Tesla réaffirme son objectif de 100’000 Model S & X pour l’année 2018, mais ne donne aucune cible de production ou de livraison pour Model 3.

Des résultats et des questions

Tesla a su maintenir pendant le trimestre un rythme de production de Model 3 à environ 80% de son volume de crête historique de 5’000 unités hebdomadaires, et aucun commentaire n’est fait de la cible de 6’000 voitures hebdomadaires annoncée pour fin Août. La firme californienne a donc exaucé les voeux de presque 56’000 clients qui attendaient leur voiture depuis plus de deux  ans, privilégiant ceux prêts à commander une configuration avec batterie à grande autonomie et intérieur premium. L’ajout des versions Dual et Performance aura sans doute été bénéfique aux marges.

Plusieurs questions lancinantes demeurent cependant. La demande tout d’abord. Le 12 Septembre, Tesla annonçait la disponibilité de Model 3 RWD sous 4 semaines, indication explicite que le carnet de commandes nord américaines pour cette configuration – la moins chère actuellement disponible – est épuisé. Les versions à petite batterie – celles promises pour 35’000$, ne seront disponibles que dans 3 à 6 mois. La fourchette est large pour le produit promis: la voiture électrique abordable. En l’état la configuration la moins chère est 49’000$ (55’000$ en Dual et 64’000$ en Performance, avant options). La demande hors Etats-Unis n’a pas encore été satisfaite, mais son ampleur reste inconnue. Quelle sera la demande réelle une fois les commandes accumulées depuis deux ans exaucées ? Que reste-t-il de ces commandes ?

La profitabilité ensuite. L’email d’Elon Musk est explicite: “nous sommes proches d’atteindre le seuil de rentabilité”. Malgré un profil de livraison ultra-favorable (Long Range, Dual, Performance), Tesla a de la peine à gagner de l’argent avec Model 3. Les résultats financiers devront montrer si Tesla fonctionne désormais avec un flux de trésorerie positif, et si ce flux parviendra à auto-financer les activités de la société tout en honorant les échéances obligataires qui tombent à la fin 2018 puis au début 2019.

La stabilité opérationnelle enfin. Elon Musk et Tesla ont été lourdement amendés (20 millions de dollars chacuns) par le gendarme boursier américain, la Securities & Exchange Commission, pour divulgation d’informations mensongères au sujet d’un hypothétique retrait du titre TSLA de la bourse. Elon Musk est également contraint d’abandonner la présidence du Conseil d’Administration et d’accepter la nomination à ce conseil de deux membres indépendants. Cette mise sous tutelle arrive dans un contexte de départs massifs de responsables dans les domaines de la finance, de la comptabilité, de la recherche et développement, des achats et des resources humaines.

Quelles que soient les raisons de cette hémorragie de vice présidents, elle est handicapante à un moment où Tesla doit non seulement continuer à délivrer, mais faire face à une concurrence accrue de la part de Jaguar, Audi et Mercedes. Tesla se plaint ouvertement d’être exclu de fait du marché chinois par les taxes d’importation résultant du conflit douanier engagé par le président américain, Donald Trump. Les difficultés sont donc multiples, à court et moyen termes pour une organisation qui semble reposer sur un seul homme, avec ses forces et ses faiblesses.

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