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Au volant: Tesla Model S. Good Karma ?

Tesla Model S Tesla Model S

Alors que je traverse mon village d’étape pour la nuit, je passe sous les 50 km d’autonomie et le Model S m’affiche un avertissement m’invitant à recharger du fait de l’incidence du froid sur l’énergie disponible dans les batteries. Troisième charge de la journée, et troisième cas de charge : du 230V monophasé, limité en l’occurrence à 13A. A ce rythme, l’écran m’affiche un cycle de charge de plus de 24 heures, soit 13km de l’heure. Onze heures et quart  plus tard, j’ai récupéré 149 km d’autonomie en tirant du réseau 33.2 kWh, soit une consommation typique nette de 223 Wh/km. L’électronique de charge semble remarquablement efficiente, et comme toujours avec l’électrique, le coût énergétique est ridicule : moins de 4.50 CHF aux 100km, soit l’équivalent économique de 2.5 L/100km de carburant en conduite tranquille. Imbattable de ce point de vue. Imbattable également en termes de coûts d’entretien. Finies les vidanges, les filtres à huile, les courroies de distribution et autres héritages du moteur à combustion interne, la facture d’entretien sera congrue hors pneumatiques et freins, assez peu sollicités si l’on fait bon usage du freinage électrique : en Suisse, les services sont gratuits pendant les 8 premières années ou 160’000km. Les batteries sont également garanties 8 ans ou 200’000km. Le coût de leur remplacement, probablement stratosphérique, aura probablement une incidence sur la décote de modèles plus anciens.

Tesla Model S

Le Model S n’est certes pas à la portée de toutes les bourses, mais pour un prix de base de CHF 93’000 (€ 71’700) pour la version 85 kWh (la version 60 kWh ne présente aucun intérêt à mon avis du fait de son autonomie insuffisante) Tesla offre un produit innovateur et très désirable à un prix d’appel attractif. La liste des options est cependant longue, et la plupart sont quasi indispensables si l’on souhaite une expérience cohérente. Reste que même à 145’350 CHF pour notre modèle très optionné, le Model S est une proposition très compétitive tarifairement parlant.

En ramenant le Model S à Winterthur, les embouteillages – matinaux ceux-ci – de la ceinture périphérique Zürichoise me donnent tout loisir de faire la synthèse. La Tesla Model S est tout ce que la Fisker Karma aurait dû être, le range extender en moins. Elle tient la promesse de l’expérience électrique, d’une conduite différente, d’une perspective sur l’automobile du 21ème siècle. Le produit n’est pas parfait cependant, la voiture est silencieuse mais n’est pas le tapis volant espéré en termes de filtrage, et l’habitabilité arrière est une faute de design incompréhensible. Si l’usage qu’on a d’une telle auto permet de s’affranchir des servitudes de recharge, la proposition est tentante. Si l’on projette sur l’auto l’utilisation qu’on a d’une grande routière, Tesla est prêt pour le monde, mais le monde n’est pas prêt pour Tesla.

Tesla Model S

Il y a plus de 3500 stations d’essence en Suisse, plus de 12’000 en France, servant 500 km d’autonomie en 5 minutes à toute heure du jour et de la nuit. Le réseau de stations de recharge électrique est quasi inexistant, et la recharge sur secteur (courant alternatif) offre au mieux 100km par heure de charge, et ce dans de rares cas. L’angoisse de la jauge et les contraintes posées sont réels, et tout prospect doit en prendre la mesure. La réponse de Tesla s’appelle les Superchargers, avec la promesse de 320 km d’autonomie typique (le pied léger) en 30 minutes grâce à une charge en courant continu. A la rédaction de cet article, il y a 6 superchargers en Europe, tous en Norvège. A l’hiver 2013-2014, il devrait y avoir un supercharger en Suisse sur l’axe Zürich-Berne-Genève, ainsi que les 3 stations probablement nécessaires pour couvrir l’axe Münich-Amsterdam en Allemagne et aux Pays-Bas. Une extension vers quelques grands axes français, espagnols, belges, italiens et autrichiens est prévue pour l’hiver 2014-2015. Les plus grands voyages seront ainsi rendus possibles, mais sur des axes où le train ou l’avion sont de toute manière préférables.

L’automobile est dans notre société l’outil indispensable de la « mobi-liberté ».  Avec le Model S, Tesla lui donne une saveur particulière, mais l’écorne également avec des servitudes pratiques qui seront parfaitement acceptables pour cette démographie qu’on appelle early adopters, mais qui est susceptible de rebuter le plus grand nombre. Une magnifique deuxième voiture très attractive pour des trajets routiniers, courts ou prédictibles, ou une première voiture pour aventuriers ou gadgetophiles invétérés.

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