Audi RS5 Coupé : GT ou sportive ?
L’Audi RS5 Coupé a été présentée au salon de l’automobile de Genève au printemps 2017. Elle est la GT de la gamme RS, combinant les performances attendues d’une telle voiture avec la facilité d’utilisation requise pour une utilisation quotidienne. Les designers se sont inspirés de la voiture de course Audi 90 quattro IMSA GTO de la fin des années 1980 pour transformer le Coupé A5 en RS5. L’avant comprend de chaque côté de grosses prises d’air avec la grille caractéristique en forme de nid d’abeille. La grille centrale a été élargie et aplatie pour donner une allure plus agressive. Sur les côtés, les passages de roues ont été augmentés de 15 mm pour faire de la place pour des jantes de 19 pouces en standard ou 20 pouces en option. À l’arrière, un diffuseur relie les deux sorties d’échappement ovales comme sur toutes les Audi RS contemporaines.
Le moteur équipant cette RS5 Coupé est un nouveau développement de Audi, déjà vu sur la Porsche Panamera S de deuxième génération. Il est pour la première fois installé dans un véhicule de sa marque de conception. Il s’agit d’un V6 biturbo de 2.9 litres de cylindrée. Les deux turbocompresseurs sont installés au centre du V formé par les bancs de cylindres, ceci permet d’optimiser la longueur des conduits ce qui contribue à diminuer le temps de réponse. Comme tous les développements récents de la marque, le moteur fonctionne selon le principe d’un cycle Miller revu (également appelé cycle B à l’interne), permettant d’atteindre des niveaux de consommation améliorés. Il dispose d’une injection directe d’essence et développe une puissance de 450 ch et un couple de 600 Nm sur la plage de régime de 1900 tr/mn à 5000 tr/mn. Les performances annoncées pour le 0-100 km/h sont de 3.9 secondes et la vitesse maximale peut être portée à 280 km/h en option.
La transmission aux 4 roues « Quattro » permanente offre une répartition asymétrique entre les trains avant et arrière de 40% / 60%. La boîte à vitesse de type tiptronic possède 8 rapports, elle reprend la base de celle déjà vue sur l’Audi S4 B9, mais elle a subi des changements au niveau de l’étagement rapports ainsi que des adaptations du software. Il est également possible d’installer en option un différentiel sport à l’arrière. Les suspensions à 5 bras à l’avant et à l’arrière ont été adaptées. Enfin, on peut équiper sa RS5 de freins céramiques et de suspensions sport avec DRC. Ce système réduit les mouvements de la caisse grâce à des conduits reliant les suspensions gauche et droite. Lorsqu’un côté est compressé, il a pour effet de durcir la suspension de l’autre côté pour diminuer le roulis. Ceci fonctionne également entre l’avant et l’arrière lors de fortes accélérations ou gros freinages.
À l’intérieur, on trouve les sièges sport RS bien enveloppants, recouverts de cuir nappa avec des coutures optionnelles en forme de nid d’abeille, comme la grille frontale. Elles sont réalisées dans la couleur de la carrosserie ou une couleur contrastée. Le bas du volant est aplati, comme sur toutes les RS depuis de nombreuses années. Il est soit recouvert de cuir perforé ou d’alcantara. L’affichage LCD (virtual cockpit) derrière le volant a été retravaillé pour recevoir des fonctions supplémentaires comme un indicateur des forces d’accélération, de la pression des pneus et du régime moteur maximal. On trouve par ailleurs un deuxième écran au centre du tableau de bord pour les réglages de la voiture et le fonctionnement du GPS, et des fonctions multimédia. La voiture est équipée d’un hotspot wifi avec connexion internet, l’abonnement d’accès est inclus dans le prix pour 3 ans pour une couverture de toute l’Europe. Les interfaces Apple CarPlay et Android Auto sont supportées mais nécessitent une connexion physique avec le téléphone portable. Dans l’accoudoir central on trouve un chargeur sans fil à la norme Qi ainsi que deux ports standard USB. Les commandes de l’ordinateur de bord s’effectuent à l’aide d’une mollette équipée d’une surface tactile pour les entrées de texte.
Pour ce test nous avons rendez-vous à l’aéroport de Toulouse avec comme plan de route de rejoindre Andorre dans le massif des Pyrénées. Notre choix se porte sur une RS5 vert Sonoma métallisé, qui est une nouvelle couleur. Sur l’autoroute nous sélectionnons le mode confort à l’aide du drive select qui est le moyen de choisir la configuration de la voiture la mieux adaptée aux conditions de route. Il agit sur les paramètres de la boîte à vitesse, du moteur, de la suspension et les clapets du pot d’échappement. A vitesse stabilisée la voiture est très silencieuse, on n’entend pas le moteur, seuls quelques bruits aérodynamiques sont perceptibles. Le filtrage des suspensions est parfait dans ces conditions, on peut profiter de la musique diffusée par notre installation stéréo Bang & Olufsen optionnelle.
Andorre offre pleins de possibilités de routes de montagne, nous choisissons de partir en direction du col d’Ordino. Je passe le drive select sur dynamic, la boite en mode manuel et je commence la montée par un passage entre deux falaises, la chaussée est belle et bien sinueuse. Je roule fenêtre ouverte et je m’interroge si les valves du pot d’échappement sont bien ouvertes. La bande son du moteur n’est pas très démonstrative du siège du conducteur, je ferme la fenêtre pour améliorer la situation. Le bruit est rauque, le moteur produits une pétarade discrète très grave, comme sur la RS4 B8. On retrouve l’esprit GT plutôt que sport, avec un son dont le volume pourrait être un peu supérieur dans ces conditions. La soupape de décharge est bien audible en montant les rapports à haut régime, elle rythme la progression à chaque ligne droite. De l’extérieur, aucun doute, au passage de la voiture on remarque immédiatement qu’on est en présence d’une voiture qui a des arguments.
Le moteur est très coupleux, il pousse fort dès les bas régimes. Il est un excellent allié dans sur cette route sinueuse, mais il demande tout de même d’adapter sa conduite, il faut garder un filet de gaz dans le virage de manière à garder les turbocompresseurs sous pression. Si on ne le fait pas, on observera un léger délai à la réaccélération, un délai qui n’est pas caricatural mais reste perceptible. La poussée est très linéaire une fois le couple maximum atteint. Inutile d’aller chercher les hauts régimes, un short shift permettant de rester dans le plat de la courbe de couple procure une sensation de poussée continue. Le freinage est mis à rude épreuve, et malgré cela je n’ai pas constaté de perte de performance, la pédale de frein est douce et permet un bon dosage.
Nous sommes de retour de à l’hôtel et nous conversons avec Stephan Winkelman (notre précédente interview), patron de Audi Sport, ainsi que Stephan Reil, responsable du développement dans cette même société fille du groupe Audi. M. Winkelman me parle du futur des modèles RS. Le premier but est d’augmenter les ventes par un portfolio de voitures étendu et en couvrant de nouveaux marchés géographiques de manière à ne pas perdre en exclusivité. Donc plus de modèles RS qu’aujourd’hui. Stephan Winkelman confirme que ces nouveaux modèles seront essentiellement des SUV. Puis, vers 2020-2021 la première RS à propulsion purement électrique fera son apparition. Au début, les RS électriques seront des limousines ou SUVs qui permettront de tenir la promesse du logo RS: construction plus légère, accroissement de la performance. L’électrification du monde automobile est acquise, il va donc falloir la conjuguer avec l’expérience de conduite RS qui restera, comme aujourd’hui, basée sur la performance. Les progrès techniques dans le domaine du poids des batteries et l’utilisation de tensions plus élevées seront nécessaires pour que des modèles électrique RS apparaissent sur les voitures de plus petite taille. Ce ne devrait pas être le cas avant 2025 au plus tôt.
Nous évoquons l’engagement d’Audi en Formule-E. En termes de marketing, Winkelman considère cette formule adaptée aux changements en cours dans le monde automobile. Il souligne que le fait que les courses ont lieu en ville en fait un ambassadeur pour ce mode de propulsion qui a d’autant plus de sens en milieu urbain. M. Reil parle du transfert technologique de la compétition sur les voitures courantes, il mentionne l’injection directe comme un exemple de ces transferts. Utilisée dans les Audi aux 24h du Mans, elle est aujourd’hui installée dans pratiquement tous les moteurs à combustion. M. Reil est convaincu que la règlementation de la Formule-E, aujourd’hui monotype, va évoluer de manière à permettre la venue de constructeurs développant la voiture de A à Z.
Pour le retour vers Toulouse, nous choisissons une RS5 rouge Tango métallisé avec toit et décorations extérieures en carbone. Nous évitons le tunnel d’Envalira en faveur du col portant le même nom, il s’agit de la plus haute route des Pyrénées, culminant à 2408 mètres d’altitude. Cette route est large et bien revêtue, avec une suite d’épingles à cheveux nécessitant de mettre à l’épreuve la boite à vitesses. Nous sommes en mode manuel, les changements sont appelés à l’aide des palettes solidaires au volant. Elles pourraient avoir des dimensions un peu plus importantes, elles sont tout juste atteignables du bout des doigts. La boite tiptronic s’acquitte de sa mission honorablement dans un domaine d’utilisation qui est le plus pénalisant. Elle ne procure pas cette sensation de connexion entre le vilebrequin et les roues, là ou une boîte manuelle ou double-embrayage excelle. On observe parfois un tout petit délai en montant les rapports, ou un frein moteur qui n’apparait pas chaque fois comme on le souhaite.
Le châssis se montre à son avantage, notre voiture est équipée du DRC, elle ne prend pour ainsi dire pas de roulis perceptible de la place du conducteur. L’équilibre permet d’aborder chaque virage avec confiance. En forçant l’allure, j’observe un comportement neutre, la voiture finit par glisser des quatre roues, en restant saine et facile à contrôler. Les réglages du drive select offrent une plage importante entre les modes dynamiques ou confort. En mode dynamique la suspension est ferme, elle est vraiment bien adaptée pour rouler vite, mais je la trouve trop raide pour rouler normalement, en traversant un village par exemple. Il est facile d’y remédier en passant en mode auto. La magie des systèmes actifs actuels permet de passer d’un mode à l’autre en fonction des circonstances de la route.
L’Audi RS5 B9 délivre une très bonne copie. Elle combine une capacité à rouler sur de longues distances dans un confort remarquable, tout en conservant une capacité à rouler vite sur routes sinueuses. Le tout avec un agrément, une expérience de conduite qui satisfera les amateurs de voyages au long court. Elle n’est certes pas au niveau d’une sportive pure et dure en conduite dynamique, essentiellement par le fonctionnement de la boite à vitesses, mais ce n’est probablement pas ce que la clientèle cherche non plus. J’ai apprécié l’écart entre les différents réglages des modes de conduite, ils me paraissent plus éloignés les uns des autres que sur des modèles précédents, ce qui aide à élargir l’agrément d’utilisation de cette voiture. Cette RS5 est en vente dès maintenant au prix de base de CHF 99’990.-, soit € 95’000.-
Prix et options du véhicule essayé
Audi RS5 Coupé | CHF 99’990 | € 95’000 |
Peinture Vert Sonoma métallisé | CHF 1’160 | € 890 |
Jantes Audi Sport en style trapézoïdal à 5 bras | CHF 3’000 | € 2’308 |
Finition cuir Nappa fin avec surpiqûre en nid d’abeilles | CHF 1’110 | € 850 |
Pack dynamique (Phares LED, chassis sport, DRC, différentiel sport, direction dynamique, vmax 280 km/h) | CHF 7’670 | € 5’900 |
Pack design Sonoma | CHF 4’530 | € 3’480 |
Eléments intérieur en cuir Nappa fin | CHF 850 | € 650 |
Prix catalogue du véhicule de test | CHF 118’310 | € 109’078 |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
Audi RS5 Coupé | BMW M4 | Jaguar F-Type 400 sport AWD | Mercedes AMG C43 4MATIC | |
Moteur | V6 biturbo 2894 cm3 | L6 biturbo 2979 cm3 | V6 compr. 2995 cm3 | V6 2996 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 450 / 5700-6700 | 431 / 5500-7300 | 400 / 6500 | 367 / 5500-6000 |
Couple (Nm / tr/min) | 600 / 1900-5000 | 550 / 1850-5500 | 460 / 3500-5500 | 520 / 2000-4200 |
Transmission | 4RM | Propulsion | 4RM | 4RM |
Boite à vitesses | Automatique 8 | Double- embr. 7 | Automatique 8 | Automatique 9 |
RPP (kg/ch) | (3.68) | (3.68) | (4.19) | (4.73) |
Poids DIN (constr.) | (1655) | (1585) | (1674) | (1735) |
0-100 km/h (sec.) | 3.9 | 4.1 | 5.1 | 4.7 |
Vitesse max. (km/h) | 250 / 280 | 280 | 275 | 250 |
Conso. Mixte (constr.) | (8.7) | (8.3) | (8.9) | (7.8) |
CO2 (g/km) | 197 | 194 | 211 | 183 |
Réservoir (l) | 58 | 60 | 70 | 70 |
Longueur (mm) | 4723 | 4671 | 4482 | 4696 |
Largeur (mm) | 1861 | 1870 / 2014 | 1923 / 2042 | 1810 / 2016 |
Hauteur (mm) | 1360 | 1383 | 1311 | 1405 |
Empattement (mm) | 2766 | 2812 | 2622 | 2840 |
Coffre (L) | 465 | 445 | 310 / 408 | 400 |
Pneus | 265/35 ZR 19 275/30 ZR 20 |
255/40 ZR 18 275/40 ZR 18 |
255 / 35 R20 295 / 30 R20 |
225/45 R18 245/40 R18 |
Prix de base (CHF) | 99’990 | 99’350 | 111’700 | 76’800 |
Prix de base (EUR) | 95’000 | 91’600 | 106’090 | 68’800 |
Nos remerciements à Audi Suisse pour l’invitation à l’essai de cette Audi RS5 Coupé.
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