Charade – l’enfer Auvergnat
Sortie sur la version auvergnate de la Nordschleife.
Charade, nom féminin, de l’occitan charrado, causerie: devinette où l’on doit retrouver un mot de plusieurs syllabes à partir de la définition d’un homonyme de chacune d’entre elles et de la définition du mot entier. Ne zappez pas, vous êtes bien sur Asphalte. Charade donc, voilà donc un nom curieux pour un circuit, surtout qu’il n’y a même pas l’excuse d’un bled éponyme voisin.
Mais pourquoi l’enfer ? Belzebuth aurait-il une résidence secondaire dans les tréfonds d’un des Puys qui ponctuent le paysage de la région ? La cuisine locale, très typée “terroir”, nous y reviendrons, transforme-t’elle tout séjour en purgatoire alimentaire ? Que nenni. Si Charade mérite cette association substantive sulfureuse, c’est pour sa similarité relative mais fièrement revendiquée avec la Nordschleife du Nürburgring, l’enfer vert (Grüne Hölle) des Ardennes. Les Auvergnats restant fidèle à leur réputation d’avoir la bourse serrée (nous parlons porte-monnaie, pas d’anatomie masculine), ils surent raison garder: plutôt que d’investir dans un pachyderme de vingt et quelques kilomètres, fort dispendieux à construire, un tracé de 4.05 km ferait fort bien l’affaire.
Le site internet n’y va pas avec le dos de la cuillère et compare donc l’endroit à deux références de taille: Spaet le Ring. Stirling Moss y aurait même été victime d’un accès de plus-beau-circuit-du-mondite, probablement victime d’une indigestion de tête-de-veau aux lentilles. Autant le dire tout de suite: le cricuit est intéressant, mais n’a rien de commun avec les monuments pré-cités.
Quolibets mis à part, l’endroit a ses atouts. Niché dans les collines qui entourent Bibendum-city (Clermont-Ferrand), le tracé est vallonné, varié et plutôt plaisant. Cette sortie, organisée par l’O.S.C.A., rassemblait un plateau assez disparate: quelques formules, et un large spectre d’autos allant de la Golf I en allégée à la Porsche 996, en passant par une grappe de Focus RS, l’inévitable WRX Sti, quelques vieilles dérie 3 BM et autres Sierra Cosworth conduites par des driftmeisters. Ambiance sympa, très relax.
Ironiquement, c’est dans le fief de Michelin que mes Bridgestone décidèrent de me jouer un tour pendable et me donner une leçon mémorable. Dès le petit matin, j”observais d’un air goguenard les arrivants s’affairer autour de leur auto, qui à changer ses pneus, qui à dégonfler ses pneus. Me disant que je n’étais pas là pour jouer les chochottes, la 355 se passerait fort bien de tels préparatifs. Mauvaise idée. Tout se passa admirablement le matin, alors que la température grimpait allègrement, tout comme ma connaissance du circuit, jusqu’à ce que peu avant midi, l’arrière de la 355 décroche brutalement à l’entrée du grand gauche qui suit la courte ligne droite des stands et dans lequel on entre à fond de 3. Le mur en béton me parut fort proche pendant quelques interminables secondes avant que la voiture ne termine sa glissade à cheval sur le vibreur. Une éraflure sous le bouclier avant, l’intérieur couvert de terre rentrée par la fenêtre passager entre-ouverte, avertissement sans frais. Diagnostic: 3.0 bars à chaud dans les pneus arrières (2.2 recommandés à froid), je roulais sur des ballons de plage.
Pratique
Le site du circuit.
Distance: 435km de Lausanne par Genève, Lyon, St Etienne en privilégiant l’autoroute, 400km en coupant par les nationales depuis Lyon (pas conseillé).
Logement: sans trop de conviction, l’hôtel Métropole à Royat, parking fermé à proximité mais très peu pratique pour une voiture basse et large. Le “charme” désuet de ce qui fut peut-être jadis un hôtel de luxe, bruyant, petit-déjeuner basique.
Sur le circuit: nada. Pas d’essence, pas de bouffe, pas d’ombre. Pique-nique ou déplacement dans un des villages du coin pour manger.
Accès: pas de journée open à notre connaissance, mais de nombreuses organisations, l’O.S.C.A. par exemple, y font une sortie chaque année.
Suggestion: le Puy de Dôme vaut vraiment le coup d’oeil. Fermé au trafic en journée, on peut monter au sommet en voiture en fin d’après-midi (à partir d’environ 18h00, vérifier). Beau panorama; de nombreux parapentistes quand il n’y a pas trop de vent. Le reste de la région est un peu décevant: après les pubs pour eaux minérales, on s’attend à quelquechose de grandiose. Plus loin, le lac Guéry et le rocher le Tuillère vallent une petite balade si vous en avez le temps.
Un tour
Charade est un circuit technique et varié; l’absence de dégagements et la proximité omniprésente de murs en béton impose une certaine retenue. Les vidéos de 2 tours sont disponibles pour téléchargement: tour 1, tour 2.
La courte ligne droite s’avale à fond de 3, le passage de la 4 étant nécessaire si on resort bien du droit qui précède. On lèche les freins pour rentrer dans un gauche à 90 degrés puis réaccélère à fond avant de rétrograder en 2 pour un droit serré. Suivent 3 pif pafs, droite-gauche d’abord, puis gauche-droite à l’aveugle en forte montée, puis droite-gauche à nouveau, tous se passent en 2ème. Suit une accélération en courbe puis en descente jusqu’en 4ème avant un freinage appuyé pour une épingle qui se prend de nouveau en 2ème. Faible dégagement avant bac à sable.
Suit une courte ligne droite avant un autre pif paf puis une jolie ligne droite en enfilades qui permet de monter jusqu’à fond de 4. Freinage et rétrogradage jusqu’en deuxième pour une épingle qui commande la partie la plus technique du circuit. On tire la 2 et passe la 3 sur un petit rectiligne en montée avant de freiner pour une épingle serrée à droite. Réaccélération suivie d’un long gauche, toujours en montée, suivi d’un long droite-gauche qui ammorce la redescente vers les stands. Vraiment difficile de trouver la bonne trajectoire et de bien utiliser la largeur de la piste. L’option par défaut est de rester bien sagement à la corde, mais ce n’est certainement pas la plus efficace.
Au final, pas d’endroit vraiment scabreux, mais un tracé technique qu’il est facile d’apprendre, mais difficile de maîtriser. Beaucoup de relances, quelques unes en forte pente, il faut du couple. La 355 avait bien de la peine à suivre la Sti et le souffle de son turbo dans la montée.
Les 2 vidéos ci-dessus, prises en début de journée, sont des tours en 2’30” environ, des temps facilement atteignables dans toute sportive.
Comment finir sans une charade ? Mon premier enveloppe les oreillers. Mon second est un adjectif possessif féminin. Mon troisième s’utilise pour jouer sur tapis vert. Mon tout se termine souvent mal.