Notre essai de l’Opel Insignia OPC: est-elle à la hauteur de ses concurrentes germaniques, Audi S4 ou BMW 335 en tête ?
Revenons quelques temps en arrière. Opel n’est pas au mieux de sa forme, les ventes ne cessent de chuter, la Vectra censée être le porte drapeau n’est de loin pas là où on l’attendait. Il faut renouveler le modèle, et pas qu’un peu si la marque au blitz veut garder le contact avec ses homologues allemands.
D’ailleurs, à voir le produit final, aucun doute n’est laissé sur les ambitions. A commencer par le nom qui veut faire oublier l’ancien modèle (enfin presque, l’insignia continuant d’être vendue comme Chevrolet Vectra à l’autre bout du monde). Viennent ensuite les dimensions. 30cm de plus qu’une BMW Série 3, voila qui en impose. Et comme il fallait un porte étendard pour le modèle, c’est bien sûr le département OPC qui s’en charge. Il est loin le temps ou ce département présentait fièrement un simple Zafira tuné. On a apparemment ici affaire à un vrai travail de préparation, qui va au dela du simple kit carrosserie. Avec ses 325 cv, l’Insignia OPC n’est rien moins que l’Opel la plus puissante de l’histoire. Je sais, si on compare aux autres marques allemandes, cela peut faire sourire, mais si on compare aux 250 cv de la plus puissante des Renault, on commence à mieux voir où veut se situer Opel.
D’ailleurs, jettons un oeil sur les caractéristiques générales : V6 turbo de plus de 300cv, transmission intégrale, berline ou break… ça ne vous rappelle rien? Clairement, l’Audi S4 est dans la ligne de mire, de même que la 335xi. En fait, c’est presque à une hypothétique 535xi que cette Insignia me fait le plus penser. De part ses dimensions, d’abord, puis par son profil arrière, qui me rappelle singulièrement l’ancienne Série 5 E60.
Le style exacerbé de l’avant, lui par contre, prend le contre pied des concurrentes directes, qui font plutôt dans l’understatement. Entre la calandre béantes, les dents de tigre sur les côtés (les dents longues des managers aux commandes du projet se sont retrouvées sur la calandre, dirait-on) et les fausses écopes latérales, pas de doutes, cette OPC en veut!
Personnellement, j’aime beaucoup. Si la discrétion et la distinction ne sont pas ses qualités premières, elle dégage pour le moins une vraie personnalité. Le seul détail auquel j’ai encore du mal à me faire est le pli de carrosserie qui remonte sur la portière, dont on se demande un peu ce qu’il fait là. Mais qu’importe, un choix de couleur approprié devrait corriger cela facilement.
A l’intérieur également, la différence avec les générations précédentes est frappante.
Ce qui attire l’oeil en premier, ce sont bien évidemment les superbes sièges griffés Recaro, au style personnalisé pour ce modèle, et qui reprend les dents de tigre de la calandre comme ornementation.
Inutile de préciser qu’ils sont exemplaires dans leur compromis entre confort et maintien. A noter qu’une association allemande de défense du dos leur a décerné un prix spécial.
Pour le reste, on sent les efforts fournis, et c’est payant. Les matériaux utilisés sont de bonne qualité, et leur assemblage est tout à fait à la hauteur du segment. On retrouve également une certaine froideur toute teutonne, avec une forte prédominance de noir, même si quelques touches de plastique en imitation aluminium égayent un peu l’ensemble.
Les premiers kilomètres font ressortir quelques défauts mineurs d’ergonomie. Les grands insert noir laqués sont très jolis, mais génèrent parfois quelques reflets parasites qui distraient le regard. Autre exemple, l’emplacement des boutons sur le volant multifonctions sont à l’envers : les boutons qu’on utilisent le plus sont à droite, alors que c’est la main qui est la plus sollicitée pour changer les vitesses.
Même si je connais la route, le geek qui sommeille en moi m’incite à utiliser le GPS. Seule petite ombre au tableau, toutes les commandes s’accompagnent d’un feedback visuel plein écran, même lors d’un guidage. Plutôt gênant quand vous arrivez sur un croisement complexe et que, justement, vous baissez le volume de la radio pour mieux vous concentrer. En outre, l’écran ne semble pas pouvoir s’éteindre, mais juste s’assombrir, ce qui occasionne quelques reflets dans le parebrise de nuit.
Mis à part ça, je suis bluffé par la qualité générale du système, qui est de série, pour ne rien gâcher. Que ce soit par sa fluidité ou son ergonomie générale, rien à redire, sûrement un des meilleurs GPS embarqué que j’ai vu.
Le confort, pour sa part, est largement au niveau où on l’attend, pour une berline familiale sportive. On continue à sentir le relief de la route, mais sans le subir. Et les dos d’âne qui fleurissent sur nos routes ne sont qu’une formalité avec la suspension réglée en mode confort (par défaut). La direction, légère, rend les créneaux évidents, ce qui n’est pas un mal au vu des dimensions de l’engin.
In fine, je n’ai pas très bien compris l’intérêt du mode intermédiaire sport. Après avoir un peu joué avec, je l’ai finalement abandonné pour ne retenir que le mode normal pour le commuting et le mode OPC pour les ballades actives.
D’ailleurs à propos de ballades actives, il vous faudra fouiller dans les menus de l’ordinateur de bord pour afficher les informations intéressantes, comme la température de l’huile, indispensable à qui veut ménager sa monture. Un menu permettant d’afficher ses temps au tour est également disponible pour celui qui veut emmener sa berline sur circuit. Le geste est appréciable, même si le circuit n’est évidemment pas la destination première de ce type de voiture.
L’arrivée au parking souterrain du travail est l’occasion de goûter tout particulièrement l’échappement. Remus s’est penché sur le berceau de la petite Insignia, et ils n’ont pas fait des choses à moitié! Le son est rauque à souhait avec un ralenti particulièrement soigné. Chose étonnante de nos jours, l’isolation phonique de l’habitacle n’est pas excessive et permet de réellement en profiter. Toutefois, notre exemplaire présentait une résonance aux alentours de 2000 tr/m qui peuvent rendre certains longs trajets un peu fatigants si vous vous calez à ce régime.
Un petit coup d’oeil à la fiche technique me fait découvrir que la suspension avant est de type HiPerStrut, comme pour une certaine Ford Focus RS et que le turbo est de type twin scroll, comme sur une certaine 335. Voilà qui donne l’eau à la bouche!
Rien de tel pour cerner le comportement d’une voiture que d’aller arpenter les petites routes de l’arrière pays vaudois. En cette belle matinée de fin janvier (et oui, les aléas des rythmes de production / publication…), je me dirige donc nonchalamment vers un de mes terrains d’essais favoris.
Une fois la bête mise en température, et le mode OPC dûment activé, il est temps de voir si toutes les promesses du dossier de presse sont tenues. En ligne droite en tout cas, le marketing ne mentait pas, les 325 chevaux répondent bien présents. Pour tirer une telle puissance d’un moteur relativement petit, les ingénieurs ont fait le choix de garder une activation relativement tardive des turbos, aux alentours des 2000 tr/m. Toutefois, la poussée n’est pas aussi violente que ce qu’on aurait pu croire à la seule lecture des chiffres ci-dessus. La faute à un poids gratiné de 1810kg revendiqué par le constructeur. D’ailleurs, les concepteurs étaient bien conscients de la surcharge pondérale de leur bébé puisqu’ils lui ont collé d’énormes étriers à 4 pistons et des disques de 355mm, en provenance de chez Brembo. Ils remplissent d’ailleurs parfaitement leur mission, heureusement car avec tout ce poids et l’énergie engendrée, il convient tout de même d’aborder les virages avec un minimum de retenue sous peine de se faire embarquer.
Mais une fois emmenée convenablement, la route se transforme en véritable rail et on sent que les vitesses potentielles de passage en courbe seraient bien au delà des limites autorisées par la loi. Une sérénité qui n’est pas sans rappeler l’Audi S4, effectivement, mais étonnamment avec plus d’agilité que la précédente version (n’ayant pas essayé la B8, je m’abstiendrais de toute comparaison).
Que ce soit en grande courbe ou en virage serré, l’OPC reste imperturbable. Regardez, elle y va. Pas forcément très drôle, mais diablement efficace.
L’arrivée au pied des cols me fait rencontrer une épaisse couche de neige, et manifestement, cet endroit fut oublié du chasse-neige. L’occasion est trop belle de tester les bienfaits de la transmission intégrale. Malgré les imposants pneus de 19 pouces (et surtout 245 de large), la capacité à monter au milieu d’une neige à peine damée par les précédents téméraires, que j’imagine plus volontiers au volant d’un SUV diesel que d’une berline de 300cv, ne peut que m’impressionner.
Que ce soit pour vous emmener au travail, vous monter jusqu’aux stations de ski, vous faire voyager en famille à travers les petites routes de campagne ou les autobahns, cette voiture sait tout faire, au prix toutefois d’une consommation relativement importante, avec 11.8L/100km mesurés lors de notre essai.
Après, forcément, lorsque se pose l’épineuse question du prix, on peut tousser en voyant les CHF 66.000.- réclamés pour un exemplaire avec le cuir. Mais l’histoire étant toujours la même, une S4 équivalente vous soulagera allègrement de 20.000 francs supplémentaires. Idem chez BMW, une fois l’inévitable liste d’options parcourue.
Mais même si l’OPC n’est pas aussi raffinée sur la finition qu’une Audi, ou aussi pointue techniquement qu’une BMW, Opel nous sert tout de même ici un plat de très belle facture. Si on n’atteint sans doute pas la délicatesse gastronomique de ses prestigieuses concurrentes, le rapport qualité/prix de cette OPC la place d’emblée dans la cours des très bonnes tables, celles dont on aurait tort de ne pas les tester. Et pour la différence de prix, on peut largement s’offrir de très belles escapade sur circuit ou voyager à travers le continent en famille.
Prix et principales options en CHF
Prix de base | 63’400.- |
Siège sport OPC Line Recaro en cuir | 2‘800.- |
Aide au stationnement | 750.- |
Peinture métallisée | 800.- |
Infinity Sound System | 800.- |
Jante 20″ 255/35 R20 | 1’500.- |
Adaptative Forward Lighting | 1’800.- |
Toit ouvrant électrique | 1’200.- |
Face à la concurrence
Opel Insignia OPC | Audi S4 B8 | BMW 335i xDrive | Mercedes C 350 4Matic | |
Moteur | V6, 2’792 cc, turbo | V6, 2’995 cc, compresseur | L6, 2’979 cc, biturbo | V6, 3’498 cc |
Transmission | 4 roues motrices | 4 roues motrices | 4 roues motrices | 4 roues motrices |
Boite de vitesses | manuelle, 6 rapports | manuelle, 6 rapports | manuelle, 6 rapports | Automatique, 7 rapports |
RPP (kg/ch) | 5.6 | 5.3 | 5.5 | 6.1 |
Poids à vide (constr.) | (1’810) | (1’760) | (1’690) | (1’670) |
Puissance (ch/régime) | 325 / 5’250 | 333 / 5’500 | 306 / 5’800 | 272 / 6’000 |
Couple (Nm/régime) | 435 / 5’250 | 440 / 2’900 | 400 / 1’300 | 350 / 2’400-5’000 |
0-100 km/h | 6.0 | 5.1 | 5.6 | 6.3 |
Vitesse max. | 250 km/h | 250 km/h | 250 km/h | 250 km/h |
Conso. Mixte (constr.) | 11.8 (11.4) | (9.7) | (8.8) | (10.2) |
Longueur | 4’830 | 4’717 | 4’531 | 4’586 |
Largeur | 1’856 | 1’826 | 1’817 | 1’770 |
Hauteur | 1’498 | 1’406 | 1’421 | 1’447 |
Pneumatique | 245/40 R19 | 245/40 R18 | 225/45 R17 | 225/45 R17 |
Prix de base (CHF) | 63’400.- | 79’100.- | 68‘500.- | 69’900.- |
Prix de base (EUR) | 43’750.- | 61’100.- | dès 47’450.- | 51’100.- |
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