceptable. Ils sont recouverts de cuir « Vienna » dont l’aspect structuré peine à donner l’impression d’être dans le haut de gamme de la Golf. La position de conduite est bonne avec toutefois un volant assez haut perché, caractéristique de cette catégorie de voiture.

L’équipement de notre voiture de test est bien fourni tout en conservant des tarifs raisonnables. Je note la navigation avec grand écran tactile, caméra de recul (CHF 300.-) ou régulation de vitesse avec système radar pour le maintient de la distance (CHF 150.- inclus dans le pack Business) ou encore le keyless access pour CHF 490.-. De nuit l’éclairage intérieur est très classe, dominé par des leds bleues sur la portière ainsi que les aiguilles des compteurs. Pour un peu plus de CHF 11’000.-, prime de plus value de CHF 1’500.- comprise, on trouve une voiture très bien équipée avec tous les gadgets nécessaires actuellement.

On trouve aussi le superflu comme j’ai pu le constater une fois de plus, le régulateur de vitesse actif avec radar de distance s’avère peu adapté à nos autoroutes encombrées en maintenant une distance trop élevée pour le trafic, mais certainement adéquate du point de vue de la sécurité. Comme je n’ai pas trouvé le moyen de le déclencher, j’ai dû me rabattre sur le limiteur de vitesse peu pratique et à la régulation « active » basée sur l’action de mon pied droit en fonction du tachymètre. Autre bug constaté lors de ces quelques jours d’essai, le système keyless access étant un peu récalcitrant à verrouiller la voiture. Obligeant à utiliser la télécommande lorsque les tentatives d’effleurement de la surface idoine sur la poignée de la porte étaient vaines.

Une pression sur la touche « start » et le moteur s’ébroue dans un grondement sourd. A la conduite c’est surtout l’admission qui domine l’expérience sonore. Au contraire de l’Audi S3 disposant du même propulseur il semble que VW n’a pas travaillé l’échappement aussi bien que Audi: la sonorité globale de la S3 m’est apparue plus agréable. La commande de boite manuelle est très douce et précise dans ses mouvements latéraux, j’ai trouvé la course du levier plutôt longue dans le sens longitudinal. Comme toute Golf, les commandes sont douce et précises, la pédale de frein n’échappe pas à cette règle. Malheureusement pour une voiture à vocation sportive, le talon-pointe s’avère très difficile pour ne pas dire impossible à réaliser correctement vu le positionnement des pédales d’accélérateur et de frein ainsi que l’assistance trop prononcée de celle-ci.

Aujourd’hui on peu distinguer deux types de moteurs turbocompressés. Les moteurs équipés de plusieurs turbos de petite dimension, avec un délai peu perceptible et une courbe de couple très plate donnant des montées en régime très linéaires. L’autre catégorie dispose en général un seul turbo plus gros un déferlement de couple très important mais accompagné par un délai lorsque la vitesse de rotation de la turbine tombe en-dessous de son régime de fonctionnement. La Golf R appartient clairement à cette dernière catégorie. Lorsque le turbo souffle à pleine charge, le couple résultant est phénoménal, la poussée devient irrésistible. Corolaire de ce comportement, il peut aussi y avoir de longs délais en fonction des conditions de circulation, si on laisse le régime du turbo retomber. Cette Golf R m’a rappelé pourquoi lorsque ce type de moteur est sorti, les pilotes ont du maitriser le freinage du pied gauche.

Pas de doute il y a moyen de rouler vite avec cette voiture, lors de conditions d’adhérences précaires la transmission aux quatre roues a pu démontrer ses avantages. Sur route détrempée, le couple n’arrive pas à la mettre en défaut. L’accélération reste considérable, même dans ces conditions. La dernière génération du système Haldex masque aussi très bien l’une des caractéristiques des premières versions. Le transfert du couple du train avant au train arrière était perceptible, ce n’est plus le cas avec cette génération. La direction est douce et directe, elle permet un placement précis, sans souci. Les limites d’adhérences se manifestent par un décrochement progressif des quatre roues, un comportement sain et inspirant confiance. Le roulis est perceptible, mais il n’affecte pas la vivacité de la voiture lors des enchainements à vive allure. Bien calé dans les sièges baquets on se permet de rouler vite, sans appréhension.

Pour les trajets quotidiens il est difficile de prendre la Golf en défaut. Elle offre un gabarit idéal, se faufilant dans nos cités sans la moindre difficulté. La douceur de toutes les commandes explique probablement une partie du succès de cette voiture dont la prise en main est aisée. J’ai toutefois noté un rayon de braquage plus important que la moyenne qui m’a demandé de reprendre mes repères lors des parcages. La caméra de recul est bien dissimilée sous le sigle VW du hayon, mais dont l’ouverture et la fermeture est particulièrement audible dans un grognement irritant. Mis à part ces quelques bémols secondaires, cette Golf reste une voiture agréable à vivre. La place fournie est confortable pour quatre adultes, grâce à l’assise assez haute. Le coffre par contre offre un volume un peu plus contenu avec ses 380 litres.

La consommation pour le millier de kilomètre de cet essai s’est arrêtée à 11.5 l/100 km. Une consommation que nous qualifierons de raisonnable au vu des performances proposées. Elle est assez éloignée, bien entendu, de la promesse de VW de 7.1 l/100 km. Pour l’acheteur de cette Golf, la question de la pertinence de prendre ce modèle par rapport à sa cousine Audi S3 se pose. Les prix sont proches, environ CHF 4’000.- d’écart pour le prix de base. Techniquement identiques, les questions de goûts, d’équipement ou praticité d’utilisation dans le cas de la S3 Sportback vont peser lourd dans la décision. Une Golf reste un choix sensé, même pour le haut de gamme, il suffit de la conduire pour quelques jours pour comprendre les caractéristiques de son succès.

Prix et options du véhicule essayé

Face à la concurrence

Nos chaleureux remerciements à VW Suisse pour le prêt de cette Golf R.

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