Asphalte.ch

Et pas qu'en Allemagne.

Baisse significative mais moins prononcée des parts du diesel au Royaume Uni en Août, dans un marché baissier (par rapport à une année 2016 très robuste):
- Août 2016: 47.2% diesel, 49.7% essence, 3.1% alternatives
- Août 2017: 39.6% diesel, 55.2% essence, 5.2% alternatives

Reste à voir si le consommateur aura une mémoire. On avait prédit que les gros SUVs ne reviendraient pas sur le marché US, et c'était faux.

Pas de chiffres disponibles pour le marché français, le CCFA ne communique pas la part du diesel dans ses rapports mensuels, mais Challenges annonce 47% (contre 77% à son apogée en 2008).

Je reste convaincu qu'il y a un changement de mentalité, mais qu'il y a beaucoup d'inertie pour qu'un seul scandale puisse à lui seul vraiment renverser la chose.

Dans le cas de VW, je n'ai noté aucun changement suite au scandale de 2015. Comme si l'adage "faute avouée, faute à moitié pardonnée" s'appliquait à la lettre. Je ne me souviens pas avoir entendu concrètement tourner le dos à la marque, et les chiffres le montre.

Idem comme dans les scandales alimentaires et dans la consommation en général. Un seul évènement ne suffit pas à changer les habitudes des consommateurs. Par contre la répétition de problèmes relatés par les médias induit doucement un changement de cap.

On ne peut pas imputer uniquement la baisse de vente des diesel au diesel-bashing, c'est très certainement combiné au sentiment d'avenir incertain quant à la revente, la circulation dans les villes, etc... Mais toutes ces mesures n'ont-elles pas été provoquées/accélérées par ce sentiment anti-diesel présent depuis une année?

Les crossover premium dépassent désormais en volume les berlines et breaks équivalents. Et le nouveau XC60 cartonne. C'est d'ailleurs le seul segment premium qui n'est pas dominé par Audi, BMW ou Mercedes. On pourrait cependant argumenter que si on cumule les ventes de variantes (X3+X4, GLC+GLC Coupé et Q5 + .... rien avant le Q4 en 2019), ils se tiennent dans un mouchoir de poche.



Les immatriculations de Q5 ont souffert d'une capacité de production insuffisante de l'usine Audi au Mexique, donc la demande semble là.
Les ventes du segment ont crû de 23% à 242,682, contre +13% pour les berlines et breaks à 219,404 unités.
L'écrasante majorité se vend en diesel (82%) mais les ventes en essence grignotent du terrain, elles sont passées de 7.4% en 2016 à 12%.

Le segment va être intéressant à suivre car l'offre électrifiée/électrique va s'étoffer:
- Jaguar I-Pace et Audi e-tron en 2018
- Mercedes EQ en 2019 et e-tron Sportback en 2019
- BMW X3 électrique en 2020

Les chiffres de novembre pour le Royaume Uni:

Diesel: 37.7% vs 48.3% en 2016
Alternatives: 5.4% contre 3.6% en 2016.
Pour les 11m de l'année: le diesel chute à 42.2% vs 47.8% en 2016. Tendance qui ne pas s'inverser avec les nouvelles surtaxes sur les véhicules diesel.
Le tout dans un marché baissier -5% sur l'année, -11.2% en Novembre.

Le marché allemand s'est mieux porté que le marché UK en Novembre, +9.4%, mais la punition est également sévère pour le diesel: 17% de chute pour tomber à 34.0% de parts de marché, pas loin de la situation en Suisse.

Une chute qui profite largement aux moteurs à essence (61.7%) alors que les allemands boudent toujours les alternatives (hybrides, électriques, hydrogène) qui ne sont qu'à 4.3%, dont 74.1% d'hybrides et 25.9% d'électriques.

C'est un peu l'ironie de cette vague de diesel-bashing qui amène une prise de conscience émotionnelle du consommateur. Le mazout est en train de passer rapidement du smart choice au dumb choice, mais les électriques n'en profitent pas, faute d'une offre produit attractive et d'infrastructures adaptées. Les consommateurs dans leur grande majorité retournent à l'essence.

Les émissions de flotte remontent de 1.1% à 127.8 g/km.

Le diesel fait de la résistance en Italie. Pas de chute vertigineuse comme des les autres grands marchés européens.

Les ventes de crossovers compacts ont augmenté de 25% en Europe cette année.

En tête, le Qashqai:


Dans ce segment, le diesel domine encore de loin avec 59%, mais décline. Les ventes en essence sont passées de 28 à 35% en un an.
Bizarrement, la part des 4x4 diminue (tendance inverse de la Suisse), elle est tombée à 24% en Septembre contre 28% l'an dernier, avec des résultats contrastés entre constructeurs: 61% de CR-V, 49% de CX-5 et 47% de Tiguan se vendent en 4x4 sur le continent.

Le top 50 des modèles les plus vendus en Europe sur les 10 premiers mois:




Un marché qui se porte bien en apparence si l'on écoute les chiffres de croissance annuels, mais qu'on regarde les chiffres , la majorité des marchés sont péniblement revenus à leur niveaux moyens d'avant crise de la dette, et sont largement en-dessous de leurs pics.

Le top des modèles électriques vendus en 2017 (Jan-Oct) et les plus gros marchés:



En Allemagne, le système de primes semble avoir eu un effet, mais en rapport à la taille du marché 3.4m de voitures, soit 11x la Suisse), la pénétration reste très faible. Des analystes (LMC) voient l'Allemagne devenir #1 en volume européen en 2019 avec 71'000 unités, et atteindre 200'000 en 2022.

Le sujet me turlupinait: au détour de la plupart des débats médiatiques, on entend parler de "la crise" comme d'un état latent, sans jamais trop savoir à quoi on fait référence, ni où, ni de quelle crise on parle réellement. Et comme le marché automobile est un bon indicateur de la santé économique d'un pays et de la confiance des ménages dans l'engagement de dépenses majeures, les volumes de vente offrent un indicateur intéressant sur la situation des différentes économies du continent.

Alors, quelles crises ? Qui en est resorti ? Qui en souffre encore ? Comment se portent les marchés automobiles européens après la crise ? Qu'achètent maintenant les consommateurs ?

Super intéressant !
Petite erreur par contre dans le premier graphique de la page 3. En faisant référence à ta comparaison entre marché Suisse et Portugais, je remarque que tu as mis PO (Pologne) au lieu de PT (Portugal).

Merci et merci !

Il y a certains paramètres qui viennent influer sur ces statistiques
Mon père habite en France sa voiture est peu kilométrée mais ancienne,certain jours il ne pourra plus rouler sa sa ville de résidence. Il est donc par la force des choses obligé de la passer à la casse (alors qu'elle est dans un état proche du neuf) et d'en racheter une neuve. Pour faire passer la pilule, l'état donne des aides qui font qu'il roulera en Skoda Fabia neuve plutôt bien équipée pour un peu moins de 10000€.
Depuis quelques années la France a largement dopé artificiellement le marché de la voiture neuve, et ça continuera avec le durcissement du contrôle technique qui arrive.
Plus que le nombre de voitures vendues il faudrait avoir le montant total des ventes annuelles

Respect pour l'article: bourré d'informations qui me semblent pertinentes et une vision rafraichissante pour un sujet qui est en général bien plus aride!

Le marché automobile européen se porte dans son ensemble plutôt bien avec
+2.9% EU28
+2.8% EU28 + AELE à presque 8.7m de véhicules

Les quatre grands marchés ont des trajectoires contrastées:
1. Allemagne 1,839,031 +2.9%
2. Royaume Uni 1,313,994 -6.3%
3. France 1,188,150 +4.7%
4. Italie 1,120,829 -1.4%
Des chiffres à toujours remettre dans un contexte moins myope.

Côté marques:
1. VW 965,471 +9.4%
2. Renault 621,357 +0.5%
3. Ford 540,010 -4.1%
4. Peugeot 535,478 +8.9%
5. Opel 486,822
6. Mercedes 438,670 -1.9%
7. Audi 421,179 -1.6%
8. FIAT 418,950 -9.0%
9. BMW 410,295 -1.1%
10. Skoda 387,100 +9.0%

Le groupe VW progresse de 8% et atteint 24.4% de PDM devant le groupe PSA à 16.3% (grâce à Opel) et le groupe Renault à 10.7%.

Une preuve, si il en fallait, que les consommateurs n'ont strictement rien à battre du dieselgate en tant que tel.