ePrix de Berne 2019: Vergne maîtrise

Le deuxième ePrix de Suisse s’est déroulé ce samedi 22 Juin. 

La Formule E est de retour en Suisse pour la deuxième année consécutive. Après l’édition 2018 tenue à Zürich, c’est Berne qui a pris le relais avec un circuit de 2.75 km tracé à l’est du coude de l’Aar. Très vallonné avec 60 mètres de dénivellé entre son point le plus bas près de la fosse aux ours et la colline qui fait face à la ville, ce tracé se distingue également avec des courbes rapides nettement plus intéressantes que l’enchaînement de virages à angle droit du circuit zürichois.

Les voitures ont évolué assez radicalement pour cette saison 2018-2019 qui étrenne la deuxième génération de Formule E. Les voitures embarquent désormais une batterie de 54 kWh (au lieu de 28 auparavant), ce qui leur permet de parcourir une épreuve de 45 minutes + 1 tour sans changer de voiture. Les Formule E Gen2 pèsent 900 kg, pilote inclus, dont 385 kg pour la batterie. La puissance est de 272 ch en course, et jusqu’à 340 chevaux en qualifications. Le 0-100 km/h est abattu en 2.8s et la vitesse de pointe de 280 km/h.

Cette voiture de deuxième génération reste standardisée pour limiter les coûts, mais donne la liberté aux équipes d’innover dans des domaines cruciaux: le moteur électrique, l’onduleur, le système de freinage brake-by-wire, la transmission, le différentiel, les arbres moteur, le monocoque, la suspension arrière, le système de refroidissement et l’ECU.

Les qualifs

Les qualifications permettaient de mettre en valeur un tracé bernois technique, étroit, très bosselé par endroit, et plutôt gourmand en énergie. Particulièrement, quelques courbes avec freinage en appuis proposaient de beaux moments de pilotage. L’étroitesse de la piste soulevait toutefois une pointe d’inquiétude devant l’engagement rugueux habituel des pilotes de la Formule E, en faisant redouter un “big one” obstruant la piste comme cela s’est déjà produit à deux reprises cette saison.

Jean-Eric Vergne (teams DS Techeetah), homme en forme de la deuxième moitié de saison et actuel leader du championnat, s’octroyait la 1ère place de la grille en réalisant un meilleur temps net à l’issue de la super pole. Il s’élançait devant Mitch Evans, Sébastien Buemi, le régional de l’étape, Pascal Wehrlein et Maximilian Günther.

La course

Au départ, Vergne s’élançait parfaitement et gardait la tête devant Evans, mais au bout de quelques mètres, à la première chicane, Wehrlein touchait l’arrière de Buemi et provoquait sa propre perte en étant mis en travers de la piste par Günther. Un autre choc ayant eu lieu un peu plus loin dans le paquet impliquant Frijns poussé en tête à queue par Lynn) la piste était bouchée comme un samedi du mois d’août par l’entassement des pilotes suivants.

Il restait toutefois un petit passage libre par une échappatoire, où s’engouffraient une partie de la seconde moitié du peloton (Vandoorne, Massa, Di Grassi ou Da Costa notamment), pensant réaliser la bonne affaire. Le drapeau rouge était sorti devant l’étendue du bouchon, et la course interrompue pour une durée de 3/4h environ.

Le classement des pilotes en vue du restart était ensuite sujet à discussions. La direction de course optait pour un ordre identique à celui juste avant l’incident, quand les pilotes ayant gagnés des places, Di Grassi en tête, organisaient une fronde et souhaitaient bien évidemment que soient pris en compte leurs gains de places substantiels.

Il n’en était rien et la course repartait enfin, sous safety car, avec un Vergne qui conservait la tête devant Mitch Evans sur sa Jaguar. Ce dernier maintenait la pression toute la course durant, tentant de multiples dépassements. Vergne restait cependant intraitable et impérial, contenant toutes les attaques avec maîtrise. Même l’averse piègeuse de fin de course s’abattant sur le tracé urbain ne changeait rien à l’affaire.

Jean-Eric Vergne empochait donc à l’arrivée sa 3ème victoire de la saison. Collés derrière lui, Evans, Buemi et André Lotterer terminent roues dans roues. L’allemand est d’ailleurs à créditer d’une très belle course. Parti 8eme après des qualifications en dessous de ses attentes (il avait réalisé de très bons essais libres mais estimait avoir été gêné par Di Grassi lors de son tour de qualification) Lotterer traçait son chemin jusqu’à la 4ème place en multipliant les très belles manœuvres de dépassement. Ceci grâce notamment à une gestion intelligente, tant de son Attack Mode que de l’énergie de sa batterie.

A deux courses du terme de la saison (les deux épreuves New Yorkaises de la mi juillet clôtureront le championnat 2018/2019), Jean-Eric Vergne fait quasi carton plein en empochant les points de la pole en plus de ceux de la victoire. Il ne manquera sur l’épreuve Suisse que le point du meilleur tour. Ceci assure au pilote Français un avantage probablement décisif au championnat, qu’il a nettement dominé depuis la mi-saison. Il reste en effet 58 points à distribuer et Vergne dispose maintenant de 32 points d’avance sur son coéquipier Lotterer, 2ème au général.

Le duo DS Techeetah entérine par ricochet la supériorité de leur team cette saison, avec 58 points d’avance sur le team Audi Sport Abt Schaeffler. Auteur de qualifications désastreuses, Lucas Di Grassi a été le grand perdant du week-end. Arrivé à Berne deuxième au championnat avec seulement 6 points de retard sur Vergne, il repart de la capitale troisième avec 33 points de déficit face au français.

Note: Lotterer a été pénalisé et déclassé après la course, ce qui le laisse à 86 points et permet à Di Grassi de gagner un petit point, ce qui laisse à Vergne 32 points d’avantage. Audi se retrouve ainsi 43 points de DS Techeetah.

Tout est possible en Formule E. Les deux courses de New York seront décisives pour les titres pilote et constructeur.

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Texte: Thomas Rougier & JC Etter

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