Sportivité et raffinement, polyvalence et exclusivité, les Audi RS rencontrent un succès remarquable dans nos contrées et la nouvelle RS4 Avant (B8) ne dérogera pas à cette règle.
A lire également – notre essai complet de l’Audi RS4 Avant (B8).
L’Audi RS4 constitue une sorte de retour aux sources puisque c’est une des premières nouveautés majeures qu’Asphalte a couvert, 6 mois après sa fondation, pendant l’hiver 2006. La RS4 type B7, en version limousine en l’occurrence, nous avait impressionné par ses montées en régime, le brio se son moteur et l’équilibre procuré par la répartition du couple 40/60 nouvellement adoptée par Audi.
Presque 7 ans jour pour jour plus tard, on retrouve le même V8 de 4163 cm3 à injection directe. Son couple maxi demeure inchangé à 430 Nm, mais cette valeur est atteinte 1500 t/min plus bas. La puissance maxi a gagné 30 chevaux pour atteindre 450 chevaux à 8250 t/min. Il marque la fin d’une glorieuse époque, sept années fastes où de gros V8 ont été sertis sous les capots de berlines compactes. RS4, M3, C63, IS-F même, des modèles qui resteront dans l’histoire automobile sportive comme des monuments érigés à la gloire de la déesse Octane, ou selon le point de vue des dinosaures menacés d’extinction par la météorite Downsizing.
Cliquer sur les vignettes pour agrandir les images.
La fraîcheur de l’auto et la brièveté de l’essai ne nous ont pas permis d’aller taquiner les cimes de la plage de régime, et il est bien difficile de porter un jugement objectif sur un moteur pas encore rôdé. A bas régime, il ne surprend guère par sa verve, une sensation confirmée par l’étude de la courbe de couple et sa comparaison avec le 3.0 TFSI des S4 et S5. Le déficit de couple jusqu’à 4000 tours est net : à 2000 t/min, le 3.0 à compresseur a déjà atteint la barre des 390 Nm alors que le V8 ne l’atteint que 1000 tours plus haut, le déficit grandissant encore jusqu’à ce que le gros V8 atteigne son couple maxi à 4000 t/min. Nous attendrons un essai en profondeur pour rendre un verdict définitif, mais il semble inévitable que le caractère plus pointu du moteur atmosphérique se traduise par une légère perte d’agrément en conduite paisible et requière de plus hauts régimes pour reprendre avec la vigueur qu’on attend légitimement dans cette catégorie. Corollaire de régimes plus élevés, la consommation s’en ressentira. Les valeurs que nous avons relevé (16.1 L/100km pour 15.1 affichés à l’ODB) ne sont qu’une vague indication, biaisée par les conditions de cette prise en mains et les frictions internes d’un moteur loin d’être libéré.
La boîte S-Tronic fait partie des très bonnes boîtes à double embrayage, et elle le démontre encore ici, accouplée au V8 4.2 FSI. La douceur et la rapidité attendues sont au rendez-vous, même si je goûte personnellement assez peu le côté hyperactif du mode S imposé en Drive Select Dynamic, ma prédilection allant au mode Comfort pour l’utilisation courante et la commande manuelle en conduite sportive. La boîte S-Tronic adopte aussi une agréable gradation dans l’égalisation du régime au rétrogradage selon le mode Drive Select choisi, avec de glorieux coups de gaz en mode Dynamic qui mettent en exergue la faible inertie du V8 et la sonorité riche de la ligne d’échappement sport. Un équipement optionnel, facturé 1530 CHF, une petite mesquinerie à laquelle il semble inéluctable de consentir. Il parait incohérent de vouloir une RS4 Avant sans jouir pleinement de la sonorité de son moteur, à fortiori lorsqu’elle est distillée avec mesure et raffinement, sans entraver le confort ou virer à la caricature de mauvais goût. Du murmure velouté à bas régime au staccato emplissant l’habitacle dans les régimes supérieurs, la bande son est à la hauteur des attentes qu’on a de l’auto. Nous n’avons pas de doute sur le fait que les sensations à l’approche de la zone rouge doivent être enthousiasmantes.
Ce raffinement sonore est un des nombreux ingrédients de ce très bel objet qu’est la RS4 B8 et du « gotta-have-it factor » qui l’accompagne. Ailes élargies (+24mm), boucliers spécifiques, ces sculpturales jantes de 20 pouces à la finition mixte brillante et satinée, les disques de freins en pétales (Wave Design dans la terminologie Audi) pour alléger les masses non suspendues de 3 kg, la hauteur de caisse abaissée de 20mm, la calandre en nid d’abeille, les (fausses) sorties d’échappement ovales, la présence de l’auto est indéniable. L’expérience se poursuit à l’intérieur avec le « chic technique » d’Audi. A commencer par le magnifique volant multifonction, recouvert de cuir piqué, mais qui ne reconduit pas le méplat en plastique argenté qui fut une des signatures de style intérieur de la RS4 B7 et qu’on vit également dans les RS3. Comme sur les coupés RS5, la planche de bord en noir piano est imposée, mais il est possible de jouer sur les inserts de portes et console centrale pour personnaliser l’habitacle. Je reconnais aux sièges baquets optionnels leur excellent maintien, mais leur ubiquité et le fait qu’ils n’ont pour ainsi dire pas changé depuis la RS4 B7, à quelques découpes de sellerie près, est un peu décevant. Leurs rebords saillants pourraient aussi fatiguer les propriétaires qui ont à entrer et sortir fréquemment de leur auto.
Le facelift des gammes A4 & A5 a amené plusieurs changements dans l’interface des commandes principales, quatre des huit boutons d’accès direct aux fonctions MMI ayant été retirés pour devenir des éléments du menu principal affiché à l’écran. Un choix que je regrette puisqu’il force le conducteur à détourner son regard pour atteindre des sous-menus qui étaient accessibles au toucher auparavant. La commande Drive Select a également été simplifiée et devient un unique bouton qui permet de faire défiler les sélections Comfort, Auto, Dynamic et Individual sur l’écran central du combiné d’instruments. Ici aussi, l’ancienne solution était meilleure à mon sens, avec un affichage permanent de la sélection courante et deux touches permettant d’opérer le changement souhaité plus rapidement. Notre exemplaire d’essai est équipé de l’option Chassis Sport Plus (2970 CHF) qui permet d’ajuster l’amortissement par le Drive Select, une fonction appréciable car elle renforce la polyvalence de l’auto entre le réglage confort, souple sans être vague, et le réglage Dynamic, beaucoup plus ferme.
Le comportement routier de la RS4 Avant est une très bonne surprise, le break de 4.72 mètres se rétrécissant autour de son pilote au fur et à mesure qu’on augmente la cadence. Ceci s’explique probablement en partie par le point contenu de l’auto, 1835kg avec le plein d’essence vérifiés par nos soins, avec une répartition de 56.5% sur l’avant et 43.5% sur l’arrière. Une valeur très similaire aux 1832 kg de l’Audi S5 Sportback que j’utilise au quotidien, pour un ressenti très contrasté. La RS4 parait plus rigide et agile, plus posée également, et la remontée d’informations de la direction parait un peu meilleure que le détachement clinique du Sportback. En mode Dynamic, le roulis semble complètement absent, tout comme les mouvements de caisse en changement d’appui, et le niveau de grip est encourageant. En poussant jusqu’aux limites d’adhérence sur chaussées humide, l’ESP semble prompt à endiguer toute dérobade du train arrière mais laisse l’auto sagement sous-virer si on ouvre trop fort en sortie d’épingle. Des sensations qu’il faudra confirmer et affiner sur de gros appuis par des températures plus en phase avec la plage de fonctionnement des Pirelli PZero.
Cette prise de contact est donc encourageante. Les ingrédients semble réunis pour faire de cette voiture une grande RS, liant polyvalence au quotidien (break, Quattro, S-Tronic) avec l’expérience d’une auto sportive à la sonorité envoutante, avec une enveloppe de performance et un plaisir de conduite de haut niveau lorsque les conditions le permettent. Si la transmission intégrale est un must, la seule réelle concurrence proviendrait d’une S4 Avant, nettement moins chère, la préparation semi-officielle Abt offrant 435 chevaux et surtout un couple maxi de 520 Nm, faisant ainsi plus que combler le handicap de performances absolues. L’agrément résultant est probablement supérieur pour une économie substantielle à l’achat et à l’utilisation, mais n’éclipsera qu’avec difficulté l’expérience globale d’une RS4 Avant.
Principales options disponibles
Freins en céramique | 9130 CHF | 7240 € |
Sièges baquet RS4 | 4260 CHF | 2800 € |
Châssis sport plus avec Dynamic Ride Control | 2970 CHF | 1950 € |
Jantes 20″ Design V | 2590 CHF | 2050 € |
Paquet Infotainment | 2450 CHF | – |
Toit panoramique | 2050 CHF | 1630 € |
Couleurs crystal | 1980 CHF | 600 € |
Régulateur de vitesse adaptatif | 1580 CHF | 1290 € |
Echappement sport | 1530 CHF | 1000 € |
Direction dynamique | 1520 CHF | 1000 € |
Differentiel sport | 1450 CHF | 950 € |
Couleurs métal ou nacrées | 1220 CHF | 0 € |
MMI Navigation Plus | 1070 CHF | 2450 € |
Système audio B&O | 1060 CHF | 950 € |
Clé confort (keyless) | 940 CHF | 615 € |
Paquet Style Noir Audi Exclusive | 840 CHF | 550 € |
Configuration du véhicule d’essai
Audi RS4 Avant Stronic Quattro | 102600 CHF |
Siège baquet sport AV | 4260 CHF |
Chassis Sport Plus | 2970 CHF |
Roues Alu 5-V 20″ | 2590 CHF |
Pack Infontainement | 2450 CHF |
Echappement sport | 1530 CHF |
Couleur noir fantôme nacré | 1220 CHF |
Navigation MMI Plus | 1070 CHF |
Sound System B&O | 1060 CHF |
Advanced key | 940 CHF |
Kit optique noir brillant | 840 CHF |
Ouverture du coffre automatique | 750 CHF |
Vitres teintées AR | 650 CHF |
Rétroviseurs extérieurs rétractables | 380 CHF |
Euro bonus | -10260 CHF |
Prix catalogue total avec options | 114920 CHF |
Face à la concurrence
Audi RS4 Avant (B8) | Audi S4 Avant (B8) | Mercedes C63 AMG Break | Cadillac CTS-V Sport Wagon | |
Moteur | V8 4163 cm3 | V6 2995 cm3 Compresseur | V8 – 6208 cm3 | V8 6162 cm3 Compresseur |
Puissance (ch / t/min) | 450 / 8250 | 333 / 5500-7000 | 457 / 6800 | 564 / 6100 |
Couple (Nm / tr/min) | 430 / 4000-6000 | 440 / 2900-5300 | 600 / 5000 | 747 / 3800 |
Transmission | 4 RM Quattro | 4 RM Quattro | Roues AR | Roues AR |
Boite à vitesses | S-tronic 7 rapports | S-tronic 7 rapports | Speedshift MCT 7 rapports | 6 rapports manuelle** |
RPP (kg/ch) | 4.08 | (5.25) | (3.76) | (3.62) |
Poids DIN (constr.) | 1835 (1795) | (1750) | (1720) | (2040) |
0-100 km/h (sec.) | 4.7s | 5.4s | 4.5s | 4.1s |
Vitesse max. (km/h) | 250 (280*) | 250 | 250 | 308 |
Conso. Mixte (constr.) | (10.7) | (9.7) | (12.2) | (15.7) |
Réservoir (l) | 61 | 61 | 66 | 68 |
Emissions CO2 (g/km) | 249 | 224 | 285 | 370 |
Longueur (mm) | 4719 | 4719 | 4606 | 4878 |
Largeur (mm) | 1850/2040 | 1826/2040 | 1770/2008 | 1842 |
Hauteur (mm) | 1416 | 1415 | 1459 | 1463 |
Empattement (mm) | 2813 | 2811 | 2760 | 2880 |
Coffre (L) | 490 | 490/1430 | 485/1500 | 412 /1484 |
Pneumatiques AV | 265/35R19 | 245/40R18 | 235/40R18 | 255/40R19 |
Pneumatiques AR | 265/35R19 | 245/40R18 | 255/35R18 | 285/35R19 |
Prix de base (CHF) | 102’600 CHF | 77’000 CHF | 102’100 CHF | 92’350 CHF |
Prix de base (EUR) | 86’800 € | 64’090 € | 74791 € | 84’998 € |
* option ** boîte automatique 6 rapports en option
Nos sincères remerciements à l’équipe du Garage Arénaz pour leur sympathique collaboration et le prêt de cette voiture.
Galerie de photos
Liens
Le sujet du forum – les articles Audi – la liste des essais – les essais récents ou relatifs: