Essai Audi RS3: cinq sur cinq

La première RS3 est propulsée par une motorisation unique !

Audi RS3, première du nom. Jusqu’ici, le badge sportif avait été appliqué aux A4, A5, A6 et au coupé TT, avec qui elle partage un cinq cylindres en ligne mélodieux qui lui donne un charme particulier et des performances très compétitives. Reste à découvrir les atours de cette version anabolisée de l’A3 Sportback.

Pères de familles pressés ou oppressés, Audi prend décidément grand soin de vous. Depuis le break RS4 B5, Audi décline avec bonheur ses versions RS sur les breaks (et plus rarement les limousines ou coupés) de la gamme. Ainsi, pas de surprise lorsqu’Audi dévoile en Novembre 2010 puis au salon de Genève 2011 sa RS3, champ du cygne la série A/S3 type 8P, sous la forme exclusive d’un break Sportback. Si le logo est familier, ce n’est pourtant que le sixième modèle Audi à le porter en étendard.

Ailes hypertrophiées, bouclier agressif avec des ouïes de refroidissement béantes soulignées d’une lèvre argentée, les ingrédients attendus sont présents. Les jantes noires à liseret rouge surprennent un peu, mais c’est surtout sous le capot que l’action se situe. Le 2.0 litres TFSI de la S3 cède la place au 5 cylindres turbo inagurué en 2009 sur la TT-RS. Cinq cylindres en ligne, injection directe, turbo, monté transversalement et couplé exclusivement à une boîte S-Tronic  7 rapports et une transmission Quattro avec un différentiel central Haldex répartissant le couple entre les deux trains. Les chiffres sont probants, avec un mur de couple de 450 Nm dès 1600 tours/minute et 340 chevaux de 5400 à 6500 t/min.

Audi a pris l’habitude d’oser la présentation de ses modèles sportifs en rouge, mais c’est un exemplaire blanc Ibis pack optique noir qui nous est offert à l’essai. Bien posée sur ses jantes de 19 pouces remplissant les ailes à souhait, la voiture a belle allure, une sorte de discrétion tapageuse qui sied parfaitement aux modèles RS. A l’intérieur, on retrouve des touches typiquement Audi, du magnifique combiné d’instruments aux commutateurs de la console centrale en passant par les contre-portes. Le volant à méplat est ici recouvert d’une finition alcantara en option, un choix à étudier soigneusement car Audi a sélectionné un matériau singulier, très noir et très épais. Un alcantara angora en somme.  La texture de la planche de bord est reconduite des A3 et est probablement l’aspect le moins flatteur de l’ensemble.

Le maintien des sièges Recaro RS est excellent, leur plus grand défaut étant peut-être un manque d’identité propre lié à leur présence ubiquitaire sur de nombreux modèles et marques différentes. Quelques propriétaires reportent par ailleurs que le cuir du placet a tendance à se détendre dans les premiers mois d’utilisation. L’assise du conducteur parait un peu élevée au premier abord, une sensation étonnante car la ceinture de caisse est haute. L’espace réservé aux passagers arrière est surprenant, avec un dossier certes un peu vertical, mais suffisamment de place aux genoux derrière les coques laquées noir des Recaro, et de garde au toit pour un adulte. Remarquable en regard du gabarit compact du Sportback, j’aimerais avoir autant de place à l’arrière de ma S5 Sportback de fonction. De quoi loger une famille et une quantité raisonnable de bagages, la RS3 convainc par ses aspects pratiques.


La boîte à double embrayage S-Tronic fait son travail avec compétence, délivrant la promesse de montées de rapports sans interruption du couple. Comme ses homologues sur d’autres modèles de la gamme ou du groupe VW, je la trouve occasionnellement un peu lente à réagir lorsqu’elle est prise à contre-pied, surtout à bas régime, mais dans l’ensemble, le verdict est positif, tant en termes d’agrément que de performances.


Le ronflement caractéristique du 5 cylindres  justifie peut-être à lui seul le choix d’une RS3 sur ses concurrentes (ou sa petite sœur S3), tant il donne du charme et de la personnalité à l’auto. Impossible de ne pas se remémorer une Audi Quattro S1 groupe B jaune et blanche attaquant avec la tel un grizzly les spéciales d’un rallye enneigé entre des rangées de conifères. Le 2.5L de la RS3 fait un écho mesuré à cet héritage sonore glorieux et terrifiant, la qualité primant sur la quantité. Audi aurait pu se permettre un crescendo un peu plus extraverti, peut-être plus métallique à haut régime. Sans nul doute, ce 5 en ligne relègue tous les 4 cylindres de ses concurrentes et beaucoup de 6 cylindres au rang de soliste de confessionnal. Dès 2500 t/min, l’indicateur de suralimentation dans le LCD central collé à la pleine échelle, le ronflement remplit l’habitacle, délicatement velouté.

La poussée des 450 Nm est soutenue, constante, emmenant les 1630kg (mesurés par nos soins, avec 59.4% répartis sur l’essieu avant) de la Sportback-on-steroids avec célérité. Malgré le rapport poids-puissance très respectable de 4.79 kg/ch, on ne peut toutefois parler de férocité, ni dans les accélérations, ni dans la bande son. Il est plutôt ici question de raffinement et de contenance. Inutile de tirer les intermédiaires au-delà de 6000 tours, le 5 cylindres a de l’allonge mais les palettes de la boîte S-tronic sont une meilleure option. La consommation moyenne indiquée par l’ordinateur de bord affiche une moyenne globale de 11.4 L/100km et 15.3 L/100km pour notre parcours d’essai, des valeurs prédictibles en regard de la motorisation et du poids.

Le comportement de la RS3 est redoutable d’efficacité, offrant une motricité sans faille et permettant ainsi de bûcheronner avec bonheur dans les enchaînements sinueux sans trop se soucier des conditions d’adhérence. On sent les roues intérieures chercher et trouver du grip pour tenir des appuis serrés. Le système Quattro, avec un différentiel central à lamelles piloté électroniquement de type Haldex, est efficace et limpide dans ces conditions de route sèche. Je n’ai pas constaté de sous-virage particulier, les limites d’adhérence se traduisant par une dérive progressive des quatre roues. Il est probable que la monte pneumatique plus large à l’avant qu’à l’arrière (235/35/19 contre 225/35/19) n’y est pas étrangère. Le poids demeure perceptible, avec la sensation d’un centre de gravité un peu élevé et d’une légère inertie en changement d’appui. Le train arrière contribue au placement de l’auto dans les virages abordé sur les freins, un dispositif puissant et mordant, mais dont l’assistance à la pédale est importante, comme de coutume chez Audi. Par égard pour l’auto et son propriétaire, je n’ai pas cherché à en cerner les limites.

J’ai trouvé la RS3 Sportback dans la veine des RS4 B5 ou RS6 C5, moins typée « attaque » qu’une RS4 B7 ou qu’une R8. Une auto rapide et accomplie, à la finition sérieuse et l’esthétique valorisante, au moteur mélodieux et performant, offrant un compromis excellent entre praticité au quotidien et performance. On y retrouve les traits distinctifs et attachants de ces devancières, le côté sport-chic qui sied si bien aux produits ciblés d’Audi. Une voiture qu’on apprécie avec un très léger soupçon de retenue, pas une sportive pure et dure dans laquelle on tape sans la moindre arrière-pensée. Un break sportif des campagnes et autoroutes plutôt qu’une terreur des cols et paddocks. Avec ce cahier des charges, très bien aligné avec les attentes de la clientèle visée, la RS3 est une réussite incontestable.

La RS3 n’est plus au catalogue en Suisse, quota épuisé, mais la production se poursuit jusqu’au printemps 2012 et la quête d’une voiture neuve en stock dans le réseau suisse ou dans les pays limitrophes ne devrait pas décourager les amateurs. Gageons que bon nombre se réjouissent également de la retrouver dans quelques années sur le marché de l’occasion, et que certains exemplaires dépasseront allègrement les 400 chevaux entre les mains des préparateurs spécialisés.

Face à la concurrence

Audi RS3 Sportback

BMW 1M Porsche Cayman S Nissan 370Z
Moteur L5 2480 cm3 L6 2979 cm3 Flat 6 3436 cm3 V6 3696 cm3
Puissance (ch / régime) 340 / 5400 – 6500 340 / 5900 320 / 7200 328 / 7000
Couple (Nm / régime) 450 / 1600 – 5300 450 + 50 / 1500 – 4500 370 / 4750 363 / 5200
Transmission 4×4 Propulsion Propulsion Propulsion
Boite à vitesse 7 vitesses double-embrayage 6 vitesses manuelle 6 vitesses manuelle 6 vitesses manuelle
RPP (kg/ch) 4.79 4.48 (4.22) (4.88)
Poids à vide (constr.)

1630 (1575)
59.4% AV/ 40.6% AR

1522 (1495)
51.5% AV/ 48.5% AR
(1350) (1600)
0-100 km/h (sec.) 4.6 4.9 5.2 5.3
Vitesse max. (km/h) 250 250 277 250
Conso. Mixte (constr.) (9.1) 11.99 (9.6) (9.8) (10.6)
Capacité du réservoir (l) 60 53 64 72
Emissions de CO2 (g/km) 212 224 230 248
Longueur (mm) 4302 4380 4347 4250
Largeur (mm) 1794 1803 1801 1845
Hauteur (mm) 1402 1420 1304 1315
Empattement (mm) 2578 2660 2415 2550
Coffre 302 370 150 + 260 235
Pneumatique AV 235 / 35 / 19 245 / 35 / 19 235 / 40 / 18 245 / 40 / 19
Pneumatique AR 225 / 35 / 19 265 / 35 / 19 265 / 40 / 18 275 / 35 / 19
Prix de base (CHF) 79’900 74’300 94’100 54’790
Prix de base (EUR) 55’400 53’400 63’904 40’950

Nos remerciements amicaux à Yvan pour le prêt de sa RS3 personnelle.

Galerie de photos

Liens

Le sujet du forum – les articles Audi – la liste des essais –  à lire également:

      

Tu pourrais aussi aimer