Essai BMW Série 5 Gran Turismo: un nouveau segment pour de nouveaux besoins ?


La série 5 GT ouvre-t-elle un nouveau segment pour BMW ?

Il y a quelques mois, alors que l’industrie automobile traversait une période difficile, BMW annonçait une nouvelle génération d’automobile : la Série 5 Gran Turismo. En septembre dernier, le véhicule était présenté dans sa version définitive à l’International Motor Show de Francfort et Asphalte vous en avait donné un aperçu. Lors de l’annonce, la marque a clairement indiqué que cette voiture n’était pas un nouveau modèle de plus au sein de la gamme existante mais qu’il s’agissait bien d’un nouveau véhicule dans le paysage automobile ; un nouveau segment.

A l’époque, les communiqués de presse faisaient à la fois état d’une voiture « inédite, polyvalente et raffinée », mais également du croisement entre une limousine, un SUV et un break. Sur le stand de la marque, la foule s’est agglutinée autour des deux modèles présentés et il a fallu patienter pour se faire une opinion de l’engin.

Pour beaucoup, l’appellation Gran Turismo ou GT rappelle des voitures mythiques qui ont marqué l’histoire automobile. BMW serait-elle sur le point d’écrire une nouvelle page dans l’encyclopédie de l’automobile ? Je vais essayer de trouver quelques éléments de réponse au travers de cet essai.

La première chose à noter est que cette voiture a été intégrée dans la gamme de la série 5 car elle en reprend la plateforme. Toutefois, quand on lance « un nouveau concept automobile unique en son genre » qui doit créer un nouveau segment, il aurait été plus judicieux de lui trouver un nom propre et ne pas l’intégrer dans une gamme existante.

Pour notre test, le constructeur a mis à notre disposition une 530d avec le moteur N57D30OL. Commercialisé depuis 2008, ce propulseur est équipé d’un turbocompresseur à géométrie variable et d’une rampe commune à injecteurs piézo-électriques à haute pression (1’800 bars). Côté chiffres, c’est un 6 cylindres en ligne de 3 litres diesel, développant 245cv à 4’000 t/min et 540Nm de 1’750 à 3’000 t/min. Pour le moment, seuls deux autres moteurs, essence, sont disponibles : le tout nouveau 6 cylindres, 3 litres, de 306cv (N55B30) et le 8 cylindres de 4.4 litres de 407cv (N63B44). Pour son refroidissement, la calandre cache des volets qui s’ouvrent ou se ferment en fonction du flux d’air nécessaire pour évacuer les calories dégagées par le moteur.

En prenant possession de la voiture, j’ai été surpris par sa taille. En effet, en concession ou lors de la présentation officielle, les conditions d’éclairage et d’environnement sont toujours particulières si bien qu’il est difficile de se représenter un véhicule dans son cadre naturel, c’est-à-dire sur la route ou au milieu d’autres véhicules. Mais pour vous donner une idée de l’encombrement, voici ses mensurations : il ne manque que 2 mm pour atteindre 5 mètres de long avec une hauteur de 1.6 mètre. A titre de comparaison, la série 7 est plus longue de 7 centimètres seulement…

Globalement, la ligne s’assimile à un croisement entre une série 7, une série 5 Touring et un X6. Au final, la ligne générale n’est pas très fine et tente de reproduire la dynamique d’un coupé notamment grâce à des vitres sans encadrement. La volonté est de rendre plus consensuel le dessin général du véhicule et bien que l’encombrement général soit important, certaines courbes et rondeurs adoucissent le volume de la voiture. Malgré les efforts de l’équipe design, l’apparence générale (en blanc de surcroît) est un peu pataude à mon goût pour en faire la GT de la décennie qui s’ouvre à nous.

 

A l’intérieur, grâce à une assise des sièges qui culmine à 574 mm au-dessus du sol, la visibilité sur la route ainsi que sur l’ensemble de l’aménagement intérieur est excellente. Par contre, le champ de vision au travers de la lunette arrière est vraiment restreint. Pour pallier à ce problème, BMW a intégré (gratuitement !) son système Park Distance Control pour l’avant et l’arrière. Pour les plus paranoïaques, il est également possible d’opter pour une caméra de recul contre CHF 630.-. En ce qui concerne lesdits aménagements intérieurs, la planche de bord est un exemple de sobriété avec, à l’arrêt, 4 aiguilles blanches posées sur un fond noir (Black Panel). Dès que le contact est mis, l’ensemble des informations apparaît avec un excellent contraste sans fioritures inutiles. A noter au centre du tableau de bord, le grand écran de 10.2 pouces (1’280×480) toujours piloté par l’excellent système VxWorks et qui fournit aussi la navigation (CHF 3’780.-). La taille de l’écran et sa luminosité sont vraiment remarquables et rendent la lecture des données ainsi que la navigation très faciles. Sur le tunnel central, on dira adieu à ce qui fût emblématique d’une GT : la serrure pour la clé électronique a tout simplement disparu, la boîte manuelle n’est pas disponible sur cette voiture et le frein à main est électrique. La boîte de vitesses Steptronic ZF 8HP provient d’une filiale de ZF Getriebe et offre 8 vitesses. Cette boîte équipe déjà la nouvelle série 7 (F01) et la Rolls Royce Ghost.

Reste que si tout ou presque est bien agencé et que l’espace disponible est très important, certains matériaux sont en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre d’une voiture de ce calibre. Pour commencer, les inserts décoratifs de notre modèle d’essai étaient en « bois précieux de frêne veiné Anthrazit brillant ». Toutefois, le précieux ou le brillant ne sont pas les premiers qualificatifs qui me sont venus à l’esprit quand je les ai regardés ou pire, touchés. Idem pour la qualité de certains plastiques ou accessoires de rangement que l’on retrouve dans une gamme inférieure. Seul élément qui échappe à cette règle : le volant « sport » gainé de cuir (CHF 280.-) ; il est épais, muni de boutons pratiques (nouvelles molettes) et offre une excellente prise en main.

Bref, il est grand temps de démarrer et se lancer sur nos routes… enneigées. Hasard du calendrier, l’essai sera largement contrarié par des chutes de neige abondantes pendant plusieurs jours. Avec un poids à vide déclaré de 2’035kg et un mode de propulsion aux roues arrière uniquement, il faut tout de même faire preuve de prudence et ce malgré les Pirelli Sottozero qui équipent les jantes de 19 pouces de notre modèle (CHF 3’080.-). La transmission xDrive (4 roues motrices) sera vraisemblablement disponible pour la fin de l’année sur l’ensemble de la gamme 5 GT (version 2011, donc).

 

Alors que j’entame les premiers kilomètres, l’imposant gabarit passe au second plan et je me concentre sur les sensations que la voiture me laisse entrevoir. Bien que j’aie entre mes mains le plus petit moteur, les 245cv s’avèrent amplement suffisants pour propulser cette « GT » allemande sur nos routes. Mieux, les 540Nm disponibles dès 1’750 t/min couplés à une excellente boîte automatique à 8 rapports répondent aux moindres sollicitations et offrent un excellent agrément de conduite. Ajoutez à ça l’option Adaptative Drive (CHF 4’510.-) et vous avez, au travers de deux boutons sur le tunnel central, la possibilité d’adopter un des trois modes de conduite disponibles : Normal, Sport ou Sport+. Ces derniers influent principalement sur les suspensions, la cartographie du moteur et les temps de réponse de la boîte de vitesses. Grâce à ces artifices, il est possible d’adopter un style de conduite très confortable et économique ou au contraire, de mettre à contribution l’ensemble du châssis et du moteur pour avoir plus de sensations.

Ça, c’est la théorie car dans la pratique, cette nouvelle voiture mélange plusieurs styles et doit donc faire beaucoup de compromis. Les plus importants à mes yeux sont certainement le poids ainsi qu’un centre de gravité élevé malgré les efforts des ingénieurs pour garder la mécanique le plus bas possible. Résultat ? Et bien on est avant tout dans une voiture agréable à rouler mais qui se montrera chétive quand on la taquine un peu trop. A une époque, une GT pouvait réaliser des excursions sur circuit et son propriétaire pouvait en tirer une certaine satisfaction, voire du plaisir. Avec cette BMW estampillée GT, il est difficile de penser qu’un circuit pourrait révéler un aspect caché de sa personnalité, y compris avec le moteur le plus puissant (8 cylindres, 407cv). Le problème ne se situe pas au niveau du moteur mais bien dans l’ADN de la voiture. Entendons-nous bien, elle est très polyvalente et s’acquitte sans broncher de tous les reliefs. Autoroutes, routes nationales, montagnes et petites routes sont avalées avec avidité et dans un agrément qui frise la perfection tant le voyage est confortable. Mais si l’on commence à asticoter l’accélérateur et le frein sur un parcours sinueux, le poids et le centre de gravité s’invitent à la procession pour vous rappeler que vous n’êtes pas réellement au volant d’une GT d’antan. Loin de moi l’idée de vouloir raviver un débat du type « c’était mieux avant ». Mais le problème c’est que quand on fait appel à des lettres aussi mythiques et symboliques que GT, il est difficile de réécrire l’histoire pour recomposer le futur.

Ceci dit, dans le cadre d’une utilisation routière classique, la voiture invite au voyage. Le confort, l’insonorisation, l’espace, le couple, l’excellent implant sonore (12 haut-parleurs pour CHF 860.-), l’instrumentation, etc. tout ou presque a été pensé pour rendre votre voyage agréable. Mieux, grâce à cette nouvelle boîte automatique à 8 rapports on dépasse à peine les 1’600t/min à 120km/h. Il va sans dire que ce rythme de sénateur permet à notre « bête de salon » d’être très économe sur des parcours au long cours du type autoroute. Selon la documentation, cette nouvelle boîte automatique permet d’économiser jusqu’à 6% de carburant comparativement à l’ancienne. Les montées en régime ainsi que les changements de rapports se font dans une douceur étonnante au point qu’une boîte à double embrayage n’apporterait rien de plus. Sur l’ensemble de l’essai que je qualifierais de sage vu les conditions météorologiques, la voiture a consommé 9.8l/100. C’est un bon résultat compte tenu du poids de l’engin et il faut remercier le duo « couple et boîte automatique ». En effet, avec une conduite normale on dépasse rarement les 2’000t/min avant de passer au rapport supérieur. En outre, le système de récupération d’énergie EfficientDynamics vous indique quand la voiture recharge la batterie lors de décélérations ou de freinages.

Sur la partie habitabilité, les sièges sont accueillants et le seul moment où vous les quitterez, c’est quand vous serez arrivés à destination ou qu’il faudra refaire le plein. D’ailleurs, notre véhicule était équipé des sièges Sport (CHF 870.-) mais vu le génome de cette nouvelle voiture, cette option ne s’impose pas. Idem pour les sièges postérieurs : l’espace pour 2 ou 3 personnes est même largement excédentaire dans les trois dimensions. En option, il est même possible d’améliorer encore le confort en ajoutant des sièges dits Confort à réglage électrique (CHF 3’400.-), une climatisation automatique 4 zones (CHF 1’310.-), l’aération des sièges (CHF 1’130.-), un système Entertainment avec deux écrans inclinables de 9.2 pouces (CHF 2’930.-), etc. Comme à son habitude, BMW propose une liste interminable d’options relativement coûteuses mais qui devraient vous permettre de façonner votre voiture sur mesure, y compris pour les éléments de sécurité active (capteurs, caméras, night vision, etc.).

Il reste un dernier élément à visiter : le coffre. Ce dernier a reçu une attention toute particulière des ingénieurs puisque plusieurs systèmes ont été adoptés pour en faciliter l’accès et gagner de la place. Malheureusement, nonobstant le gabarit de la voiture, le volume utile n’est pas si important que ça avec ses 440 litres extensibles à 590 via un ingénieux système qui permet de pousser les sièges arrière de 10cm vers l’avant. C’est à peine mieux que le coffre d’une berline de la série 5. Pour son accès, là aussi BMW propose deux systèmes spécifiques à ce modèle au travers d’un hayon et d’une trappe intégrée. Cette dernière s’avère peu pratique à mon goût.

En conclusion, BMW offre pour un prix initial de CHF 82’900.- une voiture qui se trouve quelque part au milieu d’un triangle virtuel qui regroupe une limousine, un SUV et un break. A l’exception de quelques éléments comme la qualité de certains matériaux et l’indisponibilité – temporaire – du système xDrive, l’opération est réussie et cette voiture devrait trouver sa place auprès d’un public à la recherche de confort, d’espace et de non-conformisme.

Enfin, peut-être que l’élément qui prétérite le plus ce véhicule, c’est son badge d’identification : GT. L’attente des éventuels acquéreurs pourrait être démesurée ou faussée à l’évocation de ces deux lettres de légende.


Prix et options de notre modèle d’essai en CHF

 

Prix de base 82’900.-
Cuir Dakota noir 3’590.-
Volant sport gainé cuir 210.-
Bois précieux frêne anthracite 890.-
Sac à skis et snowboard 250.-
Rétroviseurs anti-éblouissement 510.-
Sèges avant à réglage électrique avec mémoire 1’660.-
Appui lombaire pour conducteur et passager 540.-
Projecteurs bi-xénon 1’810.-
Climatiseur automatique 600.-
Roues en alliage léger en étoile de 19 pouces 2’260.-
Alarme antivol 720.-
Toit ouvrant panoramique 2’560.-
Sièges sport pour conducteur et passager 870.-
Feux de route adaptatifs 230.-
Eclairage adaptatif de virage 680.-
Interface USB/audio 450.-
Système de navigation « Professional » 3’780.-
Préparation téléphone portable Bluetooth 960.-
Système 12 haut-parleurs HiFi 860.-
Prix total 108’070.-

 

Face à la concurrence

 

BMW 5 Gran Turismo 530d Audi A5 Sportback 3.0TDI Mercedes Classe R 350 CDI Jaguar XF 3.0 V6 S
Moteur L6, 2’979 cm3 V6, 2’967 cm3 V6, 2’987 cm3 V6, 2’993 cm3
Transmission Propulsion Intégrale Intégrale Propulsion
Boite de vitesses 8, automatique 7, doube embrayage 7, automatique 6, automatique
RPP (kg/ch) 8.3 7.2 10 7.05
Poids à vide (constr.) (2’035) (1’720) (2’250) (1’940)
Puissance (ch/régime) 245 / 4’000 240 / 4’000-4’400 224 / 4’000 275 / 4’000
Couple (Nm/régime) 540 / 1’750-3’000 500 / 1’500-3’000 510 / 1’600-2’800 600 / 2’000
0-100 km/h 6.9 6.1 8.7 7.1
Vitesse max. 240 km/h 250 km/h 222 km/h 240 km/h
Conso. Mixte (constr.) 9.8 (6.5) (6.6) (9.5) (6.8)
Longueur 4’998 4’711 4’938 4’961
Largeur 1’901 1’854 1’922 1’877
Hauteur 1’559 1’391 1’661 1’460
Pneumatique 245/50 R18 225/50 R17 255/55 R18 245/45 R18
Prix de base (CHF) 82’900 72’350 88’500 89’900
Prix de base (EUR) 64’900 48’620 57’200 51’050

Nos remerciements à BMW Suisse pour la mise à disposition de cette Gran Turismo

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