Essai Maserati 3200 GTA


Nous prenons le volant de la Maserati 3200 GTA.

Lorsque l’on approche cette 3200 GTA – oui, il s’agit bien d’une 3200, il vaut mieux s’en assurer car les feux boomerangs et le capot avec les ouïes ont parfois été implantés, à la demande des clients du Speedy Garage, sur une 4200, on ne peut s’empêcher de se poser des questions à propos de ce capot carbone. Joli ? Pas joli ?

Perplexe au départ, je penche finalement du côté des admirateurs de la modification, après quelque temps passé avec la voiture. De même pour la calandre et le trident Maserati, faits du même métal, si je puis dire. Réussi esthétiquement, même si certains esprits aiguisés (dont notre photographe) ne peuvent s’empêcher de remarquer qu’à moins d’avoir le nez dessus, on peut fort bien penser qu’il s’agit seulement de peinture noire.

La 3200 est une auto à la fois relativement discrète et tout à fait réussie, d’un point de vue extérieur. Une sorte de classe naturelle, celle de Sean Connery, voyez-vous. La voiture pourrait être british, tiens. Aston Martin anyone ? En revanche, l’intérieur bordeaux me laisse davantage sur ma faim… personnellement pas du tout mon genre. Dommage, car cet intérieur est toujours aussi classe à mon sens. Cuir partout, y compris sur la planche de bord aussi moelleuse qu’un oreiller de plumes d’oie ; le toit lui même est aussi agréable au toucher que beau à voir (tout à fait rassurant en cas de tonneau). Le carbone à l’intérieur est un intéressant rappel de la spécificité de la voiture, même si, encore une fois, je pense que le bordeaux n’est pas la meilleure couleur pour ce genre d’exercice (non, non, pour une fois, même bourgogne ne ferait pas mieux l’affaire que bordeaux…) . Les sièges arrières, comme sur la Gransport, permettent même à JC de caser sa longue silhouette, sans séquelles après quelques kilomètres à l’arrière de l’auto.

Cette Maserati est une GTA, ce qui signifie que le levier qui protubère depuis le tunnel central porte les indications honnies P-R-N-D etc. Le sourire un peu en demi-ton de Tino, lorsqu’il me tend les clés de la Maser, est révélateur : il sait que je suis enthousiaste à l’idée de conduire une 3200, mais a l’air de s’excuser par avance pour la boîte auto. Sans doute, comme moi, préfère-t-il la version manuelle. Démarrer la voiture, surtout dans un parking couvert, est toujours un petit événement. Un grondement feutré mais riche en harmoniques vous prévient qu’il y a du répondant sous le capot. Bien sûr, ce n’est pas le niveau vocal d’une Gransport, mais on ne parle pas du même type de voiture ici.

En ville, et pour tenter de rétablir l’objectivité par rapport à la boîte auto, la GTA est sans doute plus facile qu’une GT , dont la combinaison embrayage et accélérateur présente une sensibilité assez difficile à maîtriser au démarrage. La partie qui nous intéresse le plus est évidemment la route de campagne, surtout agrémentée de quelques lacets. Ce que ne manque pas de nous dénicher notre essayeur en chef. JC a pris le volant, mais à voir son enthousiasme à l’attaque des virages il me prend soudain l’envie de me rafraîchir la mémoire.

Photos dans la boîte, je reprends donc les commandes pour passer les mêmes lacets dans l’autre sens. En mode sport, la direction est suffisamment précise et ferme ; le siège, sous ses apparences de fauteuil club, tient le pilote bien en place. Le châssis donne une sensation d’intégrité presque supérieure à celle de la Gransport ; ou peut-être, en quelque sorte, plus naturelle et communicative. Seul danger, pour les gens qui comme votre serviteur ont parfois le pied un peu lourd, le kickdown de la boîte auto qui, s’il se déclenche en sortie de virage, peut déstabiliser la voiture, et, pour les plus imprudents, doit parfois donner des sueurs froides. Définitivement plus du côté GT que sportive, en raison notamment de la boîte auto, la 3200 GTA est un premier pas vers l’automobile italienne de prestige, avec la touche assez extravertie du capot et calandre carbone.

Fondée peu après Ferrari par une famille bolognaise éponyme, l’histoire de Maserati est presque aussi tumultueuse que celle d’Aston-Martin : les frères Maserati, la famille Orsi (1937), Citroën (1968), de Tomaso (1975), le groupe Fiat (1993), Ferrari (1999) puis re-groupe Fiat (2005). Le rapport avec cet article ?

Aucun, c’était juste pour être pédant. Contentons-nous de relever que la prise de contrôle éphémère par Ferrari a coïncidé plus ou moins avec le lancement de la 3200 GT, dont la cousine à boîte automatique nous occupe en ce dimanche de Novembre.

Contact, et c’est déjà Noël : du vert, du rouge, du jaune, ça clignote, ça s’éteint puis ça se rallume. Manque plus que le PCCB (Petits Chanteurs à la Croix de Bois) dont on pourrait facilement caser un septet à l’arrière. Tour de clé et brouf, le petit V8 s’ébroue dans un bruit réjouissant. Pas de malaise pour les manœuvres, le convertisseur de couple de la GTA déplace la voiture prestement, presque trop. On chauffe consciencieusement la mécanique sur les premiers kilomètres, la boîte 4 se fait oublier, le moteur coupleux aussi. L’intérieur est affaire de goût, j’ai de la peine à m’enthousiasmer pour le design, encore plus pour le coloris, mais la qualité de réalisation et l’ergonomie sont corrects. La direction est un peu molle autour du point central, mais semble se raffermir en mode ‘Sport’.

  

A l’approche des premiers virages, la 3200 GTA fait preuve d’une belle homogénéité, loin du comportement un peu artificiel de la 4200 Gransport et le moteur est bien rempli, poussant fort dès les bas régimes jusqu’à l’approche de la zone rouge, dans le bruit caractéristique de succion d’air des mécaniques turbocompressées. Certes, la boîte automatique ne prédispose guère à un style outrageusement agressif, les rapports sont longs et les passages de rapport dans la moyenne des boîtes à convertisseur de couple: un peu laborieux à l’approche de la zone rouge. Pas de méprise pourtant, ça pousse fort et longtemps, les reprises sont charnues, et pour peu qu’on adopte un style pas trop saignant, la boîte se fait oublier. Un compromis, mais pensez aux embouteillages et aux parcours urbains.

Certaines sources – invérifiables – parlent d’une proportion de 40 à 50% de GTA dans la production mondiale de 3200 GT. Rien d’étonnant à cela, la configuration colle bien à la définition de la voiture : une GT confortable, habitable (les places arrières sont plus qu’utilisables) et une touche d’exotisme. Dans la catégorie, la valeur sûre reste la Porsche 996, mais les places arrière sont symboliques. Avec un  budget de 60’000 CHF pour 50000km, le grand tourisme à l’italienne est à votre portée. Si vous tombez sur une GTA dans votre quête, prenez le temps d’aller faire un tour avec.

L’exemplaire Grigio Touring illustré ici est à vendre au Speedy Garage, Lausanne. Avril 2000, 31’500km, avec en option:

Prix de neuf: 153’930 CHF. Prix de vente: 85’500 CHF

Caractéristiques techniques

Moteur : V8 à 90degrés, biturbo, 3217 cm3

Puissance : 370 ch à 6250 t/min

Couple : 442 Nm de 2700 à 5500 t/min

Accération 0-100 km/h : 5.7s

Vitesse de pointe : 270 km/h

Poids : 1620kg

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