Découverte du circuit de Spa Francorchamps en Ferrari 550 Maranello.
“Le plus beau circuit du monde”. Commentaire probable à l’évocation de Spa. Cependant, une visite (modérément conseillée) du musée de Stavelot ne vous gavera pas de superlatifs du gotha de la F1: une phrase de Villeneuve, une de Häkkinen, et basta.
Un pélerinage trop longtemps repoussé à la Nordschleife fournit une excellente opportunité de faire un petit détour par la Belgique et ses autoroutes éclairées (si vous aimez les candélabres, c’est le paradis): ces deux hauts lieux du sport automobile ne sont distants que de 110 kilomètres.
Trouver des dates consécutives d’ouverture de Spa et du Ring fut d’autant plus difficile que je m’étais imposé de ne pas rouler sur à la Nordschleife un Samedi ou Dimanche pour des raisons d’affluence.
Voyage agréable et presque raisonnable, certainement pas l’Autobahn Extravaganza que vous attendriez d’une Ferrari 550 Maranello en Allemagne. J’avais choisi à dessein la rive germanique du Rhin mais le tronçon menant à Karlsruhe est soit en travaux, soit encombré, soit limité. La météo se dégrada ensuite et je finis par battre mon record (à la baisse) de consommation sur la 550: 14.86L/100km sur 700km ! Effort bienvenu vu le prix de l’essence en Allemagne et en Belgique: souvent au-dessus de 1.30Euro/L, plus de 2 francs ! Résultat : des pleins qui s’approchent des 200 francs.
Le plateau
Le paddock de Spa était très bigarré, beaucoup de britanniques avec du beau matos. Sans ordre particulier et sans vouloir être exhaustif, quelques exemples:
– une Ferrari 360 Spider nero/crema Ferrari 360 Spider avec des jantes spéciales (pas trop à mon goût). Une Porsche 996 GT2 très jaune avec des jantes qui ressemblent furieusement à celles de la Modena (toujours pas à mon goût)
– une Lotus Exige orange et une 350Z jaune. Une démoniaque GT3 avec un échappement course. Il y avait également 3 GT3 RS visibles plus bas, et quelques 996s (Turbo et Carrera),
– plusieurs répliques de Super Seven (des Caterhams et cette Donkervoort), très rapides,et une paire de Mitsubishi Evos de versions diverses (7 ou 8, je m’y perds)
– plusieurs Noble (la bleue est sauf erreur une M400) et cette une ancienne Maserati avec ce qui ressemblait à un V8 américain. Il y avait également une Jaguar E-Type cabriolet, une Audi RS4 et quelques S4 V8.
– une TVR T350, ainsi qu’une TVR plus ancienne, avec un V8 Rover.Quatre ou cinq Radical, férocement rapides, et le plus beau pour la fin : cette magnifique Carrera GT. Selon le propriétaire, c’est la Carrera GT avec le kilométrage le plus élevé au Royaume Uni, avec 22’000 km (en Juillet 2005). Immaculée à l’exception de Michelins passablement martyrisés. La voiture avait eu les disques de frein “f….d” (bousillés) et finalement remplacés par Porsche sous garantie (facture probablement salée).
Plus surprenant, l’embrayage était selon ses dires sur le point de lâcher, un peu court en regard des prétentions du marketing de Porsche sur la longévité à vie de leur embrayage en carbone. Je n’étais pas un grand fan de la Carrera GT jusqu’à ce que cette jaunitude ne me tape dans la rétine. Bruit magnifique. Pas vraiment dans mon budget.
Bien plus joli qu’une Enzo à mon avis. Il est peu probables que les Carrera GT tiennent leur cote, Porsche en fait beaucoup (environ 1200) jusqu’à assécher le marché. Le quota initial de 1500 voitures ne sera pas atteint. Pas de quoi se réjouir, une décote prononcée nous amène quand même à des montants stratosphériques …
Plusieurs M5 également (V8 et V10), Clios et Méganes, et trois 360.
Pas de casse significative le Jeudi 21.7 mais une triste 355 peinait à cacher sous sa bâche les stigmates d’un excès d’optimisme la veille, et une Radical SR1 avec une géométrie arrière singulière.
Un tour
Spa-Francorchamps est une piste magnifique, très fluide, avec quelques virages difficiles, aptes à mettre à mal votre pilotage, et quelques enchaînements qui sont de vrais tests de bravoure (ou d’inconscience).
Un tour typique avec la 550 m’amenait à tirer la 4 jusqu’à environ 6000 tours sur la ligne des stands avant de freiner tôt (si vous regardez la vidéo, je freine tôt partout) avant le panneau des 100m et rétrograder en 3 pour l’épingle de La Source. Le virage est assez serré pour rentrer la 2 mais le couple de la 550 est largement suffisant pour mettre la voiture en travers en troisième et la sortie est en descente. Troisième et quatrième jusqu’à la zone rouge puis 5 et un coup de frein pour asseoir l’avant avant la fameuse Eau Rouge et le Raidillon. On peut lécher le vibreur à gauche, se concentrer sur le point de corde du Raidillon puis admirer un instant la cime des arbres et le ciel (probablement nuageux) et choisir son sapin pour sortir sur le plat de Kemmel. Rien de terrifiant mais l’intérieur du Raidillon a une compression et le dégagement est vraiment faible en regard de la vitesse. Rentrer trop vite pourrait être scabreux. L’instructeur a d’ailleurs insisté lors du briefing sur le fait que le l’Eau Rouge à fond est un mythe. Passer le Raidillon en 4 m’aurait permis de ressortir plus vite sur Kemmel mais le couple rend paresseux.
A fond à fond à fond (mais pas gravier) depuis le milieu du Raidillon pour atteindre environ 240km/h (toujours en 5) 200m avant … le panneau 200m puis freinage gentillet, 4 et 3 pour les Combes suivi pas Malmédy: jolie combinaison droite-gauche-droite suivie par une courte rectiligne permettant de passer la 4 avant de freiner et rentrer un rapport pour Bruxelles, un 180 degrés assez technique dont le point de corde est très, très loin mais qu’il ne faut pas manquer (aucun dégagement à l’extérieur. En descente et en léger dévers, le pneu avant gauche apprécie.
On passe la 4 avant le gauche suivant, puis on accélère depuis la corde et passe la 5 avant de freiner pour l’entrée du Pouhon, un énorme et jouissif double gauche qui commande une courte ligne droite. Le pif paf qui suit est assez difficile, sortir trop large du premier droit pénalise la vitesse de sortie du gauche qui suit. Accélération à nouveau jusqu’au double droit de Stavelot.
Suit, à mon sens, le véritable morceau de bravoure de Spa, Blanchimont, la portion la plus difficile du tracé. Deux gauches très rapides pris à plus de 200 en 5, avec le deuxième plus serré que le premier (mais de bons dégagements) et qui commande le freinage en courbe pour la chicane de l’arrêt de bus. A part les ovnis (Radical en particulier), je n’ai vu personne passer fort sur cette portion. L’arrêt de bus est une chicane lente, passerait en deux, mais là encore, paresse, couple et une sortie très raisonnable en 3 dans la péniche grise et nous ramène sur la ligne d’arrivée.
Malheureusement pas de photographe en haut du Raidillon ce jour là, toutes les photos jointes furent prises autour de l’épingle de la Source. La 550, bien que ménagée (surtout au freinage) s’est sortie avec les honneurs de l’exercice, une preuve de plus de la polyvalence de la voiture. Malgré le mode “sport”, la prise de roulis apparaît plus prononcée sur les photos que depuis la voiture.
Comme vous l’aurez constaté dans la vidéo, le rythme est presque gériatrique. Je n’étais guère motivé à taper dans les pneus et les freins avec la Nordschleife et le trajet du retour encore au menu. Bonne excuse 😉
Mon temps le plus rapide sur ces 6.9 km était autour de 3’18” (126km/h de moyenne). Pour mettre cela en perspective:
– le record de pole actuel en F1 est de 1’43″726 (Schumi en 2002),
– les FIA GT se qualifient en 2’20” environ,
– la pole Ferrari Challenge 2004 était de 2’38” sur une 360 Challenge.
Pratique
Site web: le site du circuit.
Distance: environ 700 km de Lausanne, selon l’itinéraire choisi.
Logement: beaucoup d’hôtels à proximité. J’ai dormi au Radisson à Balmoral, hôtel correct avec un excellent restaurant. Si vous utilisez un système de navigation, programmez la destination sur l’Avenue Léopold II à BALMORAL, il y a une avenue avec le même nom à “Spa (Verviers)” qui se situe une quinzaine de kilomètres plus loin en direction de Liège.
Sur le circuit: petite restauration sur le circuit. Station service à Malmédy ou station Total en direction du paddock. Pas de station sur le site du circuit.
Accès: Spa n’est pas ouvert en essais libres, mais les opportunités de tourner sont multiples:
– l’organisateur de cette journée était Goldtrack, sérieux (particulièrement sur les règles de dépassement, sympathique mais cher (250£), malgré le système open pitlane (9h-18h sans interruption).
– Marc Duez organise plusieurs sorties dans l’année, divisées en plusieurs groupes, à des tarifs plus abordables.
Suggestion: une visite à la Nordschleife, même en temps que spectateur est recommandée, c’est presque sur le chemin.