Essai comparatif Maserati Quattroporte III, IV & V: dodici porte !
La conception générale de l’auto est plus “européenne” cette fois ; les tôles de la coque et des portes paraissent légères, l’esprit “grosse berline” moins présent. Les échappements sont intégrés aux pare-chocs. L’intérieur quant à lui est toujours tendu de cuir Conolly, d’alcantara et de ronce de noyer. Le volant à jante épaisse est sculpté dans de l’orme. L’habilité est plus restreinte, l’empattement perdant 25 cm par rapport à la Quattroporte III. Les sièges sont fermes, plus enveloppants. L’accent a réellement été porté sur la sportivité.
Une fois le moteur démarré, son chant est à peine audible, comme s’il ne voulait pas faire de bruit. En fait, c’est à ce moment que cette Quattroporte devient schizophrène. Malgré une direction et un embrayage virils, la voiture se laisse conduire en douceur, gardant sous la pédale de droite toujours une réserve de puissance presque inépuisable. C’est là son côté Dr Jekyll, la tradition de grande routière des Quattroporte, capable de mener 4 (ou 5 passagers) dans le confort sur de nombreux kilomètres. Vers 3’000-3’500 t/min le sifflement des deux turbos envahit l’habitacle, la poussée augmente brutalement et souffle sans cesse jusqu’à son apogée autour des 6’500 t/min. La Quattroporte se transforme en Mr Hyde.
Sur les petites routes de campagne, des notions de pilotage sont nécessaires pour mener la voiture à bon rythme. Le châssis montre vite ses limites en rigidité et peine à canaliser les 335 CV (450 Nm de couple) ; il ne pardonne aucune erreur. Un mode d’amortissement ” sport ” permet de limiter les mouvements de caisse et la prise de roulis, mais en sortie de virage au moment de la relance, le train arrière a une fâcheuse tendance à vouloir passer devant. Les P Zero souffrent considérablement car aucune aide électronique à la conduite n’est présente, hormis l’ABS. Sur route humide et dans tous les styles de conduite, une attention particulière du conducteur est primordiale sans quoi la voiture s’en ira jouer dans les décors.
Le freinage est bon, mais manque de réactivité à froid. L’endurance est très correcte (disques ventilés et perforés). Incontestablement, cette version de la Quattroporte est la plus sportive des trois. Sous sa robe angélique et discrète se cache un diable de puissance, prêt à vous piquer de son trident et qui ne vous pardonnera aucun excès d’optimisme à son volant.
Lancée en 2003 au Salon de Francfort, la génération actuelle de Quattroporte a été entièrement conçue en collaboration avec Ferrari. Equipée d’un V8 de 4.2L de cylindrée développant 400 CV, elle annonce sur le papier des performances de premier plan. La boîte de vitesses est séquentielle, type F1, gérée soit de manière “automatique” ou manuelle via les palettes au volant. Dès 2006, elle existe en 3 versions : “standard”, Executive GT (exécution luxueuse et raffinée) et Sport GT (version plus sportive, avec un changement de rapports plus rapide, une suspension typée sport et un échappement un peu plus ouvert). Depuis 2007, chacune de ces trois exécutions est également disponible en boîte automatique classique à convertisseur de couple de 6 vitesses.
L’exemplaire de notre essai date de 2004, V8, 4’244 ccm, BV séquentielle ” DuoSelect ” 6 vitesses. Nous voilà de retour dans le gabarit massif. 5 m de longueur, 1.90 m de largeur et un empattement de plus de 3 m. La ligne signée Pininfarina a un caractère très affirmé et fait de la Quattroporte certainement la plus belle berline du marché. Le côté masculin du design des Quattroporte III et IV fait place aux rondeurs et à la féminité. L’ajustement des panneaux de carrosserie, la qualité perçue et l’utilisation d’aluminium pour certains éléments de la caisse n’ont rien à envier au savoir-faire germanique en la matière.
Le traitement de l’intérieur ne trahit également en rien la tradition Quattroporte. Le cuir Poltrona Frau de premier choix habille l’habitacle, une moquette épaisse en laine anglaise tapisse le sol et les inserts en vrai bois de palissandre sont travaillés par les maîtres-ébénistes de chez Riva Aquarama. Les versions ” Sport GT ” remplacent le bois par des panneaux de carbone. Quand on parle de navire amiral, on ne fait pas les choses à moitié à Modène !
Côté équipement, les années 2000 sont passées par là. Outre la chaîne hifi Bose, le GPS et l’ordinateur de bord, la Quattroporte dispose – en option – de sièges massants et ventilés et dont le maintien s’adapte au gabarit des passagers à l’aide de coussins gonflables. Le double vitrage fait également son entrée. Les passagers arrières sont choyés, disposant de sièges réglables de série. La qualité de finition et d’ajustement est très bonne, sans pour autant atteindre le niveau des références d’outre-Rhin. L’utilisation de quelques plastiques de qualité moyenne (aérateurs, console du frein à main, interrupteurs) ternit quelque peu ce magnifique tableau.