Essai Kia Cee’d GT

Une nouvelle venue dans la gamme compacte sportive: la Kia Cee’d GT. 

Kia est un constructeur automobile coréen qui fait partie du même groupe industriel que Hyundai. La marque s’installe en Europe en 1995, et le modèle SUV Sportage connaît un relatif succès auprès des journalistes lors de son lancement en 1997. Le créneau visé alors était clairement le bas de gamme à prix très intéressant. Un centre européen de recherche est ensuite ouvert en 2003, et la première usine continentale en Slovaquie en 2006. Le point culminant de la progression en qualité des modèles Kia sera la garantie de sept ans instaurée en 2010. Les parts de marchés sont en bonne progression, mais le chiffre absolu reste bien en deçà des leaders du marché. En Suisse il se vend presque 10 fois plus de Volkswagen que de Kia, par exemple.

La gamme est à présent variée et reconnue, mais un modèle sportif a toujours fait défaut au catalogue. Le lancement de la nouvelle Cee’d en 2012, accompagné d’une version trois portes Pro Cee’d ouvre la voie à notre version GT du jour. Extérieurement ce modèle se différencie de la version de base grâce à une calandre agressive à souhait avec une touche de rouge sur le bas. Au-dessus des phares anti-brouillard se trouvent quatre feux LED disposés en carrés, dont la présence est forte, y compris sur autoroute pour le véhicule qui précède. Cette disposition fait d’ailleurs penser aux phares à LED des Porsche Panamera ou Cayenne, eux aussi disposés en carré. Les flancs héritent de bas de caisses sculptés, et de très jolies jantes en 18 pouces peintes en anthracite. Des pinces de freins rouges, deux échappements ovales de part et d’autre d’un faux extracteur d’air, un becquet de toit, pas de doute nous sommes en présence d’une sportive, esthétiquement du moins. Le placement de produit est en ligne avec la gamme ST de Ford par exemple, où l’aspect sportif est tout aussi important que la technique. De profil la ligne est caractéristique aux hatchbacks, avec un angle très ouvert entre le capot et le pare-brise, qui tend presque à une ligne continue. Je dois avouer que la ligne extérieure m’a séduite !

A l’intérieur le même esprit se retrouve très rapidement. De superbes sièges Recaro recouverts de cuir-alcantara offrent un confort et un maintien excellents. Un placage cuir se retrouve également sur les contre-portes, et l’ensemble est cousu avec un fil rouge donnant une surpiqûre réussie. Cette atmosphère est complétée par des inscriptions rouges « GT » sur le bas du volant et le haut des sièges, ainsi que par un pédalier alu. L’équipement de notre modèle toutes options est sans faille. Volant multifonctions, GPS à commande vocale, toit panoramique, caméra de recul, climatisation automatique, seul l’absence de radar de parc à l’avant surprend. Un oubli ? Une lacune liée au bouclier spécifique à ce modèle GT ?

Au niveau de la qualité perçue le résultat est également saisissant. Le haut du tableau de bord, l’écran multimédia, les plastiques moussés ainsi que le cuir des sièges sont au niveau d’une Golf selon moi. Seul le bas de la console retrouve un plastic plus ordinaire. Et tout fonctionne de manière intuitive, je n’ai pas eu recours au manuel pour une seule manipulation. A noter également que le cadran central situé entre le compte-tours et la jauge d’essence est un écran LCD et laisse deux choix au conducteur à l’aide de la touche GT au volant : un compteur de vitesse analogique classique avec les informations de l’ordinateur de bord au centre, ou un affichage digital avec autour la température d’eau, la pression du turbo et le couple disponible. Ce dernier ne m’a pas paru des plus réalistes avec un maximum affiché de 300 Nm alors que le moteur n’est sensé en distiller que 265.



L’espace à bord est également très bien pour la catégorie, les sièges avant sont confortables, les passagers arrières disposent de suffisamment de place pour loger leurs jambes et leur tête. Le toit panoramique permet de baigner l’intérieur de lumière, ce qui est très agréable en automne. Le coffre de 380 litres se situe dans la bonne moyenne du segment, avec une banquette rabattable 2/3 1/3.

Le moteur, parlons-en. Il s’agit du 1.6 litres GDi déjà installé dans la Hyundai Veloster, avec une gestion différente. La puissance développée est de 204cv à 6000 tr/min, et le couple maxi est de 265 Nm de 1750 à 4500 tr/min, contre 185cv pour la Veloster, et un couple identique mais 250tr/min plus tôt pour la Hyundai. Ces chiffres démontrent une puissance spécifique très intéressante, surtout avec autant de couple à bas régime. Les concurrentes du segment sont toutes équipées de moteur cubant 2 litres de cylindrée, ce qui laisse tout de même un léger handicap à la Cee’d GT.

A la conduite, ce moteur offre deux aspects contrastés. En conduite coulée mais rapide, le temps de réaction du turbo est très faible, ce qui donne de vigoureuses reprises dès les plus bas régimes. L’onctuosité délivrée est très agréable, et si l’on change de vitesses avant 5000 tr/min la sensation obtenue frise la perfection. En conduite plus sportive, les effets négatifs du turbo apparaissent. Lorsque l’on atteint la zone rouge, le moteur continue encore son accélération une fraction de seconde alors que les gaz sont coupés pour le changement de vitesse, et la remise sous pression qui suit montre une latence également typique des moteurs turbo. Cependant les performances sont à l’avenant, avec un 0-100 km/h annoncé en 7.7 secondes et une vitesse de pointe de 230 km/h. La sonorité est trop étouffée à l’intérieur, alors que fenêtre ouverte le résultat est vraiment agréable. Le poids mesuré de 1411kg avec le plein est correct sans plus, mais le ressenti n’est pas lourd.

Le châssis est réglé souple pour une sportive, mais pas mou non-plus. La monte pneumatique est en 18 pouces taille basse, et notre exemplaire presse anticipe les frimas de l’hiver avec des multi-lamelles. La moindre adhérence qui en découle sera prise en compte, et effectivement certaines sorties de courbe se sont soldées par un cirage de bitume en règle. Heureusement sans les néfastes retours d’information saccadés dans le volant qui caractérisent parfois les tractions. Donc à vitesse très soutenue, j’ai trouvé l’ensemble vif, le train avant se plaçant très bien en entrée de courbe, aidé par un mordant au freinage sans reproche. Le virage s’enroule ensuite de manière neutre, et un sous-virage sanctionnera tout excès d’optimisme. La remise des gaz peut s’effectuer tôt grâce à une bonne motricité. Seule une conduite très sportive ne donne pas entière satisfaction, d’une part à cause du moteur comme expliqué précédemment et d’autre part à cause du réglage des suspensions plus bourgeois qu’une sportive pure et dure. Au niveau du comportement, le badge GT lui correspond effectivement mieux que GTI !


En agglomération l’ensemble est également remarquable, avec un confort excellent, tant des sièges que des suspensions. Les épreuves de la ville, tels que ralentisseurs ou raccords imparfaits sont absorbés sans brutalité. L’habitacle participe également à l’expérience, avec des sièges au maintien supérieur à la moyenne, et une ambiance très réussie. Sur les 1786km parcourus à son bord je dois avouer m’y être senti à l’aise, malgré les à-priori que j’avais sur la marque coréenne. La consommation mesurée est de 9.58 l/100km, pour 9.6 affiché ! L’exception confirme la règle, et pour une fois l’ordinateur de bord n’a pas montré d’optimisme suspect. Cependant le chiffre reste élevé comparé aux 7.4 annoncés, mais votre serviteur à la chaussure bien trop lourde en comparaison du cycle normalisé. Je pense qu’en utilisation conventionnelle il est prudent de situer la moyenne à 8.5.

L’image de marque sera certainement le frein principal vers un large succès, car le badge pèse toujours très lourd dans la décision d’achat. Avec un tarif de base de CHF 35’777, et notre modèle full options à CHF 39’847, je dois avouer avoir été un peu surpris. On s’attend à un tarif wow, que j’aurais situé à peine au-dessus de trente mille. Donc pas si bon marché que cela ? Un passage par le configurateur VW nous met la tête d’affiche de la catégorie, la Golf GTI, à dix mille de plus à équipement égal. Donc 25% plus cher pour le badge ? Une étude soigneuse se justifie.

En attendant Kia mérite des applaudissements, car pour une première sportive le pari est réussi. Et la garantie de sept ans, y compris services et mobilité, ne peut que convaincre l’acheteur potentiel du sérieux de la fabrication.

 

Configuration du véhicule

Prix de base: CHF 35’777 € 28’990
Navigation / caméra de recul CHF 1’900 N. C.
Peinture métalisée CHF 590 € 570
Frein à main él. / Assistant garde de la voie CHF 990 N. C.
Toit vitré panoramique CHF 590 N. C.
Prix catalogue du véhicule d’essai CHF 39’847 € 29’560

 

Face à la concurrence

Kia Cee’d GT Ford Focus ST (ST-2) Renault Megane GT VW Golf GTI
Moteur  4 cylindres en ligne turbo 1591cm3 4 cylindres en ligne turbo 1999cm3 4 cylindres en ligne turbo 1998cm3 4 cylindres en ligne turbo 1998cm3
Puissance (ch / t/min) 204 /6000 250 / 5500 220 / 4750 220 / 4500-6300
Couple (Nm / tr/min) 265 / 1750 – 4500 360 / 2000-4500 340 / 2400 350 / 3500-4400
Transmission roues avant roues avant roues avant roues avant
Boite à vitesses 6 vitesses manuelles 6 vitesses manuelles 6 vitesses manuelles 6 vitesses manuelles
RPP (kg/ch) 6.91 (7.21) 5.75 6.66 6.33
Poids DIN (constr.) 1411 (1471) (1437) (1466) (1392)
0-100 km/h (sec.) 7.7 6.5 7.6 6.5
Vitesse max. (km/h) 230 248 240 244
Conso. Mixte (constr.) 9.58 (7.4) (7.2) (7.3) (6.0)
Réservoir (l) 53 62 60 50
Emissions CO2 (g/km) 171 169 169 139
Longueur (mm) 4310 4362 4302 4255
Largeur (mm) 1780 1823 1808 1799
Hauteur (mm) 1470 1484 1471 1452
Empattement (mm) 2650 2648 2641 2637
Coffre (L) 380 363 372 380
Pneumatiques AV 225/40 R18 235/40 R18 225/40 R18 225/45 R17
Pneumatiques AR 225/40 R18 235/40 R18 225/40 R18 225/45 R17
Prix de base (CHF) 35’777 39’250 31’800 38’050
Prix de base (EUR) 28’990 31’150 n/a 33’180

Nos remerciements à Kia Suisse pour le prêt de cette Kia Cee’d GT.

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