La Ford Focus RS mk2 à l’essai.
A lire: l’essai Asphalte de la Ford Focus RS mk3 2016
A la suite du premier contact réalisé au printemps 2009 en Autriche, le moment est venu de reprendre plus longuement les commandes de cette nouvelle Ford Focus RS afin de vérifier nos premières bonnes impressions et définir si nous sommes en présence de la nouvelle référence des sportives dérivées du championnat du monde des rallyes.
En presque 40 ans, Ford Europe nous a proposé 22 déclinaisons du badge RS. Comprenez par là qu’il y a eu 22 modèles produits qui portaient fièrement ces deux lettres, souvent de la couleur bleue, et qui offraient à tout un chacun, ou presque, la possibilité de rouler au quotidien dans une voiture reflétant l’implication de la marque dans le sport automobile. Pour rappel, cette lignée a débuté avec l’Escort RS 1600 en 1970, sans oublier les mythiques versions RS Cosworth de la Sierra (1985) et de l’Escort (1992), ainsi que la Focus RS Mk1 en 2002.
Refermons les livres d’histoire et faisons place au présent. C’est avec grand plaisir que je prends possession pour plusieurs jours de cette Ford Focus RS couleur “Frozen White”, même si je l’aurais préférée dans sa couleur de lancement, le “Ultimate Green”. Puisqu’on en parle, la voiture est disponible en trois teintes : les deux précédemment citées, et une dernière, le “Performance Blue”.
Les livraisons s’effectuent au compte gouttes depuis le printemps 2009 et il est de moins en moins rare de croiser cette Focus pour grands garçons sur nos routes. Malgré cela je reste encore ébahi par l’imposante calandre qui dégage agressivité et sportivité. L’énorme bouche noire donne l’impression que rien ne lui résistera et je le vérifierai très rapidement en évoluant à bon rythme sur autoroute ; fini les soucis avec les inconditionnels squatters de la piste de gauche. Le capot bombé et les ailes avant élargies accentuent encore le look démoniaque qui s’offre à votre rétroviseur si vous vous trouvez justement sur cette voie de dépassement. Ce n’est pas qu’une impression, la voiture est nettement plus imposante qu’une Subaru Impreza STI ou qu’une Renault Mégane RS. On pourrait même la trouver grosse, en manquant de respect pour cette sportive de haut niveau. Disponible uniquement en trois portes, pour assurer un maximum de rigidité selon le constructeur, le reste de la voiture s’affilie plus facilement à une Focus de base à laquelle de volumineux bas de caisse latéraux, de belles jantes 19″ et des ailes bodybuildées auront été ajoutés. Le fessier fortement proéminent, presque trop en fait, est composé d’un aileron de toit démesuré dont l’utilité reste à prouver, d’un diffuseur tout autant visible, tous deux en plastique noir, et de deux énormes sorties d’échappement qui laissent présager un ronronnement fort plaisant pour nos oreilles. Ford a souhaité que cette nouvelle Focus RS affirme visuellement sa puissance et qu’elle se différencie clairement du reste de la gamme Focus. Pari gagné ! Vous ne pourrez pas la confondre avec la version TDCi de votre grand-père !!
Attention cependant à ne pas trop vous enflammer à son volant, n’est pas Mikko Hirvonen qui veut ; ce n’est pas parce que cette nouvelle Focus RS ressemble comme deux gouttes d’eau à la version qui dispute le championnat du monde des rallyes qu’il vous sera facile de la dompter avec la maestria du pilote finlandais. Bon, si ça peut vous rassurer, lors d’une escapade sur circuit vous aurez plus de chance que lui en WRC, car il y a fort peu à parier que les Sébastien Loeb en herbe viennent vous perturber avec leurs Citroën C4 de route.
Grâce au système “KeyFree”, inclus dans le Pack Confort, j’ouvre l’imposante porte conducteur sans même m’inquiéter de la déverrouiller au préalable. Avant de me glisser aux commandes de cette Focus RS, je prends le temps d’admirer les magnifiques baquets Recaro ; voilà exactement le genre de sièges que l’on devrait retrouver dans toutes les sportives dignes de ce nom. A la fois confortables en utilisation quotidienne, ils sont aussi parfaitement dessinés pour offrir un excellent maintien lorsque le rythme augmente. Revêtus d’origine de tissu, ils reprennent la teinte de la voiture pour autant que vous ayez choisi l’une des deux en option, c’est à dire vert pour le “Ultimate Green” ou bleu pour le “Performance Blue”. Sinon ils seront simplement noirs. Notre voiture d’essai est en outre équipée du Pack Confort qui nous propose un revêtement cuir et alcantara noir avec surpiqûres bleues, tout comme le logo RS apposé sur les appuie-têtes. Ce package comprend également les capteurs de parcage arrière ainsi qu’un pare-brise réfléchissant, athermique et chauffant. Au catalogue des options, on trouve aussi le Pack Technology qui se compose entre autres d’un système de navigation, d’une caméra de recul et d’une connexion Bluetooth avec commande vocale pour votre téléphone portable.
Parfaitement installé au poste de pilotage, le volant à jante épaisse et au cuir tendre procure un excellent feeling et tombe parfaitement en mains. On y retrouve d’ailleurs les coutures bleues comme sur les sièges ainsi que sur le pommeau de vitesses. A l’exception des trois manomètres situés au centre supérieur du tableau de bord, le reste est plutôt sobre et austère. Le faux carbone se mélange à des plastiques noirs et gris de qualité plutôt basique ; j’aurais espéré un peu plus d’audace à l’image de la face avant de la voiture. Revenons à l’ensemble Radio/GPS : si on peut lui reprocher un design peu attrayant, il est très intuitif et complet. Sans même m’attarder sur le mode d’emploi, je configurerai mes préférences musicales, établirai la connexion avec mon iPhone et n’aurai aucun mal à exploiter les compétences du GPS pour arriver à bon port sans me soucier de quoi que ce soit. Il est toutefois regrettable que les fonctions téléphone et caméra de recul ne soient pas opérationnelles sans avoir allumé au préalable ce concentré de technologie.
Cette Focus RS est une vraie familiale proposant un habitacle relativement grand et malgré la configuration trois portes qui restreint l’accès aux places arrière, elle permet d’accueillir confortablement 4 adultes si nécessaire. De plus le volume du coffre est suffisamment généreux pour la catégorie et vous logerez sans soucis les bagages de toute votre famille. Je noterai juste l’absence de régulateur de vitesse qui aurait tout à fait sa place dans une voiture qui allie parfaitement l’utile à l’agréable.
Lors de la première prise en main le 5 cylindres 2,5l turbocompressé qui équipe entre autres la Ford Focus ST et sa cousine la Volvo C30 T5 m’avait impressionné. Ces deux dernières sont déjà passées dans les mains des essayeurs d’Asphalte et si nous avions déjà été satisfaits du couple (320 Nm), nous restions un peu sur notre faim concernant la puissance (225 cv et 230 cv). Dans le cas présent, la donne a changée, les ingénieurs Ford ont clairement dopé ce moteur et les gains sont significatifs. Cette nouvelle Focus RS nous propose une puissance de 305 cv à 6’500 t/min et un couple maximum de 440 Nm sur une plage de 2’300 à 4’500 t/min. Pas de doute, ça va déménager ! Et la simple idée de me retrouver aux commandes sur les petites routes bien connues de notre région me fait trépigner d’impatience. Rappelons toutefois que cette armada de chevaux est transmise uniquement aux roues avant et avec la météo peu favorable des prochains jours, nous risquons vite de déchanter.
Comme expliqué lors de notre reportage précédent, Ford a laissé tomber son projet de 4 roues motrices afin de privilégier le poids et la consommation d’essence. D’ailleurs en passant cette Focus RS sur nos impitoyables Corner Scales, nous avons obtenu un total de 1488 kg, répartis pour les 2/3 à l’avant et 1/3 à l’arrière. Ce chiffre est très proche des 1467 kg annoncés par le constructeur, surtout que notre modèle d’essai était équipé de toutes les options disponibles ou presque. Et c’est effectivement mieux que ses concurrentes 4×4, Subaru Impreza STI et Mitsubishi Lancer Evolution X en tête, mais le gain n’est pas flagrant non plus. Il y a tout juste 30 kg de différence avec l’Impreza STI que nous avions essayée l’an dernier et qui était aussi très bien équipée.
Et la consommation me direz-vous ? Ford nous annonce une moyenne plutôt optimiste de 9,4 l/100km qu’il me tarde de vérifier. Je récupère la Focus RS à Lausanne et je reviens tranquillement en direction de Genève, par l’autoroute, en mode découverte. L’électronique de bord m’indique une consommation moyenne de 9,8 l/100km et une fois que je m’aventure au centre ville, le chiffre passe à 11 l/100km. Jusque là rien de dramatique pour une telle mécanique, mais je n’ai pas vraiment appuyé sur la pédale des gaz et le monstre logé sous l’imposant capot ne s’est pas encore totalement mis en valeur. Cependant il propose déjà une sympathique sonorité aux occupants et aux passants qui détournent le regard pour voir évoluer la bête. En lâchant totalement la cavalerie sur nos belles routes de campagne et sollicitant toutes les ressources du 5 cylindres, cette moyenne a vite grimpé à 17 l/100km, avec des pics à plus de 25 l/100km en rejoignant les hauteurs de St-Cergue. Oui, ces chiffres ne sont pas des exemples de sobriété mais il faut bien penser que ça turbine sérieusement là-dedans et qu’à force d’en demander autant, il est nécessaire de lui donner à boire en conséquence. On n’a rien sans rien ! Au final, sur l’ensemble de notre essai nous avons mesuré une consommation d’un peu plus de 12 l/100km en utilisation mixte. L’ordinateur de bord est plutôt bien étalonné et c’était en toute logique que nous n’allions pas retomber sur les chiffres des caractéristiques techniques tant les conditions idéales pour ce genre de mesures sont difficiles à reproduire. Par contre, là aussi, la différence avec la concurrence japonaise précédemment citée n’est pas flagrante et l’argument de la traction avant perd un peu de sa crédibilité à mes yeux. Ce ne sont que des chiffres et intéressons-nous un peu au comportement et sensations.
La boîte est ferme, suffisamment précise, mais pourrait être encore meilleure pour une voiture de cet acabit, tout comme le feeling de la direction. Via l’ordinateur de bord, il est d’ailleurs possible de définir la dureté de cette dernière, avec trois niveaux de réglage à choix : confort, normal et sport. Je n’ai constaté que très peu de différence entre eux et j’ai opté pour le mode “sport” pendant la quasi totalité de mon essai. Avec une telle puissance j’aurais apprécié un peu plus de résistance dans l’épais volant. Mais il ne faut pas oublier que cette Focus RS doit être utilisable au quotidien et que de nos jours, il n’y a plus vraiment de voitures difficiles à conduire. Notez bien que je parle de “conduire” et non pas de “piloter”. Il fait beau, l’asphalte est bien sec, l’automne n’est pas encore vraiment arrivé, les conditions sont un peu similaires à celles que nous avons eues dans la campagne autrichienne. L’horizon est dégagé, j’appuie franchement sur la pédale d’accélérateur tout en tenant fermement le volant et me voilà collé au fond du baquet tant la poussée est sensationnelle !! Ça pousse très très fort, les chevaux sont bien là et ne sont point de vieux canassons à la retraite. Les premiers virages approchent et les pneumatiques accrochent au bitume. Bien sûr c’est une traction, mais la courbe se négocie sans soucis, la voiture bondit d’un virage à l’autre sous les sifflements du turbo et les feulements de l’admission. A la longue, ce léger “pschiiiitt” devient presque fatiguant, mais ambiance rallye oblige, on s’y fera quand même.
La technologie du châssis de cette nouvelle Focus RS se compose d’un différentiel à glissement limité, d’un essieu de type “Revo” et d’une suspension de haut niveau qui permettent de garder une excellente motricité sur un revêtement sec. Il n’est même pas nécessaire de déconnecter l’ESP tant celui-ci est permissif, autorisant le conducteur à bien s’amuser avant qu’il ne vienne jouer les trouble-fête. Le couple est présent sur tous les rapports et même en 6ème sur l’autoroute, la voiture ne rechignera pas à bondir si l’envie vous prend d’écraser la pédale d’accélérateur. Les jours passent et que ce soit en trajet pendulaire ou pour le plaisir, je me sens parfaitement bien au volant de cette Focus RS.
La suspension propose le bon compromis entre la sportivité et le confort, avec très peu de mouvements de caisse et de prise de roulis. Les différents parcours m’ont aussi permis de constater l’efficacité des freins. Le train arrière est cependant un peu léger, voir joueur, lors des gros freinages qui seraient à exécuter en cas d’urgence. Mais il n’y pas matière à s’affoler non plus, l’ensemble est très homogène. Les jours suivants s’annoncent moins ensoleillés et c’est bien la première fois que je m’en réjouis. Je vais enfin pouvoir tester la voiture dans de mauvaises conditions climatiques.
En conduite normale, rien ne change, la motricité étant largement suffisante malgré la chaussée détrempée. Par contre dès que l’on augmente le rythme, l’avertissement est sans appel et il faudra savoir rester raisonnable avec l’accélérateur sous peine de faire patiner franchement le train avant. Il n’y a pas de miracles, pour passer autant de puissance au sol, les quatre roues motrices sont imbattables. Mais encore une fois, nous avons poussé la voiture afin de voir ses limites sur l’eau et c’est uniquement sur un circuit fermé que cela pourrait vous déranger. Il resterait encore un test à faire, celui sur neige, mais nous n’en avons pas rencontré tout au long de notre essai et fort heureusement d’ailleurs, car avec la monte pneumatique prévue pour l’été, cela n’aurait pas été vraiment relevant. Retenons quand même que sur chaussée sèche, la voiture distille un plaisir immense et c’est une vraie machine à sensations. Le fun est au rendez-vous et lui procure un net avantage par rapport à une Impreza STI qui vous semblera bien pataude en comparaison. La Focus RS cache en elle ce petit plus de bestialité que je n’ai pas ressenti dans d’autres véhicules de cette catégorie.
Que les fans de la marque soient rassurés, la nouvelle Focus RS est bel et bien la digne héritière de ses ancêtres les plus prestigieuses. Elle propose un moteur rageur et un look très agressif. Si vous désirez rester discret, passez votre chemin, cette voiture n’est pas pour vous. J’ai vu bon nombre de têtes se retourner au passage de cette Focus RS, comme on le remarquerait avec une sportive ornée du cheval cabré. Son prix de départ vient d’être augmenté de 2’000 Frs, mais malgré cela, à 53’900 Frs, elle conserve l’avantage par rapport à ses concurrentes japonaises 4×4 tout en proposant un comportement plus ludique, à la motricité certes perfectible. La liste des options relativement courte propose entre autres les deux packs, Technology (2’950 Frs) et Confort (2’100 Frs), qui viendront parfaitement compléter l’équipement de base déjà bien fourni. Selon les rumeurs, il faudra s’attendre toutefois à la riposte d’une rivale moins puissante et moins chère, la nouvelle Renault Mégane RS. Nous n’avons malheureusement pas pu vérifier par nous-mêmes l’exactitude de ces informations. En attendant, cette nouvelle Ford Focus RS est à mes yeux la plus impressionnante des tractions que j’ai pu conduire… sensations garanties !
Face à la concurrence
Ford Focus RS | Subaru Impreza STi |
Mitsubishi Lancer Evolution X |
BMW 135i | |
Moteur | 5 cylindres, 2522cm3, Turbo | 4 cylindres, 2457cm3, Turbo | 4 cylindres, 1998cm3, Turbo | 6 cylindres, 2979cm3, Bi-Turbo |
Transmission | Avant | Intégrale | Intégrale | Propuslion |
Boîte de vitesses | 6, mécanique | 6, mécanique | 6, mécanique | 6, mécanique |
RPP (kg/ch) | 4.88 | 5.05 | 5.42 | 5.0 |
Poids à vide (constr.) | 1488 kg (1467 kg) | 1516 kg (1515 kg) | (1600 kg) | 1530 kg (1560 kg) |
Puissance (ch/régime) | 305 / 6500 | 300 / 6000 | 295 / 6500 | 306/ 5800 |
Couple (Nm/régime) | 440 / 2300-4500 | 407 / 4000 | 366 / 3500 | 400 / 1300 |
0-100 km/h | 5.9 sec | 5.2 sec | 5.4 sec | 5.3 sec |
Vitesse max. | 263 km/h | 250 km/h | 240 km/h | 250 km/h |
Conso. Mixte (constr.) | 12.0 (9.4) | 11.6 (10.3) | 12.6 (10.2) | 12.8 (9.2) |
Pneumatique | 235/35 R19 | 245/45 R18 | 245/40 R18 | 215/40 & 245/35 R18 |
Prix de base (CHF) | 53’900 | 59’200 | 59’900 | 59’100 |
Nos remerciements à Ford Suisse pour le prêt de cette Focus RS et au garage Red Star à Chavannes pour la logistique.
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