Présidentielles américaines: des dollars et des bouseux.

[Jan25]

C'est ce qui me donne espoir que Hillary sera élue, malgré les 40% de crétins et de crétins racistes qui sont prêt à mettre Trump à la Maison Blanche.

Ouais, "ceux qui soutiennent Trump sont des crétins". Voilà un bel avis à l'emporte-pièce...

On peut se focaliser sur les débordements de Trump, le coup des Mexicains violeurs et du mur, les sorties mysogines et jeter le bébé avec l'eau du bain, et d'ailleurs ce sont essentiellement ses sorties extravagantes et outrancières qui sont rapportées.

Quand Trump souhaite la déclassification des 28 pages du rapport sur le 11 septembre qui détaillent les liens des terroristes avec l'Arabie Saoudite, quand il ramasse les républicains sur le fait que l'administration Bush Jr. aurait peut-etre pu faire plus pour éviter le 11 septembre plutôt que de se concentrer sur une guerre inutile en Irak (que les néo-conservateurs planifiaient depuis des années), quand il souhaite rétablir des relations diplomatiques normales et pacifiques avec la Russie et la Chine, ou le fait qu'il soit opposé à remettre des "boots on the ground" en Syrie, c'est généralement passé sous silence ou omis, les médias préfèrent faire du chiffre avec ses extravagances.

Je rejoins Bence qui dit que Clinton lui fait froid dans le dos: Elle est déterminée à envoyer des boys se faire trouer la peau en Syrie (avec l'objectif de déboulonner Bachar el Assad, puisque chacun sait bien que quand on dégomme un dictateur laïc au Moyen-Orient, comme Khadafi ou Saddam Hussein, ensuite la paix s'installe comme par enchantement...), elle a reçu entre 10 et 25 millions USD de soutiens du gouvernement saoudien à sa campagne (et déclare ne pas avoir de commentaire sur l'histoire des 28 pages).
Donc avec Hillary, c'est plus de la même soupe néo-conservatrice, avec un emballage démocrate. Les déçus de Barrack Obama vont découvrir de nouveaux sommets à leur déception.

Je suis en ce moment en vacances aux US, et j'ai eu la surpris de voir un autocollant "Trump-Sanders" à l'arrière d'une voiture. Donc une partie de la population se fout de voter républicain ou démocrate, du moment qu'ils ont l'impression de voter pour le candidat du changement. Et en cas de confrontation Trump-Clinton, Trump se retrouve en candidat du changement et Clinton, très clairement du côté de l'establishment. C'est ce qui fait, à mon avis, que Trump aura sa chance jusqu'au bout, à tort ou à raison, mais je les comprends tout à fait.

Le pays n'est pas, et de loin, au mieux de sa forme, de plus en plus de gens ont la plus grande peine à nouer les deux bouts même en ayant deux jobs, et de plus en plus de gens souhaitent qu'on essaie quelque chose de nouveau. Même si ça veut dire élire un semi-fou furieux avec une bête morte sur la tête.

[ze_shark]

A broken clock is right twice a day. Et dans le cas de Trump, il faudrait plutôt regarder l'indicateur de la date.

Le fait que tu puisses trouver dans le débit d'absurdités du personnage deux ou trois choses qui te paraissent sensées ne peut pas occulter le 98% restant qui est incohérent, ignorant, démagogue et raciste ou xénophobe. Et même si tu peux t'accommoder de ce monceau d'inepties, il n'est pas possible de nier que Trump est impulsif, irréfléchi, extraordinairement revanchard là où les qualités premières du commandeur en chef de la première puissance militaire mondiale doit être la retenue et la modération.

Il suffirait à Putin de froisser l'égo de Trump pour que celui-ci retourne sa veste et s'embarque sur une escalation confrontationelle. Son discours sur la Russie ne découle que d'une chose: son attrait pour le concept du dictateur providentiel.
Trump n'a pas parlé de normalisation avec la Chine, mais de confrontation avec la Chine. Son pitch à la classe ouvrière blanche est précisément de rapatrier des emplois partis en Chine. Comment, il ne le dit pas. Les solutions, il les tient secrètes. Pour ne pas dévoiler son jeu à l'ennemi. Reste que le seul instrument serait une guerre commerciale. Là encore, si les chinois ne respectent pas son auguste personne, ça pourrait rapidement dégénérer.
La Syrie, c'est une sombre rigolade. Il a promis qu'il a un plan secret pour écraser ISIS, fastoche. Par imposition des mains ?

Une petite compilation des âneries débitées.



Les gens qui souhaitent le voir en poste à la Présidence sont des crétins. Une masse crédule qui adhère à une vision du monde simpliste où la diplomatie se gère comme un épisode de The Apprentice. Les solutions simples sont un dénominateur commun de l'avènement de toutes les dictatures.

Il y a effectivement une classe de gens qui souhaite désespérément un changement. C'est l'amérique du désespoir, de la pauvreté rampante, de l'épidémie des opioïdes. Mais une part significative des gens qui l'ont porté à la primaire se range dans la démographie des angry white men, qui têtent aux mamelles de la sécurité sociale et de Medicare tout en dénonçant le "socialisme d'Obama", et qui se sent libérée par la dénonciation du "politiquement correct", un code pour décomplexer un discours ouvertement xénophone et raciste (les tirades sur les mexicains et les musulmans). Des gens qui s'arrangent très bien d'un discours incohérent, par ignorance ou tout simplement parce qu'il fait écho à un sentiment de rejet viscéral d'une amérique pluriculturelle et ghettoisée. Et ceux-là ne sont pas forcément des laissés pour compte, plutôt des boomers qui ont, somme toute, eu une vie assez facile et ont une retraite confortable.
Le premier groupe place ses espoirs dans Make America Great Again, et n'a pas le temps d'écouter le reste car ils ont 2 jobs et n'écoutent pas Fox à longueur de journée. Le deuxième est animé par sa haine d'Obama, sa haine de Clinton, et son ressentiment d'une amérique qui ne ressemble plus au drive-in des années soixante.

Hillary est problématique. Les casserolles, petites à moyennes mais trop nombreuses, et le simple fait qu'elle est pénible à regarder. Trop hawkish à mon goût également. Ceci ne change rien au fait qu'en termes de connaissance, compétences et expérience, on compare une Trabant en panne avec une Classe S. Clinton a la stature d'une femme d'état, elle sait de quoi elle parle, elle a le tempérament pour être Présidente. J'aurais préféré qqun d'autre, mais à choisir, il me semble impossible d'hésiter une nanoseconde, si tant est qu'on est un minimum informé.

[Jan25]

J'ai l'impression qu'on est d'accord sur l'essentiel... Clinton trop hawkish, et probablement redevable à une palanquée de donateurs, et j'admets parfaitement que de donner les rênes de la plus grande puissance (nucléaire) à un gus comme Trump ressemble un peu à de la roulette russe, même si son indépendance de l'establishment (sa campagne étant auto-financée) lui permet de taper sur des points douloureux que Clinton est incapable d'attaquer, ou trop froidement politicienne pour le faire.

Mais ça me chifonne quand même de mettre tout les soutiens de Trump dans le même panier que les suprémacistes Tea-partysans qui se réjouissent de trouver en Trump un candidat qui semble parfois prêt à aller plus loin que le reste de la brochette de fous furieux (Ted Cruz et Ben Carson en tête) que le GOP a réussi à aligner pour ces primaires...

[ze_shark]

La campagne de Trump n'est plus auto-financée. Celle de la primaire l'était plus ou moins, mais maintenant il enquille les fund raisers à 25K l'assiette. Même si le voulait, beaucoup pensent qu'il n'a pas les moyens de se payer une campagne, sa fortune prétendue étant largement surestimée (peut-être d'un facteur 10), raison pour laquelle il trouve toutes les excuses possibles pour ne pas publier ses déclarations d'impôts.

Je ne crois pas que je mets tous les soutiens de Trump dans le même panier.
Mais il y a un dénominateur commun: être prêt à installer un cinglé caractériel pareil dans le bureau ovale ne peut être qu'informé par une vision du monde très mal informée, ou l'adhésion aveugle et ciblée à ses déclarations (ce ne sont pas des thèrese) anti-hispano-musulmanes.

Le gars défend ses aptitudes à gouverner en disant:

"I have a good brain"


"I know more about ISIS than the generals, believe me"


"Japan and South Korea should have nuclear weapons"


"We will have so much winning"


Pour souscrire à de tels arguments et les souhaiter en charge de la Présidence, je pense qu'il faut être idiot. Ou pour les membres de l'appareil du GOP, suffisamment cynique et égoïste pour se dire que leurs carrières vallent largement le risque Trump.

[bence]

Pas besoin de convaincre davantage, je crois qu'on est tous d'accord sur le fait que Trump est un clown. Là où je suis plus partagé, c'est à quelle point la peste est légitime face au cancer? L'argument principal de Hillary (que tu adoptes aussi) est de ne pas être Trump, mais qu'est-elle? Chose qu'on aimerait bien savoir... Ma crainte est que Hillary Clinton soit une impérialiste américaine de la pire espèce qui va continuer et insister sur le rôle d'une Amérique paternaliste qui se légitime à fourrer son nez dans toutes les affaires du monde au nom de je ne sais quelle hérésie (démocratie ou liberté à la sauce US?) quand son intérêt immédiat le veut. C'est à mon sens l'aspect dont le plus de gens en ont ras le bol en dehors des US.

Plus content que jamais de ne pas être américain, voter serait un choix affreux, je voterais Clinton si j'habitais aux States. En tant qu'observateur externe? Le produit par excellence du rêve Américain qui accède à la maison blanche me ferait presque rire. Ou quand the lollipop licks back

[ze_shark]

Clinton sera plus à droite qu'Obama sur les sujets de politique étrangère, plus hawkish, et je suis d'accord que c'est problématique. Il reste à voir ce qu'elle a retenu de la Lybie et de la Syrie, ces conflits où il n'y a pas de vraies "bonnes solutions", juste des moins pires. Je ne la vois par contre pas impérialiste, pas plus qu'Obama qui a été un multilatéraliste sans faute à mon avis. Je ne comprends pas le concept appliqué aux démocrates. Les derniers impérialistes en poste étaient Bush & Cheney et leur clique.

Par ailleurs, en matière économique, je la vois dans la continuité d'Obama sur tous les sujets, avec un ancrage qu'on définirait "de gauche" (dans le contexte américain, pas européen) en ce qui concerne les programmes sociaux, le salaire minimum, mais bien plus modéré que ce que le tea party a voulu dépeindre, et sans comparaison possible avec Sanders.
Rien de révolutionnaire sur l'ACA. Elle nommera à la Cour Suprême des juges de centre gauche.

La plus grande question est de savoir si elle aura les deux chambres ou pas.
Il est probable que le Sénat va repasser en mains démocrates, les sièges à défendre sont dans des swing states et Trump va les plomber comme les semelles en ciment des scaphandriers de l'Hudson.
La chambre, vraiment difficile à dire. Ca tiendrait de l'exploit du fait du jerry-mandering et de l'abondance des safe districts.

Si elle n'a que le sénat mais pas la chambre, poursuite du blocage institutionnel, sauf pour les nominations (Sénat). Donc aucune loi d'envergure, aucune initiative de substance, moins que le strict minimum. Elle est autant détestée par la droite dure que le black guy.

Donc hors ras de marée au législatif, les enjeux se résument aux responsabilités de Commander In Chief et à la portion congrue qui est de la compétence seule de l'exécutif sans dépendance du financement.

[Mutorcs]

... Je ne comprends pas le concept appliqué aux démocrates. Les derniers impérialistes en poste étaient Bush & Cheney et leur clique...

Oui et l'une des manifestations de cet impérialisme était cette guerre absurde en Irak... Que Clinton soutenait à l'époque. C'est juste un exemple mais à mon avis ça démontre quand même que sa vision n'est pas si éloignée de celle de Bush en matière de politique étrangère.
Quitte à choisir entre un sandwich au caca ou une poire à lavement je pense que je choisirais quand même Clinton... Mais bof quoi

[ze_shark]

Elle a voté comme sénatrice pour la guerre en Irak, soit par calcul, soit par conviction, à la différence de Sanders et Obama.

Il ne faut toutefois pas confondre le conducteur du bus et les passagers du bus.
La guerre en Irak a été voulue par Bush, Cheney, et leur entourage de neocons (Wolfowitz & Co).
Ce qu'on qualifie d'impérialisme se retrouve dans les politiques républicaines, les exemples les plus récents étant Reagan et Bush 43.
J'ai plus de peine à trouver des exemples dans les présidences d'Obama, Bill Clinton ou Jimmy Carter.

Je ne suis pas un fan, mais au fil des métaphores glauques, on cultive les fausses équivalences. Il ne s'agit pas d'une opposition de programmes politiques comme dans toutes les élections récentes (Obama-Romney, Obama-McCain (même si Palin soulevait les mêmes craintes d'inaptitude que Trump), Kerry-Bush, Gore-Bush).

On parle d'un candidat fondamentalement inapte pour la fonction.

[Jan25]

En y réfléchissant.à nouveau, à force de nous sortir des candidats à l'investiture républicaine plus mauvais et/ou cinglés les uns que les autres depuis 8 ans (Sarah Palin, Rick "Oops" Perry, Rick Santorum, Herman Cain, Ted Cruz, Ben Carson et j'en oublie), je me demande si les attentes de l'électorat n'ont pas été complètement érodées, pour en arriver à choisir le moins mauvais... Ou le "petit nouveau"?

PS: Palin était sur le ticket de McCain et non pas candidate à l'investiture il me semble, mais ça n'améliore pas le tableau...

[ze_shark]

Oui, Palin était candidate à la Vice Présidence, mais il n'y a techniquement pas de ticket. La convention pourrait investir un autre VP que celui choisi/préféré par le candidat. Reste que l'argument "une idiote à un battement de coeur de la présidence" avait porté, d'autant plus avec les antécédents de santé de McCain.

Pour le reste, le GOP a les candidats qu'il mérite, ou plutôt que la base hardcore qui façonne les primaires et, pour les cycles précédents (mais pas celui-ci) les donateurs millardaires portent à bout de bras. La pureté idéologique fait des ravages, des candidats modérés n'ont quasiment plus aucune chance. A force de nourrir les extrémismes, le parti et son organe de presse s'est constitué une base de tablards.

Reste que Romney était incomparablement plus qualifié et compétent que le Donald. Tout comme Bush 43. Ca ne place pas la barre bien haut.

[bence]

Tout l'avantage de l'échange de sentiments avec qqn qui connait mieux le sujet, ca ouvre des pistes de réflexions... Merci pour ces résumés, vais me pencher sur l'affaire!

[ze_shark]

Primaire dans 6 états mardi soir, dont la Californie, capitale fédérale du parti démocrate.
Californie qui tombe au rang des républiques bananières en termes de dépouillement. Ils n'en sont encore qu'à 73% ...
Clinton est loin devant, c'est beaucoup moins serré que prédit par les sondages. Les djeuns n'ont pas voté, comme d'hab. Sanders est devant dans les zones rurales du nord et de l'extrème est, Clinton a rafflé tout le reste.

Victoire 63/36 dans le New Jersey pour Clinton également.
Sanders a gagné le Montana et le North Dakota.

Donc Hillary est la nominée présumée, mais Sanders n'a pas (encore) concédé. Les surrogates d'Hillary font des efforts démesurés pour appaiser le climat et ne pas froisser les électeurs pro Sanders. Et Obama a invité Sanders à la maison blanche. Branle-bas de combat pour rassembler.

La dernière controverse de Trump est d'avoir attaqué ouvertement le juge fédéral qui préside au procès de Trump University (une arnaque qualifiée). Comme le juge en question, né dans l'Indiana, est d'ascendance Mexicaine, il ne peut qu'être contre Trump et partial. Si l'on devait exclure des bancs les juges appartenant à un groupe qu'il a insulté à un moment ou un autre, il ne resterait plus que le lynchage populaire, comme au bon vieux temps.

[ze_shark]

Hillary, première femme à (bientôt) recevoir l'investiture d'un parti majeur pour l'élection à la présidence de la plus grande démocratie du monde.

Et Trump qui se fait remettre en place par les leaders du sénat et de la chambre:

Mitch Mc Connell (sénat)


Paul Ryan (chambre, 3ème fonction de l'état)


Tous deux républicains. Désaveu mais ils n'ont pas encore été jusqu'à dire qu'ils ne voteront pas pour lui. Au moins le langage est clair, chose bienvenue pour un parti qui s'est trop souvent refusé à condamner clairement ses extrêmes les plus puants.

Il est fait grand cas des tweets de Trump (car souvent si controversés, si "politiquement incorrects"), mais comparez le nombre de réactions. Il y a un facteur 10. Démographie, pour sûr, mais seulement ?

[Jan25]

Petit exposé de John Oliver sur le système des primaires / caucuses et ses limites, parfois criantes selon les Etats...

[ze_shark]

On aurait pu craindre qu'une attaque terroriste provoquerait un virage à droite du pays.
A observer les réactions suite à Orlando, j'ai moins de craintes. Hillary a eu une réaction construite, circonstanciée, spécifique, digne d'un chef d'état.

Trump a déconné encore plus que d'habitude, allant jusqu'à insinuer sur Fox & Friends que Obama est dans le coup. Pour être précis, la construction est que si Barack Hussein Obama se refuse de dénoncer le terrorisme islamiste extrémiste à chaque discours, c'est parce qu'il est de mèche, sympathisant. Tout ce ramassis de théories de frange qu'on entend depuis que le black guy est à la maison blanche. Et de répéter son appel à un bannissement de l'immigration musulmane, raisonnement d'une logique singulière quand on sait que le tueur d'Orlando est né dans le Queens. Comme Trump.

Nouvelle distanciation de Paul Ryan.

Les sondages commencent à se crystalliser. Clinton monte, Trump descend.