Essai Abarth 500 EsseEsse: “Esse” bien utile ?

Nous essayons la version vitaminée de l’Abarth 500. 

En début d’année, nous vous proposions l’essai de l’Abarth 500 de 135 chevaux, bombinette amusante et attachante, mais pas dénuée de défauts non plus. Le constructeur au scorpion propose désormais en option un kit baptisé « EsseEsse » dopant sa puce et la rendant encore plus radicale.

Le principe est très simple : contre CHF 4’990.- vous recevrez une magnifique caisse en bois estampillée Abarth contenant : quatre superbes jantes OZ de 17 pouces montées de Pirelli P Zero en 205/40 R 17, quatre disques de freins perforés et leurs plaquettes hautes performances, quatre ressorts d’amortisseurs courts, un filtre à air « BMC », les badges « EsseEsse » de circonstance et enfin une reprogrammation du boîtier électronique pour offrir une puissance maxi de 160 CV et 230 Nm de couple. Tout cet attirail sera gracieusement installé par votre Abarth Center (le montage et l’homologation sont inclus dans le prix du kit) et, cerise sur le gâteau, vous pourrez même emporter la fameuse caisse chez vous afin qu’elle serve de table basse de salon, par exemple. Avouez que le concept est plutôt original et les caractéristiques intéressantes.

 

Côté esthétique, pas de bouleversement. La ligne de la EsseEsse est identique à celle de l’Abarth 500 « standard ». Seule différence notoire, les jantes à rayons de 17’’ alliées aux ressorts courts affirment encore plus la présence de notre puce sur la route, « posée parterre » juste comme il faut. Les observateurs auront noté la présence du logo EsseEsse placé sur le hayon.

A l’intérieur, aucun gadget ne vient apporter une quelconque valeur ajoutée à cette version par rapport à celle de base. Vu la vocation « piste » qu’a voulu donner Abarth à sa mouture survitaminée de la 500, il aurait été sympa de proposer dans le kit le GPS avec télémétrie disponible en option. Ceci aurait au moins pu mieux démarquer notre destrier du reste de la gamme. En outre, en vous délestant de trois billets violets de plus, vous pourrez disposer des superbes baquets allégés fabriqués par Sabelt et qui apporteront une touche résolument « racing » à votre cockpit.

C’est sous le capot que notre athlète des villes se goinfre d’anabolisants. La puissance du désormais archi-connu quatre cylindres turbo de 1.4 litres passe de 135 à 160 CV et le couple gagne 29 Nm pour culminer à 230 Nm, mode “Sport” enclanché. Oubliez cependant les glorieuses préparations d’antan avec rabotage de culasse et arbres à cames “méchants” à la clé; l’électronique étant de nos jours omniprésente, le gain de puissance s’effectue au moyen d’un filtre à air “BMC” moins restrictif et surtout d’une reprogrammation du boîtier électronique. Ainsi parée, l’Abarth 500 EsseEsse offre un moteur flamboyant en reprise, plein, hargneux et débordant de puissance à tous les régimes, à même de propulser la puce à des vitesses “permiscides” en deux coups de cuillère à pot… de yaourt. Sans oublier que la tonalité grave de son échappement saura ravir les amateurs de symphonie mécanique. Pour les plus exigeants, Abarth propose dans son catalogue d’accessoires une marmite arrière “Record Monza” dotée de quatres sorties (la même équipant les versions “Tributo Ferrari”), lui conferant des airs de GT de poche, du moins pour la bande-son. Niveau consommation, l’EsseEsse, malgré des performances accrues, reste dans les mêmes eaux que sa petite soeur, à savoir environ 8.3 litres/100 km à la pompe en trajet mixte et dynamique.

C’est peut-être la fête sous le capot, mais malheureusement le défaut le plus reproché à l’Abarth 500, le manque de rigueur de son châssis à la limite est ici décuplé. Le montage de ressorts fermes sur les amortisseurs d’origine nuit considérablement à l’homogénéité de la tenue de route. Le train arrière sautille sans cesse sur revêtement dégradé, tandis que l’avant n’arrive tout simplement pas à canaliser la puissance délivrée par le moteur. Tout ceci donne l’impression que la voiture va se désunir sur la moindre aspérité de l’asphalte. En entrée de courbe, la mise en appui se fait avec une sérénité toute relative, l’arrière talonnant sans cesse. La direction est consistante mais j’aurais apprécié une remontée plus franche des informations, tandis que le roulis est bien maîtrisé. A la relance, par contre, c’est la débandade. Le moteur et la boîte jouent leur rôle à perfection, mais malgré des pneus Pirelli réputés pour leur excellente adhérence sur route, la 500 EsseEsse cherchera irrémédiablement à tirer tout droit.

Ajoutez encore que l’ESP n’est pas déconnectable, que le différentiel électronique TTC peine à accomplir sa tâche et que les warning s’enclenchent à chaque freinage à peine appuyé en raison du mordant immédiat des pinces sur les gros disques. Ce sombre tableau me fait douter de l’agrément sur piste tant vanté par les docteurs ès marketing de Turin.

 

De l’intérieur, déjà que l’Abarth 500 « tout court » ne ménage pas ses passagers, l’EsseEsse en rajoute encore ! Rien n’est amorti, ou presque. Vos lombaires seront mises à dure épreuve et vous ressortirez de l’habitacle après une longue distance, même sur autoroute, complètement essoré(e). Indéniablement cette Abarth 500 EsseEsse a un charme certain auquel toutefois il faudra être sensible. Dans l’optique d’une utilisation quotidienne, je crains qu’elle ne soit trop radicale, sans non plus être parfaitement à l’aise en conduite sportive sur piste lors des sorties « club ».

Avec son nom et des prestations alléchantes sur le papier, l’Abarth 500 EsseEsse avait un super coup à jouer sur le marché des bombinettes de poche. Malheureusement, le constructeur s’est fourvoyé en nous livrant une mouture au châssis imparfait nuisant à l’homogénéité de l’auto. La Mini et la Clio RS garderont leur longueur d’avance dans le segment, sans compter qu’affichée à près de CHF 34’000.- l’Italienne fait payer cher les prestations moyennes de ses trains roulants. Néanmoins, son look ravira les fashionista et ses caractéristiques moteur satisferont les Fangio en herbe. Idéale comme troisième voiture pour se dévergonder le week-end !

Face à la concurrence

Abath 500 EsseEsse Mini Cooper S Renault Clio RS
Moteur 4 cyl. 1368 cm3, Turbo 4 cyl. 1598 cm3 4 cyl. 1998 cm3
Transmission Traction Traction Traction
Boite de vitesses 5, mécanique 6, mécanique 6, mécanique
RPP (kg/ch) 6.46 6.89 6.83
Poids à vide (constr.) (1035 kg) (1205 kg) (1365 kg)
Puissance (ch/régime) 160 / 5750 175 / 5500 200 / 7100
Couple (Nm/régime) 230 / 3000 260 /1700 215 / 5400
0-100 km/h 7.4 sec 7.1 sec 6.9 sec
Vitesse max. 211 km/h 225 km/h 223 km/h
Conso. Mixte (constr.) 8.3 (6.9) (6.2) (8.4)
Pneumatique 205/40 R 17 205/45 R 17 215/45 R 17
Prix de base (CHF) 33’980.- 32’000.- 30’700.-
Prix de base (EUR) 21’600.- 23’950.- 22’100.-

Nos remerciements à M. Frank Corsini du Abarth Center à Meyrin pour la mise à disposition du véhicule.

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