Essai Nissan GT-R : La Supercar pour tous

Bien engoncé dans le baquet je balance la sauce. Tel un boulet de canon la GT-R détale sèchement sans sourciller. Grâce aux palettes sur la colonne de direction, les rapports de boîte se succèdent à une vitesse supersonique sans perte de charge. La première épingle approche. J’écrase la pédale des freins et rétrograde à mesure, l’auto mord sans ménagement ses disques Brembo de 380 mm, ne bronche pas et garde son cap. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire je décélère de quelques dizaines de km/h sentant seulement augmenter la pression de la ceinture de sécurité sur ma poitrine. Braquage : la GT-R attaque le virage et touche la corde pilepoil où mes yeux l’ont indiqué, sans aucun mouvement de caisse parasite ou prise de roulis. La direction est parfaite, communiquant clairement toutes les informations et ne se montrant pas démesurément assistée, comme on peut le constater trop souvent sur les voitures actuelles. Je redresse le volant, relance avec le pied droit soudé au plancher, toute la puissance passe au sol sans souci en répartissant le couple entre l’avant et l’arrière pour éviter tout patinage. Le châssis parfaitement équilibré est lui aussi redoutable. A aucun moment je n’ai constaté un quelconque flottement dans la tenue de cap, en appui ou à la relance. Les réactions sont saines et franches, comme si les roues étaient montées sur des rails. Même l’ESP, laissé en mode « normal », ne se montre pas trop intrusif et agit uniquement en dernier recours. L’amortissement est bien entendu très dur mais offre malgré tout une « zone de confort » évitant ainsi à l’auto de se transformer en shaker pour les occupants. Pfiou !! Impressionnant ! Et dire que la bête pèse autant qu’une grosse berline, a un gabarit maousse, une puissance de feu et se comporte quasi comme une Lotus. Débile !

Côté consommation, il est bien clair que de telles prestations se paient au prix fort. Selon l’ordinateur de bord, la consommation moyenne lors de notre essai dynamique s’est située aux alentours de 20 l./100 km. En utilisation quotidienne, Godzilla ne demandera qu’un peu plus d’une dizaine de litres pour vous mener sur 100 km. Ce qui reste malgré tout raisonnable. A noter en outre que le programme d’entretien Nissan exige de fréquents passages à l’atelier, ce qui pèsera également sur le budget, mais « there is no such thing as a free lunch » !
Je vais être très clair : en termes d’efficacité, plaisir et facilité de conduite, polyvalence ainsi que prix (à partir de CHF 119’000.-), aucune auto ne m’a jusqu’ici autant convaincu. Il m’est même difficile de lui trouver une concurrente qui la rejoindrait et ferait un quasi sans faute dans chacun de ces domaines. Certes, certains diront qu’elle est trop efficace voire aseptisée en comparaison avec une Corvette ou une Porsche. D’autres seront immanquablement rebutés par le blason Nissan qu’elle arbore, pas assez hype et prestigieux. Mais n’oublions pas que la lignée GT-R a pris naissance il y a 40 ans, et qu’aux côtés de l’américaine et l’allemande la GT-R peut elle aussi justifier d’une certaine tradition.
En définitive, le buzz créé autour de la GT-R est amplement justifié, tant cet extra-terrestre vient ébranler sur nos terres l’hégémonie des GT habituelles. Nissan a réussi à nous proposer certainement la GT la plus abordable, dans tous les sens du terme, et la plus polyvalente en regard des performances offertes. Reste à voir comment va se comporter sa valeur de revente.
Quant aux sceptiques, je ne peux que leur conseiller une chose : glissez-vous derrière son volant pour quelques kilomètres !










