Genève 2017: Alpine A110

Vincent Mottier

8 ans ago

Présentation de la tant attendue Alpine A110.

Le moment est enfin arrivé, celui que les amateurs d’Alpine attendent, la présentation du modèle de la renaissance de la marque pour la production de série, l’A110. Ce modèle, dans la même veine que l’Alfa Romeo 4C, offre enfin une véritable succession à son homonyme conçue dans les années soixante. D’ailleurs, qui se rappelle encore de cette « berlinette » produite de 1962 à 1977 à plus de 7’000 exemplaires ? Petit retour en arrière pour commencer …

Alpine A110 ou le véritable mythe de la marque

Créée en 1955 par Jean Rédélé, la marque Alpine met rapidement au point les modèles A106 et A108, basés sur la cousine de chez Renault, la Dauphine. Toutefois, arrivés rapidement à leurs limites respectives vu l’ancienneté déjà prononcée de la Dauphine, le modèle A110 est imaginé en gardant le même style visuel tout en se basant sur la mécanique de la toute nouvelle Renault 8, le début d’un mythe.

Il est clair que l’A110 doit sa renommée à son fabuleux palmarès en compétition, surtout en rallye, et à la durée de son règne autant dans les épreuves nationales qu’internationales. Ce règne a été possible grâce à l’évolution permanente de sa mécanique tout au long de sa production, car ce n’est pas moins de onze motorisations différentes qui ont été produites rien qu’en France et encore bien plus si nous comptons les productions espagnoles, bulgares, brésiliennes et mexicaines. Ces motorisations, allant d’un 956 cm3 de 55 chevaux au 1’605 cm3 de 140 chevaux de série, avaient également la particularité de bien répondre aux modifications apportées par certains préparateurs, dont le plus célèbre reste certainement Marc Mignotet, poussant les performances à près de 100 chevaux au litre déjà.

Il faut bien plus que les doigts d’une main pour compter les titres nationaux obtenus en rallye et, chose intéressante, Alpine a été le 1^er champion du monde des constructeurs du tout nouveau championnat d’alors, le World Rally Championship (WRC), créé en 1973. D’ailleurs, ce titre a sonné comme une dernière récompense aux services rendus par l’A110 au niveau international car, avec l’arrivée de voitures spécialement créées pour le championnat WRC et son groupe 4, comme la Lancia Stratos, l’Alpine A110 n’a plus jamais eu la chance de connaître les joies de la victoire à ce niveau.

Pourquoi tant d’attente autour de ce modèle ?

L’arrêt de la production en 1995 augurait le pire pour les amateurs de la marque. Il est vrai que l’A110 d’antan n’ayant jamais vraiment connu de remplaçante digne de ce nom, la marque a perdu petit à petit de sa superbe et, surtout, les derniers modèles n’étaient principalement que des séries spéciales badgées Renault, faisant perdre l’ADN même d’Alpine. D’ailleurs l’usine historique d’Alpine à Dieppe a abrité le département sport de la marque au losange suite au dépôt de bilan, jusqu’à devenir Renault Sport à ce jour.

C’est en 2012, afin de célébrer les 50 ans de l’A110 par la présentation au Grand Prix de Monaco de l’A110-50 de compétition, qu’Alpine fait son retour sur scène, avec comme but avoué la sortie d’un modèle de série d’ici à 2016.

En attendant, Alpine s’est engagé en compétition, en LMP2 principalement, et c’est officiellement le 16 février 2016 que Carlos Ghosn présente le concept « Vision », préfigurant le modèle A120, puis adoptant le nom d’Alpine Sport 1 et annoncé le 1^er mars 2017 sous A110 pour le salon de Genève 2017.

Alors, digne remplaçante ?

Ne nous cachons pas, Alpine souhaite redorer son blason mais est attendu au tournant autant par les fans que par la critique. Le succès des modèles « revival » de chez Mini ou Fiat, plus nuancé pour certaines Volkswagen, a peut-être encouragé Alpine à se lancer, mais pour quel résultat ?

Visuellement, il est clair que les traits de l’ancienne version sont présents. Les quatre phares avant, les passages de roues très hauts contrastant avec une hauteur finale basse, l’arrière fuyant et les feux arrière relativement petits ; tous les ingrédients sont rassemblés pour que le lien saute aux yeux au 1^er coup d’œil. Est-ce pareil pour la mécanique ? Evolution de 55 ans oblige, il est clair que ce côté a totalement changé depuis. Toutefois, le procédé utilisé par Alpine pour l’élaboration, sous la carrosserie, de ces modèles en utilisant des pièces du dorénavant « grand frère» propriétaire Renault, est clairement dans la lignée de ce qui était fait dans les premières années de la marque sportive, ce dont nous pouvons nous réjouir.

Qu’ont-ils donc caché sous cette carrosserie ?

C’est un des secrets les mieux gardés de l’usine située à Dieppe. Peu d’informations ont filtré sur ce sujet et le remaniement des moteurs opéré par Renault Sport, avec la Clio 4 RS et certainement continué avec l’éventuelle future Megane 4 RS, n’est pas innocent à ce manque de communication volontaire de la part de la firme au losange. Mais alors, maintenant que la voiture est sous nos yeux, qu’est-ce qui se cache dans le compartiment moteur en position centrale-arrière ? Un dérivé du 1’600 cm3 repris de la Clio 4 RS ? Un tout nouveau bloc 1’800 cm3 servant de base pour la future Megane 4 RS ? Les rumeurs allaient bon train pour la 2^ème proposition, turbocompressée, et présentant une cavalerie dépassant le nombre de 300.

Et en réalité, il s’agit bien d’un 1.8L turbocompressé mais ne développant « que » 252 chevaux et 320Nm. Sa parenté avec le 1.6L de la Clio 4 RS (220 ch à 6800 t/min, 260 Nm à 2000 t/min) est relativement proche, mais alésage, course, turbocompresseur et disposition des périphériques ont été revus. Ce moteur est couplé à une boîte de vitesses DCT Getrag à embrayage humide et 7 rapports, spécifique à l’A110 et sans relation avec la boîte EDC de la gamme Renault dont les embrayages fonctionnent à sec. Il n’y a pas de différentiel autobloquant, mais le contrôle de stabilité est capable de limiter le patinage éventuel de la roue arrière intérieure.

Composée de 96% d’aluminium, elle nous est promise à 1’103 kg en Première Edition (1080 kg pour la version de base sans options), prête à rouler, afin d’être légère, petite et agile, soit les maîtres-mots pour la conception de la nouvelle A110. La répartition des masses en fait un exemple d’équilibre pour une voiture à moteur arrière-central avec 44% à l’avant et 56% à l’arrière. Avec 4.18 m, la longueur est comparable à une Renault Clio mais l’Alpine est beaucoup plus basse, culminant à 1.25 m. En comparaison, une Alfa Romeo 4C mesure 3990 mm en longueur (empattement de 2380 mm) pour 1184 mm en hauteur et 1868 mm en largeur, nous l’avons pesée à 1022 kg (pour 995 kg annoncés). Les rapports poids puissance (environ 4.3 kg/ch) sont donc très voisins. L’A110 est également dépourvue d’aileron, supplanté par un diffuseur arrière, ce qui est courant chez Renault depuis la Clio 3 RS. Selon Alpine, l’A110 est la seule voiture dans sa catégorie capable d’atteindre les 250km/h sans aileron, ni becquet. Le 0 à 100 km/h devrait être réalisé en 4.5 secondes et la taille des roues, en 205/40R18 à l’avant et 235/40R18 à l’arrière, n’a pas été sur-dimensionnée afin de gagner encore en efficacité dans les reprises. Les jantes de la Premiere Edition sont forgées, elles seront en option sur la production de série.

L’intérieur, très travaillé, s’inspire de l’aviation avec un tunnel central relativement haut jonché de boutons en aluminium. La planche de bord accueil un écran servant à la gestion centralisée de la voiture. Les sièges, annoncé à 13.1 kg pièce, semblent très enveloppants afin de pouvoir ne faire qu’un avec sa voiture.

La production va démarrer dans les mois qui arrivent dans l’historique usine de Dieppe et les 1955 A110 (prononcez “one-ten”) « Première Edition » seront livrées dans 13 pays, dont la Suisse (où elles sont toutes vendues), pour la somme de base de CHF 64’000 (58,500€ TTC en France), avec 3 coloris à choix: Bleu Alpine, Blanc solaire et Noir Profond. La production de série suivra ensuite à la fin 2018, 600 voitures sont déjà réservées. Leur prix de base devrait être inférieur à la Premiere Edition dut fait d’un équipement simplifié. Alors chers passionnés d’Alpine, préparez vos comptes en banque et armez-vous de patience !