La VW Passat B6 à l’essai au pays du carburant cher et des pluies abondantes.
Un périple de 1000 bornes dans les Highlands écossais, de longues journées de route et un litre de carburant parmi les plus chers d’Europe. Du confort et de l’espace, de la sobriété, ce sera donc une Passat TDI. Sur un site internet, l’équation est limpide. Sous le crachin tenace d’un ciel plombé, la combinaison diesel et conduite à droite tient plus du purgatoire que d’un plan de vacances réussi. Chaussée de sobres jantes de 17 pouces (Macau, 650 CHF en option) habillées de Conti Sport Contact 2 reconnaissables au premier coup d’oeil, sa robe noire discrètement réhaussée de chrome, la voiture a un air chic discret – sévère diront certains – que la calandre chromée typique des VW actuelles a peine à égayer. Une robe qui passera plusieurs fois à quelques centimètres près d’un lifting partiel, tant le périmètre de l’auto est parfois difficile à juger, à fortiori du côté droit. Contact, pression sur la clef, ça s’appelle le démarrage confort « press and drive », et le 4 cylindres s’ébroue, rugueux. En route.
Rien de tel que le réseau routier écossais pour réapprendre à conduire. Roulant mais étroit, sinueux, truffé de dos d’ânes, de virages qui se referment et de 38 tonnes avec des émules de David Coulthard au volant. Rouler à gauche sur des routes aussi étroites demande de la précision, un réapprentissage de repères visuels, sans compter la mise à contribution de votre bras gauche, peu habitué à tant de va-et-vient. Seul l’ESP semble perturbé par certaines compressions, coupant ostensiblement l’alimentation sans pour autant signaler ses haut-le-cœur par un voyant lumineux. Dérangeant, mais si spécifique à des conditions routières qu’on ne retrouve pas sur le continent qu’il ne portera pas à conséquence. Les freins sont caricaturalement sur-assistés, difficiles à doser en conduite fluide mais peu convaincants de puissance en cas de freinage appuyé.
L’ensemble boîte 6-embrayage est plutôt réussi, doux et précis, et c’est un soulagement car il faut en user et abuser pour maintenir le moteur dans sa plage de régime idéale. Louablement souple, il accepte avec un soupçon de résistance d’enrouler sur un filet de gaz à 1200 tours en sixième, mais quel que soit le rapport, pas de salut en-dessous de 1500 tours. Le temps de réponse du turbocompresseur reste très perceptible et un pic de couple à l’approche des 2000 tours corrobore grosso modo les données constructeur. La poussée s’essouffle vite cependant et si les reprises sont bonnes au régime consacré, le TDI peut se montrer juste pour donner de l’allant à cette grande berline de 4.76m, en dépassement notamment. Nulle crainte à avoir de la zone rouge, il prend 5500 tours avant d’être étranglé par la gestion de l’injection directe. Pas de rupteur, normal, c’est un diesel !
Plutôt que se battre, autant cohabiter en bonne intelligence. Pratiquer avec dextérité le short shifting sur les intermédiaires et profiter des qualités de l’auto, à enrouler entre 1500 et 3000 tours pour profiter du couple et du soupçon d’allonge disponible. En-dessus, la poussée devient très linéaire et la montée en régime anémique. Un brûleur à mazout qui a le don de surprendre, souvent en bien tant ses reprises peuvent paraître charnues, parfois en mal tant ses accélérations sont timorées, notamment en dépassement. Les ronchons concluront simplement « rien en bas, rien en haut, et pas grand-chose au milieu » et ils n’ont pas tort. Jugé selon les mêmes critères, il serait difficile de trouver un moteur essence contemporain qui soit aussi mauvais en termes d’agrément. C’est l’exception diesel, un recalibrage des critères d’appréciation d’une mécanique moderne.
Un tribut à payer pour une sobriété de chameau, l’ordinateur de bord affichant une conso moyenne à peine vraisemblable de 55.1 miles par gallon de l’empire de sa très gracieuse majesté, soit 5.13 L/100km. Sceptiques ? Moi aussi. Vérification faîte, la conso effective est de 5.98 L/100km sur 1170km d’un réseau secondaire accidenté parcouru à une moyenne 56 km/h. Plutôt élogieux pour une auto de ce gabarit, bien aidé en cela par des rapports longs (2200 t/min à 120 km/h en sixième).
Malgré 320 Nm, pas d’effet de couple dans la direction, même sur les rapports inférieurs. En fait, le volant est plutôt avare en informations provenant des roues avant, mais autorise des prises d’appui précises, bien aidé en cela par un amortissement ferme sans être dur. Pas de pompages intempestifs ni de flottements, la voiture reste étonnamment homogène tant que le style de conduite reste en phase avec sa vocation de discrète dévoreuse de kilomètres. Un soupçon d’attaque dévoile vite un train avant dont les guidages manquent de rigueur, indiquant vite que toute tentative dépassant le strict cadre d’une conduite coulée relève de l’aquoibonisme.
Le cuir du volant est soyeux mais celui des sièges est ordinaire d’aspect et de toucher, on sent la préoccupation de robustesse et de maîtrise des coûts. La crevasse qui cerne la planche de bord a un effet visuel réussi, bien plus d’ailleurs que les garnitures en faux aluminium brillant, d’un toucher froid. Les commandes et plastiques sont au standard VW, mais on reste loin de la référence Audi, d’autant plus que des vibrations parasites sont audibles du côté passager. L’ensemble donne cependant une impression décente de qualité et s’avère confortable, les sièges offrant un double réglage lombaire et suffisamment de maintien pour les colonnes délicates. Les passagers arrière jouissent également d’une bonne assise, d’un espace très confortable aux genoux, un point fort des Passat depuis des générations, d’une garde au toit généreuse et d’une bonne visibilité d’ensemble. Le seuil haut et les portes courtes entravent cependant leur accès. Le coffre est d’un volume conséquent, on lui regrette juste un seuil un peu haut.
De glens en bens, de lochs en firths, la Volkswagen Passat 2.0 TDI Highline se découvre petit à petit comme un appréciable compagnon au long cours, qu’il soit autoroutier ou sinueux, ne brillant en rien mais faisant tout avec une louable diligence. Une rallonge d’à peine 1110 CHF donne droit à une version 170ch du même moteur, équipée d’injecteurs différents, avec 30 Nm en bonus et une conso normalisée majorée à 6.1 L/100km, une option à considérer sérieusement pour autant qu’elle amène un soupçon de brio supplémentaire.
L’offre est pléthorique dans le segment et dans la mesure où l’on achète une bouffeuse de kilomètres, la cote de revente d’une française peut devenir anecdotique. Reste la complexe question de la comparaison et valorisation des équipements qui répond à des critères très personnels. La Passat 2.0 TDI Highline peut l’aborder avec la confiance d’une valeur sûre et de prestations homogènes, mais malheureusement sans atout séducteur particulier. Sobriété, quand tu nous tiens …
Les Highlands
Les Highlands d’Ecosse couvrent le nord ouest de la Grande Bretagne. Terres chargées d’histoire, d’un passé tumultueux déchiré par des siècles de conflits où se mêlent religion et politique, les Highlands offrent également des paysages vierges d’une rare beauté. Hauts plateaux montagneux, dédale de vallées, enchevêtrement d’îles et de péninsules, lochs à l’eau noire, ruines de châteaux détruits au fil des conflits, difficile de rester indifférent.
Edinburgh a un certain charme, avec un centre historique touristisé et un château plus impressionnant par sa situation que par sa construction. Glasgow, capitale économique, revendique une certaine modernité, mais peine à séduire. Entre les beuveries adolescentes dans les rues et les beuveries adultes dans des clubs glauques, le tout mâtiné d’accoutrements d’une vulgarité comique, l’envie de fuir retrouver les trolls dans les vertes prairies désertes du nord ouest devient rapidement insurmontable.
Contre toute attente, les routes sont superbes, étroites mais bien revêtues la plupart du temps. Des routes souvent rendues glissantes par des précipitations fréquentes, mais qui lient paysage somptueux et tracés tortueux et vallonnés à souhait. On citera avec émotion l’A82 entre Clifton et Ballachulish, l’A87 d’Invergarry à Kyle of Locklash et la fantastique A832 rejoignant Gairloch par le Nord. Des routes désertes en semaine, mais parfois encombrées le week-end. La météo peut y être ingrate, mais lorsque les nuages se déchirent, la moindre éclaircie donne au paysage des couleurs enchanteresses.
Les bed & breakfast sont ubiquitaires et de qualité et prestations inégales. Demander une chambre « en-suite » pour avoir des toilettes/douches privés, vérifier au préalable que les cartes de crédits sont acceptées. Les accès WiFi gratuits sont fréquents mais pas généralisés. Le Scottish Tourist Board distribue des étoiles, 4* écossaises correspondent à un 3* continental basique pour un tarif qui peut facilement atteindre 80£ par nuit en chambre double, petit déjeuner syndical inclus. Même douleur dans les restaurants, tarifs pas bon marché pour une nourriture au mieux quelconque. Un plaisir plus visuel que gustatif qui a son prix, mais qui mérite le détour.
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
VW Passat 2.0 TDI Highline | Audi A4 2.0 TDI | Citroën C5 2.0 HDi Dynamique | |
Moteur | L4 – 1968 cm3 Turbo-diesel | L4 – 1968 cm3 Turbo-diesel | L4 – 1997 cm3 Turbo-diesel |
Transmission | 6 vitesses man. | 6 vitesses man. | 6 vitesses man. |
RPP (kg/ch) | (10.38) | (10.45) | – |
Puissance ch / t/min | 140 / 4000 | 143 / 4000 | 138 / 4000 |
Couple NM / t/min | 320 / 1800 | 320 / 1750 | 320 / 2000 |
Longueur | 4765 | 4703 | 4779 |
Largeur | 1820 | 1826 | 1860 |
Hauteur | 1472 | 1427 | 1458 |
Réservoir | 70 | 65 | 71 |
Coffre | 565 | 480 | 467 |
Poids à vide (constr.) | (1454) | (1495) | – |
0-100 km/h | 9.8s | 9.4s | 10.6 |
Vitesse max | 209 | 215 | 204 |
Emissions CO2 g/km | 153 | 139 | 157 |
Conso. mixte (constr.) | 5.98 (5.8) | (5.3) | (6.0) |
Pneumatiques | 215/55/16235/45/17* | 225/55/16 | – |
Prix de base (CHF) | 46’310 | 46’100 | 41’390 |
Prix de base (EUR) | 33’130 | 32’050 | 27’500 |
* en option
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