La classe C 43 AMG propose une recette nuancée.
Sur le papier, la Mercedes-AMG C43 4 Matic est la recette idéale pour le marché suisse. Des moteurs puissants, une transmissions intégrale de série, le choix entre 4 carrosseries (berline, coupé, cabriolet et surtout break), des ingrédients qui ont fait le succès des gammes S chez Audi. Ajoutez à celà un style extérieur qui semble plaire et rajeunir la clientèle, et une politique commerciale agressive qui a propulsé la marque au deuxième rang des ventes en Suisse, Mercedes semble avoir fait tout juste. Reste à jauger les prestations du produit, en l’occurrence avec une C43 Cabriolet, sans doute la carrosserie la plus vulnérable aux yeux de l’automobiliste exigeant.
La rigidité est l’alpha et l’omega des cabriolets. L’ablation du toit met à rude épreuve la caisse, tant en flexion qu’en torsion, comme une boîte à chaussures dont on a retiré le couvercle et largement échancré les faces latérales pour y ménager l’ouverture de portes. En prenant livraison de ma C43 AMG couleur argent indium, j’ai en mémoire de grandes déceptions passées, notamment l’Audi RS5 B8 Cabriolet, terrassée par les contorsions de sa structure. Je guette sur les premiers kilomètres les symptômes distinctifs au passage d’inégalités. Vibrations dans le plancher ? Niet. Remontées dans la colonne de direction ? Pas le moins du monde. Brouillage du rétroviseur central ? Rien à signaler. Mercedes semble avoir réussi son coup, du moins dans ce registre crucial. En route pour le Tessin par quelques cols alpins, histoire de confronter cette C43 à l’épreuve du week-end estival en couple.
Qui dit week-end dit bagages, et la capacité du coffre s’avère problématique. Largement amputée par l’espace dévolu à la capote, on ne peut l’utiliser en profondeur qu’avec des valises format bagage de cabine orthodoxe, celles qui rentrent vraiment dans les chiches gabarits des compagnies low cost. J’arrive à caser une deuxième Samsonite verticalement dans le coffre, mais la troisième et le sac photo finissent sur les sièges arrière. Places qui sont donc à réserver à des passagers occasionnels. Partir en week-end avec un ou deux enfants relève de la gageure, à moins de condamner l’espace dévolu à la capote et ne profiter du grand air qu’à destination, une fois les valises déposées à l’hôtel.
L’intérieur de la classe C est familier et c’en est presque une déception. Cuir standard, sièges standard, la seule touche qui démarque cette C43 AMG d’une C220 Diesel un peu optionnée est le fond des compteurs, décoré d’un motif en damier assez kitsch, ainsi que le volant AMG. La sonorité n’a, elle, rien d’un turbodiesel. Dès le démarrage, le V6 biturbo affiche une note ronde et démonstrative qui rappelle immédiatement le V6 turbo qui équipe les S4 et S5 B9 chez Audi. Ce V6 de 2996 cm3 berce 2 turbos au sein de son V alors qu’Audi réserve le traitement biturbo à la gamme RS. Il développe 520 Nm à 2000 t/min et 367 chevaux de 5500 à 6000 t/min, des valeurs plutôt flatteuses pour la cylindrée. Mercedes revendique ainsi le 0-100 km/h en 4.8s et une vitesse de pointe de 250 km/h.
Un court parcours de liaison autoroutier me permet d’évaluer les trois réglages de la suspension Ride Control: Comfort, Sport, Sport+. La plage de réglage de l’amortissement est très large, très souple et prévenant en mode Comfort, avec des pompages occasionnels sur les grosses compressions, et le mode Sport+, taillé pour la conduite sportive sur revêtements lisses, mais à la limite du trépidant sur autoroute. Le mode Sport offre un bon compromis, avec une tenue de caisse rigoureuse sans en devenir inconfortable.
Nous quittons l’A2 à Wassen pour attaquer le Susten par son versant uranais. Il fait un peu frais mais beau, le décapotage est obligatoire pour profiter pleinement du panorama et d’un soleil que météosuisse annonce éphémère. Une occasion rêvée pour tester le système Air Scarf qui souffle de l’air chaud au niveau de la nuque. Mercedes-AMG dit avoir adopté des solutions élasto-cinématiques spécifiques sur cette C43 AMG, et ça se sent. Les guidages des trains sont rigoureux au passage d’inégalités, ne faisant remonter aucun jeu coupable tout en restant bien filtrés, en phase avec une auto qui doit rester confortable. Le train avant parait bénéficier d’un excellent grip, et il faut lui faire confiance car les remontées d’information dans la direction sont inexistantes. Une certaine inertie est perceptible dans les changements d’appuis (cet exemplaire pèse 1861 kg vérifiés), mais le châssis se comporte par ailleurs très bien.
Arrivés à l’étape de midi pour une pause rösti obligatoire, je fais le point. Cette C43 AMG est convaincante, surprenante même, offrant un mélange appréciable de performances et de sensations de conduite. Les prestations sont homogènes, que l’on roule en mode tourisme ou que l’on ait décidé de semer un motard qui suit d’un peu trop près. Le plus gros point noir jusqu’ici se situe au niveau des sièges. Ils paraissent sculptés, mais pour un gabarit 20kg plus épais que le mien. Les sièges Performance AMG (une option à CHF 2’760), si ils sont réussis, seraient pour moi d’une impérieuse nécessité pour profiter du potentiel de l’auto.
Mercedes a eu l’idée judicieuse de complètement dissocier la gestion moteur/boîte (Eco, Comfort, Sport, Sport+ ou Individual) de l’amortissement (trois niveaux) du mode de gestion de la boîte (mode manuel enclenchable sur la console centrale. A défaut d’enclencher ce dernier, la gestion automatique de la boîte reprend le dessus après quelques secondes. Nous poursuivons notre itinéraire vers le Grimsel sous un ciel de plus en plus menaçant, puis le Nufenen dont le sommet est dans la bruine et le brouillard. Le confort d’un cabriolet moderne comme cette classe C est appréciable: on décapote et recapote sans la moindre contrainte, en traversant un village à moins de 50 km/h, et la capote offre un excellent confort avec une bonne isolation phonique.
Arrivé sur les rives du lac majeur, je prends le temps d’un examen plus contemplatif de cette C43 AMG. Le style Mercedes plait manifestement et a largement contribué à rajeunir la clientèle et faire progresser la marque sur de nombreux marchés, Suisse incluse, mais je trouve la voiture un peu fluette, malgré des jantes de 19 pouces, les plus grandes disponibles sur le configurateur. Comme à l’intérieur, j’aurais apprécié une esthétique un rien plus affirmée, plus plantée. Plus AMG.
Le deuxième acte de cet essai nous replace dans les Alpes, mais cette fois en solo, sans coffre plein à ras bord et sièges arrière chargés d’excédent de bagages. Nous ne sommes plus en mode balade en couple, mais en mode arsouille. Depuis Andermatt, je pars en chasse d’une paire de 991 GT3 pour illustrer notre essai du modèle. Montée express du premier tiers du Gotthard, puis Furka, descente dans les vertes plaines entre Obergoms et Ulrichen, puis retour à Gletsch et Grimsel dans la foulée. Le tout sans traîner en chemin, voire en attaquant franchement.
A la différence du V8 biturbo de la C63 AMG et sa boîte MCT à 7 rapports envoyant le couple vers les seules roues arrière, Mercedes équipe la C43 de sa boîte 9G Tronic et d’une transmission 4Matic avec une répartition annoncée à 31/69%. Le contrôle de trajectoire offre 3 niveaux, Normal, Sport ou déconnecté. Le passage en mode Sport permet d’éviter des limitations de couple assez pénalisantes tout en conservant le filet de sécurité nécessaire sur route ouverte. Le passage en mode Sport+ donne plus de personnalité à la note d’échappement, mais nécessite impérieusement l’utilisation du mode manuel pour contre-carrer une logique de gestion ridiculement et inutilement agressive. L’ensemble prend alors corps et permet d’avoiner à s’en scolioser la colonne vertébrale, grâce à ces satanés sièges trop larges.
L’homogénéité de la C43 dans ses conditions est remarquable, et on se surprend à rouler à un rythme répréhensible que ce cabriolet encaisse avec un naturel presque insolent. La boîte n’est pas particulièrement rapide dans ses réactions aux palettes, la connection homme-machine est un peu complaisante dans ce registre, mais elle n’en devient pas intrusive pour autant.
Le grand air, le soleil, le paysage, un châssis rigoureux qui encaisse et qui s’ajuste à l’état de la chaussée, les ingrédients du cocktail sont de qualité et se marient avec bonheur. Le comportement est neutre, que ce soit en placement sur les freins ou en sortie de courbe, plus neutre que la répartition du couple prononcée sur l’arrière pourrait ne le laisser penser.
Et ce V6 biturbo ? Sa sonorité ronde est un chouïa moins charmeuse et modulée que celle du V6 turbo d’Audi, mais suffisamment addictive pour rendre chaque montée en régime attrayante. Les performances sont largement suffisantes malgré le poids conséquent, et la consommation de 10.3 L/100km sur cet essai parait très raisonnable en regard de la large portion de cet essai parcourue en altitude. Le lag est modéré, l’allonge bonne, la prestation largement au niveau des attentes d’un V6 suralimenté moderne.
La C43 joue ainsi parfaitement le rôle de cruiser polyvalent qu’on emmène partout sans se soucier de pouvoir croiser ou franchir une rampe. Elle offre également une enveloppe de performances appréciable et, exception faite des sièges d’origine, la rigueur requise pour être intéressante en conduite sportive. Elle n’a cependant pas les attributs dévergondés qu’on peut trouver sur d’autres réalisations (ou contributions) de l’officine Affalterbach. Sa sportivité est réelle, mais tout en nuance et en discrétion, bien plus que la dénomination AMG pourrait le laisser croire. Chez Audi, il y a S et RS. Chez Mercedes il y a AMG majuscule, fonte 63 points, gras et souligné, et … cette autre griffe AMG plus discrète, plus mesurée, sans doute plus raisonnable.
Prix et options du véhicule essayé
Mercedes C43 AMG 4Matic Cabriolet | CHF 79’401 | € 76’250 |
Comand Online | CHF 3’825 | € 3’200 |
Intérieur cuir | CHF 2’040 | € 1’750 |
Pack Confort Cabriolet | CHF 1’490 | € 800 |
Pack Parking | CHF 1’460 | € 0 |
Distronic Plus | CHF 1’371 | € 700 |
Siège conducteur électrique à fonction mémoire | CHF 1’135 | € 1’350 |
Peinture Indiumsilber | CHF 1’105 | € 1’050 |
Système Audio Burmester | CHF 1’101 | € 1’000 |
Jantes AMG 19″ SA-605 | CHF 1’065 | € 900 |
Keyless | CHF 920 | € 0 |
Phares à LED | CHF 831 | € 700 |
Siège passager électrique à fonction mémoire | CHF 710 | N.C. |
Assistant d’angle mort | CHF 640 | € 550 |
Pack Rétroviseurs | CHF 640 | N.C. |
Radio digitale | CHF 585 | N.C. |
Sièges chauffants | CHF 460 | N.C. |
Isolation acoustique | CHF 355 | N.C. |
Eclairage d’ambiance | CHF 355 | N.C. |
Prix catalogue du véhicule de test | CHF 99’960 | € 88’250 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
Mercedes C43 AMG 4Matic Cabriolet | Audi S5 Cabriolet | BMW 440i xDrive Cabrio | |
Moteur | V6 biturbo 2996 cm3 | V6 turbo 2995 cm3 | L6 turbo 2998 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 367 / 5500-6000 | 354 / 5400-6400 | 326 / 5500 |
Couple (Nm / tr/min) | 520 / 2000-4200 | 500 / 1370-4500 | 450 / 1380-5000 |
Transmission | 4Matic | Quattro | xDrive |
Boite à vitesses | 9G Tronic | Tiptronic 8 | Automatique, 8 |
RPP (kg/ch) | 5.07 | (5.2) | (5.67) |
Poids DIN (constr.) | (1795) 1861 54.6% AV 45.4% AR |
(1840) | (1850) |
0-100 km/h (sec.) | 4.8s | 5.1s | 5.4s |
Vitesse max. (km/h) | 250 | 250 | 250 |
Conso. Mixte (constr.) | (8.4) | (7.8) | (7.3) |
CO2 (g/km) | 194 | 177 | 169 |
Réservoir (l) | 66 | 58 | 60 |
Longueur (mm) | 4686 | 4692 | 4638 |
Largeur (mm) | 1810/2016 | 1846/2029 | 1825/2017 |
Hauteur (mm) | 1409 | 1382 | 1384 |
Empattement (mm) | 2840 | 2765 | 2810 |
Coffre (L) | 360 | 380 | 370 |
Pneus | 225/45 ZR 18 245/40 ZR 18 |
245/40 R18 | 225/50R17 |
Prix de base (CHF) | 79’401 | 86’590 | 74’900 |
Prix de base (EUR) | 76’250 | N.C. | 64’300 |
Nos remerciements à Mercedes Suisse pour le prêt de cette C43 AMG 4Matic.
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