BMW X3 : Essai

BMW vient de remplacer son SUV de taille moyenne X3, l’occasion pour nous de le prendre en main en version xDrive20d. 

La catégorie des SUV premium fut créée à la fin des années 1990 par Mercedes avec la sortie de son ML. BMW présenta 2 ans plus tard le X5 qui amena un comportement plus proche d’une voiture de route, délaissant les aptitudes en terrain accidenté pour privilégier le confort et les performances dynamiques. Ces véhicules visaient essentiellement le marché américain et de ce fait proposaient des dimensions peu en rapport avec les aménagements urbains du vieux continent. Leur succès fut malgré tout au rendez-vous, démontrant un intérêt marqué de la clientèle pour ce genre de véhicule. D’une niche exploitée essentiellement par Range Rover ce segment prit de l’ampleur, l’élargissement de la gamme put commencer.

Chez BMW cet élargissement vers le bas vint avec la sortie très attendue du X3  en automne 2003. Basée sur la berline série 3, il inaugure une nouvelle plateforme 4×4 appelée xDrive qui deviendra par la suite le standard pour les modèles à traction intégrale de la marque. Le succès est au rendez-vous, avec exactement 614’824 X3 type E83 écoulés en 6 ans, confirmant l’attrait du segment et la nécessité de proposer un modèle de dimensions plus réduites. A mes yeux, le design de cette première version laissait à désirer, je le trouve trop haut, trop carré, plus utilitaire que premium en quelque sorte. Il a pourtant été dessiné sous la direction du fameux Chris Bangle, notamment auteur des roadsters et coupés BMW Z4 E85 & E86 sortis à peu prêt en même temps et qui défrayairent la chronique pour leur design innovant et controversé. La première génération de X3 n’a pas fait l’objet de tant de passion avec son dessin très conventionnel.

Présentée en juillet 2010, le X3 type F25 présente un meilleur compromis entre la fonctionnalité et le look. Il est plus élégant, grâce notamment à sa partie arrière mieux dessinée avec le haut de la porte du hayon plus incliné. Les dimensions évoluent passablement avec 9cm de plus en longueur, 3cm en largeur et encore 4cm en hauteur. En fait elle est très proche de la taille du BMW X5 première génération. Il est également nettement plus spacieux qu’une série 3 break. Les occupants bénéficient largement du passage à la taille au-dessus. Les passagers avant et arrière sont à l’aise avec une garde au toit et un large espace aux genoux. Le coffre au plancher parfaitement plat et au seuil de chargement pas trop haut offre largement de quoi partir en vacances en famille.

Côté moteur la gamme actuelle comprends deux versions essence de 258 et 306 chevaux et deux versions diesel de 184 et 258 chevaux. Notre modèle de test  xDrive20d dispose du moteur diesel d’entrée de gamme. D’une cylindrée de 2.0 litres avec turbocompresseur et rampe d’injection commune, il développe 184 ch à 4000 tr/mn et 380 Nm de 1750 tr/mn à 2750 tr/mn. La transmission est assurée par le système xDrive bien connu de BMW assurant une répartition du couple entre les trains avant et arrière en fonction du niveau d’adhérence à l’aide d’un embrayage piloté intégré à la boite à vitesse. L’entrée de gamme X3 diesel est le seul modèle pouvant être obtenu avec une boite à vitesse manuelle. Notre voiture de test dispose néanmoins de la boite automatique 8 vitesses standard. La commande de cette boite automatique est héritée des séries 5, 6 et 7, il n’y a pas de lien mécanique entre le levier de commande et la boite. Il augmente le confort à l’usage et permet le mode parc automatique, une première à ce niveau de prix.

En prenant la route au petit matin, le moteur demande un peu de temps pour atteindre sa température de fonctionnement et devenir un peu moins rugueux. L’ensemble moteur-boîte se montre un peu hésitants sur ces premiers kilomètres dans la circulation urbaine et ses giratoires. La boite à 8 rapports surprend par son fonctionnement lors des bifurcations en ville, elle prend du temps avant de sélectionner le rapport inférieur puis, tout-à-coup, le couple arrive en trombe. Le start-stop automatique montre lui aussi quelques signes de maladresse, son fonctionnement sera erratique tout au long de la journée s’enclenchant parfois avec beaucoup de zèle ou pas du tout malgré plusieurs minutes d’attente à un feu. Un bouton permet de le déclencher mais il n’a pas eu l’effet escompté. A froid notamment le redémarrage du moteur est un peu chaotique, générant des soubresauts peu agréables.

Sur trajet autoroutier, notre X3 est parfaitement à son aise, la boite se fait discrète et le couple largement suffisant pour suivre le flux de la circulation sans avoir l’impression de martyriser la mécanique. L’assise haute et droite du siège standard recouvert de cuir donne une bonne vision sur l’environnement et inspire confiance, le succès de ce genre de voiture est tout à fait compréhensible pour la sensation de sécurité qu’elle inspire. Lors de ce trajet, je note toutefois une climatisation ayant de la peine à amener la température intérieure au niveau souhaité en cette journée ensoleillée mais pas caniculaire. Il faudra près de 100 km de route pour que la température intérieure devienne agréable.

Notre parcours de test comprend également quelques cols alpins, l’occasion d’augmenter le rythme. La boite ici s’acquitte honnêtement de sa tâche et, grâce à un étagement bien étudié, réussit presque à se faire oublier. Le levier offre un mode manuel avec commande par impulsion dans le « bon sens » , ce qui n’est pas courant dans cette catégorie : montée de rapport en tirant le levier, descente en poussant. Par contre, plus rare à l’heure actuelle, l’absence de palettes de commandes au volant. Je vais donc me contenter des différents modes automatiques. En augmentant le rythme en montagne, le moteur offre de bonnes reprises en sortie d’épingle et la voiture ne se désunit pas en virage.  Le roulis est certes important mais la neutralité des réactions rassure. Du fait du centre de gravité haut perché, la sensation d’inertie reste importante malgré un poids contenu en regard du gabarit : nous avons pesé notre modèle d’essai avec le plein à 1857 kg (avec une répartition idéale de 49.9% sur l’avant, 50.1% sur l’arrière). Le freinage s’est avéré à la hauteur, montrant une bonne constance lors des descentes des cols empruntés pour cet essai. Difficile de satisfaire des appétits sportifs, mais le X3 est capable de soutenir un rythme rapide si l’on prend garde aux limites inhérentes à la définition du véhicule, probablement bien plus rapide que les estomacs des occupants ne toléreraient.

La consommation sur l’ensemble de l’essai s’est établie à 9.04 l/100 km. Environ 75% des kilomètres parcourus pour cet essai l’ont été sur autoroute de plaine à vitesse soutenue, le reste le fut sur les cols des alpes comme voiture suiveuse d’un coupé sport. Notre sollicitation de ce X3 sur de cet essai n’est probablement pas représentative d’une utilisation normale. Sur le premier plein comprenant autoroute et cols, nous avons consommé 9.25 l/100 km, et sur un autre trajet uniquement autoroutier 8.57 l/ 100km. En ayant le pied léger, il devrait être facile d’améliorer ces valeurs mais il paraît très difficile, comme à l’accoutumée, d’atteindre les 5.6 l/100 km revendiqués par BMW en cycle mixte.

La question du choix d’une X3 au lieu de la berline ou break de série 3 sera tout d’abord une question de prix. Le surplus pour obtenir le SUV par rapport au break est significatif, près de CHF 6’000.- (soit 10.8%). Avec un tel investissement, on obtient certes une voiture plus grande – et sous certains aspects – plus pratique. On obtient également une commande de boite moderne. Le comportement est digne de la marque, rigoureux et adapté à cette catégorie. Mais je reste un peu sur ma faim concernant l’aspect extérieur et surtout à l’intérieur où le choix des matériaux et le dessin général sont trop proches de l’entrée de gamme X1. Pour une voiture à plus de CHF 83’000.- dans notre configuration de test, j’aurais apprécié un intérieur plus flatteur.  Les surpiqures blanches égaient un peu ce cuir qui, chez BMW, est toujours aussi peu soyeux avec sa structure grossière, comme les plastiques du tableau de bord d’ailleurs.  Par contre l’équipement électronique embarqué est à la pointe de ce qu’il se fait de mieux actuellement avec notamment la caméra de recul avec top-view, le GPS à carte 3D et commande par bouton rotatif, affichage tête haute ou accès internet avec possibilité d’intégration des apps de l’iPhone. Tout ceci n’est disponible que contre des suppléments de prix qui alourdissent une facture salée, malgré les offres sensées compenser l’évolution des cours de change.

Ce BMW X3 apparaît plus méritant que flamboyant, il offre certes de nombreuses qualités, une gamme de moteur intéressante et un équipement intérieur très sophistiqué. A mes yeux il aura toutefois de la peine à convaincre la clientèle de ses concurrents à passer chez BMW, Audi avec son Q5 et Mercedes ne devraient pas rencontrer de problème pour conserver leurs acheteurs dans ce segment. Comparé à une série 3 break il offre plus d’espace et de facilité d’embarquement, surtout pour les passagers arrière, un équipement et une boite plus modernes, le tout pour un supplément de prix de Fr 2400.- et un encombrement sensiblement plus important.

Prix et principales options (CHF)

Prix de base BMW X3 xDrive20d 62’700.-
Pack Confort (rétroviseur intérieur automatique, système de transport d’objet longs, kit de rangement, détecteur d’obstacle avant et arrière) 1’140.-
Pack Visibilité (lave-phares, détecteur de pluie, phares xénon, phares de virage adaptatifs, assistant de feux de route) 1’320.-
Régulation dynamique de l’amortissement 1’660.-
Direction sport variable 680.-
Accès confort 710.-
M Sportpaket 6’360.-
Attelage de remorque avec rotule orientable électriquement 1’810.-
Caméra de recul avec Top View 1’050.-
Toit ouvrant en verre panoramique 2’270.-
Système de navigation Professional 3’540.-
Head-up display 1’660.-
Système HiFi Professional 1’780.-
Connexion pour appareils Bluetooth et USB 1’050.-
Cuir «Nevada» 3’270.-
Prix du modèle essayé 83’620.-

Face à la concurrence

BMW X3

Audi Q5

Mercedes GLK Land Rover Freelander
Moteur L4 1995 cm3 L4 1968 cm3 L4 2143 cm3 L4 2179 cm3
Puissance (ch / t/min) 184 / 4000 170 / 4200 170 / 4200 190 / 3500
Couple (Nm / t/min) 380 / 1750 – 2750 350 / 1750 – 2500 400 / 1400 420 / 1750
Transmission 4×4 4×4 4×4 4×4
Boite à vitesse 8 vitesses automatique 7 vitesses double-embrayage 7 vitesses automatique 6 vitesses automatique
RPP (kg/ch) 10.09 (11.15) (12.53) (9.89)
Poids à vide (constr.) 1857 (1800) (1895) (1880) (1880)
0-100 km/h (sec.) 8.5 9.9 7.9 9.5
Vitesse max. (km/h) 210 200 210 190
Conso. Mixte (constr.) 9.04 (5.6) (7.0) (6.2) (7.0)
Réservoir (l) 67 75 59 68
CO2 (g/km) 147 184 159 185
Longueur (mm) 4648 4629 4525 4500
Largeur (mm) 1881 1880 1840 1910
Hauteur (mm) 1675 1653 1689 1740
Empattement (mm) 2810 2807 2755 2660
Coffre 550 / 1600 540 / 1560 450 / 1550 405 / 1670
Pneumatique AV 225 / 60 / 17 235 / 65 / 17 235 / 60 / 17 235 / 65 / 17
Pneumatique AR 225 / 60 / 17 235 / 65 / 17 235 / 60 / 17 235 / 65 / 17
Prix de base (CHF) 62’700 61’800 59’900 55’700
Prix de base (EUR) 41’500 46’710 41’700 35’940

Nous remercions Jan-Autos (Riviera) de St-Légier et son conseiller Alexandre Boillet pour le prêt de la X3 utilisée pour cet essai.

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