Essai Seat Leon ST Cupra

La Seat Leon ST Cupra 280, détentrice du record des breaks sur la Nordschleife. 

“Ah … Oh”. Seat a, comme les autres marques du groupe VW, adopté un style aux lignes tendues et, comme chez Skoda, l’effet premium sur l’élégance générale de l’auto est indéniable, au point de faire de l’ombre à VW et Audi. La Seat Leon ST conserve certains de ses gènes notamment les nervures en V qui habillent les flancs, mais il a pris de la maturité avec des optiques plus acérées et une apparence générale moins polarisantes. Rien de plus subjectif que des considérations esthétiques, mais le style de cette Leon ST, déjà séduisant dans la plus humble version FR TDI essayée en 2014, est des plus seillants dans cette livrée blanc Nevada, avec des jantes de 19 pouces pour remplir les passages de roues. Sur un empattement de 2631 mm identique à celui de la Leon 5 portes à hayon, Seat a étendu le porte-à-faux arrière de 27 centimètres pour porter la longueur à 4.54m, ménageant ainsi un coffre 587 litres (1470 litres avec sièges arrière rabattus).

La Leon Cupra est disponible en deux motorisations, toutes deux issues du 2.0L turbo EA888 à injection directe commun à toutes les sportives à moteur transversal du groupe VW. Elles développent 350 Nm dès 1700 t/min, et la puissance culmine à 265 chevaux à 5350 t/min pour la première et 280 chevaux à 5600 t/min pour la seconde. Notre essai se concentre sur la version 280 chevaux à boîte à double embrayage DSG à 6 rapports. Pour la bonne bouche, Seat a décroché avec la version manuelle de la Leon ST Cupra 280 le record du break le plus rapide sur la Nordschleife avec un joli 7’58″12 sur le tour de 20.6km.

A ce stade impossible d’avancer plus loin sans jouer au jeu des sept différences avec ses cousines chez Skoda, VW et Audi. L’empattement de la Leon ST Cupra est identique à la Golf R Variant et la S3 Sportback. La Seat rend 30 Nm et 20 chevaux à la VW et l’Audi, et se contente d’une transmission à deux roues motrices. Le gabarit est très voisin de celui de la Golf Variant R, et 22cm plus long que le pseudo break S3 Sportback. Sur le papier, la Seat Leon ST Cupra est 108kg plus légère que la Golf (54kg par rapport à la S3), mais nous avons pesé notre ST Cupra à 1468kg avec le plein d’essence, sans qu’elle soit équipée d’option lourde comme un toit vitré par exemple. Reste que le rapport poids/puissance de la Cupra ST est identique à la Golf R Variant, l’handicap pondéral de la transmission 4 Motion étant compensé par la spécification plus poussée du 2.0L TSI. La Skoda Octavia RS230 roule sur un empattement allongé de 50mm qui favorise l’habitabilité. Le couple maxi est identique à la Seat, mais la puissance maxi moindre de 50 chevaux.

On a donc le choix entre perfs et place (Seat contre Skoda) pour un tarif très voisin, ou de payer sensiblement plus pour la transmission intégrale de la Golf, ou de mettre une rallonge supplémentaire pour le chic compact de la S3 Sportback. Sur le papier, la Leon ST Cupra offre donc un excellent compromis entre habitabilité et performances à un prix très compétitif, la seule concession étant de devoir se passer de transmission intégrale: on a rien sans rien.

Des “ah” appréciatifs pour l’extérieur, on passe à des “oh” moins enthousiastes à l’intérieur. Malgré la sellerie en cuir (une option à 1830 CHF avec le réglage électrique du siège conducteur) et ses coutûres contrastées blanches, les dépenses ont été soigneusement comptées. Les plastiques sont moussés au plus fin, l’essentiel est là, mais il n’y a pas la touche premium qu’on peut retrouver sur une Golf R, sans même parler d’Audi. Certes, des efforts louables se sont portés sur les graphismes, avec l’ébauche de motifs de fibre de carbone sur le LCD central, mais pour le reste, guère de quoi faire la fiesta. Là encore, on a rien sans rien. Telle qu’elle, notre ST Cupra 280 DSG6 pointe à CHF 45’750, avec navigation, régulateur de vitesse adaptatif et aide au stationnement avant et arrière. L’équipement de série est très complet avec un volant multifonction, des phares avant à LED, la climatisation, des tapis de sol, les vitres teintées à partir du montant B, le DAB+ et l’accoudoir central. Point de mesquinerie, mais une impression diffuse et persistante de frugalité dans la manufacture. Les amateurs de luxe devront aller voir ailleurs, ici les sous ont été investis dans l’essentiel, pas le superflu.

En tournant la clé de contact, je m’attendais à être accueilli par une présence sonore affirmée. L’ambiance est aux antipodes, discrète et ordinaire. Les différents modes de configuration proposés devraient permettre d’y remédier, mais les stéréotypes ont, comme trop souvent, le dessus. La sélection du mode Cupra donne effectivement plus de voix au moteur, mais avec quelques bémols. Tout d’abord, celui-ci commute la boîte DSG dans l’insupportable mode Sport, ce qui impose une conduite en mode manuel pour éviter des surrégimes ridiculement inutiles. Ensuite, cette voix est pour le moins singulière. Le volume accru provient exclusivement de l’avant, avec une modulation atypique pour un 4 cylindres en ligne. L’explication est simple: Seat a installé à la base du pare-brise, proche de l’axe des essuie-glaces un haut-parleur, dénommé SoundAktor. Le système est différent de celui adopté par Porsche pour la 911 Carrera (un conduit auditif ramenant les harmoniques d’admission dans l’habitacle) ou BMW pour certaines de ses sportives (surmodulation du bruit moteur par le système audio). Le soundaktor est un haut-parleur auxiliaire qui génère un bruit synthétique. Ma doléance principale n’est ni la nature de sa prestation, ni même son existence, mais le fait de ne pouvoir l’activer indépendamment de la gestion moteur-boîte.

La boîte DSG6 installée sur cette Leon ST Cupra réalise un sans faute. Les différences entre les unités utilisées dans le groupe Volkswagen sont notables, et cette instance est vraiment irréprochable. Rapide et agile dans le trafic, elle ne sera jamais prise en défaut sur cet essai. Cette version 280 chevaux de l’EA888 est également une réussite indéniable. Un moulin d’une santé resplendissante, coupleux à souhait à bas régime, et carrément rageur jusqu’à plus de 6000 t/min. Les performances sont plus qu’honorables, elles sont respectables: l’exercice de la reprise de 100 à 150 km/h en kickdown est facilement exécuté sous les 7 secondes. Du couple, des watts, un poids contenu et une grinta réjouissante, presque insolente. L’impression qui se dégage est similaire à la verve de la Golf 7 GTI (dont le couple maxi est identique), avec une personnalité plus volontaire et rageuse que les versions à “gros turbo” des Golf R, Audi S3 et Audi TTS.

Faire passer 350 Nm sur les seules roues avant pourrait être un exercice périlleux, mais là encore, la Leon ST Cupra étonne. Première constatation: l’absence de renvois de couple dans la direction, qui reste imperturbable, même sur les premiers rapports. Deuxième constatation, le couple passe au sol, sur le sec du moins. Le différentiel à glissement limité évite le patinage de la roue intérieure en appui de manière très efficace. Le comportement est naturellement sous-vireur à la limite, il faut avoir la patience d’inscrire l’avant, mais une fois inscrite, la Leon ST se comporte de manière louable. La direction est à l’unisson de la production automobile contemporaine – amorphe – ce qui n’aide pas forcément à flirter avec les limites du train avant en appui et tutoyer les confins de l’ellipse d’adhérence. Le blocage du différentiel avant est réglable entre deux modes (Normal et Cupra), mais j’aurais grand peine décrire la différence entre ces deux configurations. L’amortissement réglable DCC fait également partie des paramètres influencés par le mode de conduite ou configurable indépendamment en mode Individual. La boîte est aussi à l’aise en conduite sportive qu’elle ne l’est lorsqu’elle “shortshifte” dans le trafic pendulaire. Emmenée sur des cols alpins du centre de la Suisse comme voiture suiveuse, la Leon ST Cupra a fait le consensus autour d’elle: un produit solide, rigoureux et performant.

Nous avons relevé une consommation de 8.1 L/100km de sans-plomb 98 sur l’ensemble de l’essai (8.0 indiqués par l’ordinateur de bord à une moyenne de 72 km/h), ce qui est moins que les 8.3 L/100km enregistrés en hiver sur une Golf 7 GTI pourtant plus légère de 55 kg et rendant 50 chevaux à la Leon. Jouissant d’une excellente habitabilité, confortable sur les longs trajets grâce à des rapports supérieurs longs, la Leon ST Cupra propose un cocktail attractif et redoutablement efficace à l’amateur de voiture sportive qui recherche les aspects pratiques ou tout simplement l’élégance naturelle d’un break. Un produit sans faille réelle et au rapport prestations prix redoutable. Début 2016, la version Cupra 290 remplacera en concession la Cupra 280. Le couple maxi de 350 Nm reste inchangé, mais la plage est élargie jusqu’à 6400 t/min pour accrocher 290 chevaux entre 5’900 & 6’400 t/min. Une évolution qui ne peut que renforcer l’attractivité de cette Leon ST Cupra.

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